Chasse: Un facteur d’équilibre de la nature ?
Défendue par ses pratiquants, la chasse est décriée par des défenseurs de plus en plus irréductibles de la nature. Cette tendance générale dans le monde trouve en Tunisie aussi son écho. Il faut dire que les autorités publiques ont toujours inscrit la chasse dans un grand principe de base fondamental. «La chasse vise l’équilibre entre les animaux sauvages, le couvert végétal et les activités humaines, dispose l’article 165 (nouveau) du Code forestier. A cet effet, les chasseurs sont tenus d’exercer cette activité avec rationalité et responsabilité et de conserver l’équilibre et la durabilité des écosystèmes.»
«Tout chasseur doit respecter le milieu naturel. Il doit s’abstenir de jeter les douilles vides ainsi que tout autre objet utilisé lors de la chasse », ne cesse de rappeler le ministre de l’Agriculture dans chaque arrêté de chasse. De nombreuses interdictions sont mentionnées, assorties de sanctions allant de 500 à 5 000 D et de 16 jours à 6 mois de prison, qui peuvent doubler en cas de récidive, et suspendre le permis de chasse, provisoirement ou définitivement.»
Les clubs de chasse, associations spécialisées et autres composantes de la société civile s’y engagent. Pas assez. Une véritable éducation à la chasse s’impose. Tout comme la vigilance citoyenne.
Une plateforme anti-braconnage
L’Association des amis des oiseaux, animée par l’inlassable Hichem Azafzaf, s’y inscrit et ne baisse pas les bras. En collaboration avec la Direction générale des forêts, elle a mis en place une plateforme anti-braconnage. Observatoire citoyen des infractions à l’encontre des oiseaux sauvages en Tunisie, cette plateforme mise en ligne sur internet (http://www.stop-braconnage.com/) permet à tout un chacun de signaler un acte malveillant. Il sera immédiatement transmis à la Brigade des forêts qui intervient très rapidement.
Les cas ne manquent, malheureusement, pas, rapporte à Leaders Azafzaf. Le dimanche 6 janvier 2019, nos équipes ont assuré le recensement des oiseaux d’eau présents dans les zones humides du Cap Bon. Durant la visite du barrage Sidi-Abdelmonem, une zone humide d’importance internationale (site Ramsar) depuis 2012 et fermée à la chasse de par son importance pour les espèces menacées telles que l’érismature à tête blanche (EN), le fuligule millouin (VU) et la sarcelle marbrée (VU), nos observateurs sont tombés sur 8 chasseurs tirant sur des espèces protégées dans un site… protégé.
La mobilisation immédiate de la Brigade régionale de Nabeul et son intervention en un temps record ont abouti à l’interpellation de 3 des 8 infracteurs et à la confiscation des oiseaux d’eau abattus illégalement et de 3 fusils de chasse avec leurs munitions. Lors du procès, notre association, appuyée par son avocat, s’est portée en partie civile. Cette démarche a porté ses fruits en mai 2019, avec les condamnations suivantes en première instance :
• Un mois de prison avec sursis à l’encontre de chaque braconnier,
• 1 500 D d’amende pour chacun des braconniers,
• Le retrait du permis de chasse pour une durée de six mois,
• Le retrait du permis de port d’armes pour une durée de deux mois,
• La reconnaissance de l’AAO/BirdLife en Tunisie comme partie civile,
• Une amende de 500 D au bénéfice de l’AAO/BirdLife en Tunisie.
Les condamnations peuvent sembler loin de nos attentes, mais cela reste une réussite pour l’implication de la société civile dans la lutte contre le braconnage et l’application du cadre légal relatif à la conservation de la biodiversité en Tunisie.
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