News - 19.10.2020

Mechichi en mode apaisement et prise de marques, mais...

Mechichi en mode apaisement et prise de marques, mais...

Emergence, prudente. Six semaines depuis son installation à la Kasbah, Hichem Mechichi continue à avancer entre les clous sur un champ redoutablement miné. S’adressant dimanche soir aux Tunisiens dans un nouvel exercice de création de liens, il a voulu se montrer quelque part soulagé. Il laisse transparaître un sentiment de délivrance, celui d’avoir bouclé son budget, progressé dans le désamorçage de la crise d’El Kamour, et remis sur les rails le dispositif de lutte contre le Covid-19 dans sa deuxième vague et ses suites. A quel prix ? Une assurance en apparence qui cache en fait l’endurance de tant d’épreuves qui risquent d’être difficilement surmontables.

Une marque de fabrique

Hichem Mechichi a surtout cherché à énoncer les principes que s’impose son gouvernement. Continuité de l’Etat : honorer les engagements pris par ses prédécesseurs, comme vis-à-vis de l’UGTT en liquidant la troisième tranche de l’augmentation salariale, régler les arriérés dus auprès des fournisseurs, tenir les promesses données.

Transparence et redevabilité : la sincérité des comptes de la nation. Sur antenne ou dans les textes soumis au parlement, il n’hésite pas à s’y mettre. Afficher le taux effectif du déficit budgétaire qui explose à 14%, reconnaître un taux d’endettement qui passera à 92% du PIB, mentionner que le service de la dette (15 milliards de dinars) représentera dix fois plus les allocations budgétaires dédiés au développement qui ne sont que de 1.5 milliard de dinars sur les déjà maigres 7 milliards de dinars de ce qui est devenu le Titre II du budget de l’Etat, autant de signaux préoccupants que Mechichi ne cache pas aux Tunisiens.

Humilité personnelle et recherche d’alliances nécessaires pour la conduite des affaires de l’Etat. Autant il est fier d’appartenir à la haute administration, autant le chef du gouvernement ne s’avoue pas ignare en politique, en toute humilité. Cette modestie, il veut en faire une marque de fabrique pour l’ensemble de son équipe où le personnel doit s’effacer derrière l’objectif commun à atteindre. Mechichi sait parfaitement que sa position est fragile et qu’il a besoin du soutien de tous.

Ne froisser aucune partie, ne fâcher personne

Avec le président de la République, il entend entretenir des relations personnelles mutuellement respectueuses, et constitutionnellement, républicaines.

De l’UGTT, maintenant que les engagements salariaux sont tenus, Mechichi espère une trêve sociale.

De l’ARP, le vote de la loi de finance complémentaire pour 2020 et de celle pour 2021 ainsi que de la loi de relance économique, est capital.

Ne froisser aucune partie, ne fâcher personne, sans concessions cependant. Hichem Mechichi en fait son doxa. A trop chercher le consensus, il risque d’apparaître lénifiant, à très court terme.

Projet de loi sur l’audio-visuel transformant le régime d’autorisation en celui de déclaration : il s’en tient au principe de la liberté des médias.

Coup fatal porté par la FTF au club sportif Hilal Echebba : protestation légitime, mais de ne doit pas être excessive et violente. Les voies de recours sont ouvertes...

Indomptable Covid-19

Reste l’épineuse crise sanitaire qui se complique de plus en plus. Le chef du gouvernement connaît les rouages de la Santé où il avait officié, et garde ses réflexes de ministre de l’Intérieur. Au coup par coup, il renfloue la Pharmacie centrale pour lui permettre de se réapprovisionner, augmente le nombre des lits équipés, plafonne les frais de traitement dans des cliniques privées et compte prendre en charge certains patients qui ne trouvent pas de place dans les hôpitaux, autorise 1300 nouveaux recrutements de blouses blanches et se déploie ... Dans cette obligation de moyens, il ne saura jamais faire plus.

Hichem Mechichi livre trois combats cruciaux à la fois : le terrorisme, la crise sanitaire et la crise économique, avec ses corollaires les faillites et les licenciements, ainsi que l’aggravation de la précarité. S’il n’a pas les ressources financières de sa politique, il affiche une grande détermination à réussir. Sa mission ne sera guère facile. Aligner les Tunisiens autour d’un grand dessein national exige le concours de tous.

 

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
0 Commentaires
X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.