Rapport Annuel de la BCT pour 2009 : poursuite des réformes structurelles pour renforcer la capacité de résilience de l'économie nationale
Le 51 ème rapport annuel de la Banque Centrale de Tunisie pour 2009 a été remis aujourd'hui au Président de la République par le gouverneur de la BCT. Ce rapport, précédé de la lettre introductive du gouverneur, porte sur l'évolution de la conjoncture sur la scène nationale et mondiale de même qu'il dresse le bilan des résultats enregistrés au cours de 2009. Il en ressort notamment que la résilience acquise par l'économie tunisienne au cours des deux dernières décennies ainsi que la poursuite des réformes structurelles ont permis d'atténuer au cours de l'année écoulée, les effets de la crise par la mise en oeuvre des mesures adéquates. Des résultats probants ont été notamment réalisés au niveau de la poursuite de la croissance et de la maîtrise des équilibres financiers.
Cependant, les IDE ont baissé de 33% entrainant la contraction des offres d'emplois (création de 57000 emplois contre 70000, une année auparavant). D'où la nécessité de consolider la compétitivité de l'économie et d'affermir le rythme des exportations à travers le développement des secteurs prometteurs et innovants à haut contenu technologique. La contribution du secteur bancaire à cet effort a été marquée également par la poursuite de la maîtrise des risques tout en continuant à fournir les crédits destinés au financement adapté à l'activité économique. Pour conférer plus d'efficience au secteur bancaire, notamment au niveau du système de financement et de l'économie nationale, conformément aux exigences de la prochaine étape et aux capacités du secteur à assimiler le programme présidentiel pour le prochain quinquennat, une stratégie d action qui s'intègre dans un processus cohérent de réformes s'appuyant sur une lecture objective du paysage bancaire national et des mutations mondiales, a été mise en place. Elle repose sur quatre piliers. Elle devra être couronnée, en s'appuyant sur la démarche graduelle et progressive qui a toujours caractérisé l'approche tunisienne dans la mise en oeuvre des réformes économiques et financières, par l'instauration de la convertibilité totale du dinar à l'horizon de 2014.
On lira ci-après le texte intégral de la lettre introductive au rapport du Gouverneur de la BCT:
   
Monsieur le Président,
L'année 2009 a été marquée par  l'accentuation des tensions engendrées par la crise internationale sur  l'économie mondiale, provoquant ainsi une nette contraction de la  croissance dans le monde.
  
  A cet égard, les actions menées par les gouvernements et les autorités  monétaires dans les principaux pays industrialisés, dans le cadre de  vastes programmes de sauvetage financier et de relance économique, ont  permis dès la fin de 2009 d'alléger la pression sur le système financier  et de redynamiser quelque peu l'activité économique et les marchés  financiers.
  
  Néanmoins, le volume de ces interventions a pesé lourdement sur les  finances publiques notamment dans les pays européens, ce qui a amené  plusieurs de ces pays à prendre des mesures drastiques visant à limiter  le déficit budgétaire et l'endettement public, mesures qui pourraient  menacer, à court terme, la reprise fragile que l'économie de la région  vient à peine d'amorcer.
  
  Sur le plan national et en dépit de la récession des économies des pays  de l'Union Européenne, les retombées de la crise financière mondiale sur  l'économie tunisienne demeurent limitées à certains secteurs  exportateurs et des services, alors que le secteur bancaire et financier  a poursuivi son activité à un rythme soutenu et a maintenu, dans  l'ensemble, de bonnes performances.
  
  En effet, la résilience acquise par l'économie nationale durant les deux  dernières décennies ainsi que la poursuite des réformes structurelles,  notamment la maîtrise de l'endettement et la consolidation de la  situation financière du secteur bancaire, ont permis de dégager une  marge d'action à même de circonscrire les effets de la crise par la mise  en oeuvre, en temps opportun, des mesures adéquates pour relancer  l'économie et aider les entreprises à en surmonter les effets. Ainsi,  des résultats satisfaisants ont été réalisés, surtout au niveau de la  croissance et de la sauvegarde des équilibres financiers tant intérieurs  qu'extérieurs.
  
  Monsieur le Président,
  
  Dès les derniers mois de 2008, les pays industrialisés sont entrés dans  une phase de récession, le PIB de ces pays enregistrant en 2009 une  baisse de 3,2% après une hausse ne dépassant pas 0,5% en 2008, suite à  la propagation de la crise financière à la sphère réelle et son impact  sur les exportations de biens et services, les investissements des  entreprises et la consommation des ménages.
  
  De même, les pays émergents et en développement ont été affectés par la  crise financière mondiale, à travers notamment la contraction de la  demande extérieure, la chute des prix des produits de base exportés et  la baisse des investissements étrangers, ce qui a engendré le repli de  leur niveau de croissance économique à une moyenne de 2,5% en 2009,  contre 6,1% une année auparavant. La Chine a été parmi les rares pays à  avoir connu une forte croissance, de 9,1%, quoiqu en deçà des niveaux  des années précédentes.
  
  Au total, la croissance mondiale a accusé une baisse pour se situer à -0,6% contre un accroissement de 3% au cours de 2008.
  
  Sur un autre plan, la contraction de la demande internationale,  notamment au cours des premiers mois de 2009, a provoqué un repli de  10,7% du volume du commerce mondial de biens et services et la baisse  des prix des produits de base par rapport à leurs niveaux records  atteints en 2008, avant de connaître, de nouveau, une orientation à la  hausse, à partir de la deuxième moitié de 2009. En conséquence et dans  l'ensemble, le niveau de l'inflation dans le monde a nettement reculé,  pour se situer à 2,2% contre 5,9% en 2008.
  
  De leur côté, les flux d'investissements étrangers ont accusé en 2009  une baisse d'environ 40% qui a touché, aussi bien les pays développés  que ceux émergents et en développement. S'agissant des marchés  financiers et suite au repli, au début du mois de mars, des bourses à  leurs plus bas niveaux de l'année 2009, les indices des principales  bourses mondiales se sont orientés globalement vers la hausse grâce au  regain de confiance des investisseurs, tout en demeurant caractérisées  par de fortes volatilités.
  
  Parallèlement, les marchés de change ont connu au cours de 2009 une  évolution instable, marquée au début de l'année par la dépréciation des  principales devises par rapport au dollar américain, du fait de son  statut de monnaie refuge. Mais avec la baisse de l'acuité des tensions  sur les marchés financiers et l'apparition de certains indices  favorables relatifs à l'activité économique mondiale, le dollar s'est  replié, notamment face à l'euro.
  
  En effet, l'ensemble des actions entreprises, pour faire face à la  crise, notamment dans les pays développés ont permis de soutenir la  demande, de rétablir la confiance des opérateurs économiques et de  contenir le risque systémique des marchés financiers internationaux.  Aussi, une reprise progressive de l'activité économique dans les pays  industrialisés, a-t-elle été amorcée à partir du troisième trimestre de  2009, même si le chômage a atteint un niveau record pour représenter 10%  de la population active dans la plupart des pays industrialisés et  toucher 212 millions de personnes dans le monde.
  
  Par ailleurs, l'adoption des programmes de relance budgétaire s'est  accompagnée de politiques monétaires expansionnistes, notamment dans les  pays industrialisés qui, après avoir réduit leurs taux d'intérêt  directeurs à des niveaux historiquement bas, ont recouru à des mesures  non conventionnelles afin de soutenir leurs économies.
  
  Ainsi, la Réserve fédérale américaine (FED) a gardé son taux d'intérêt  directeur inchangé, dans un intervalle de 0% à 0,25% et ce, depuis la  mi-décembre 2008 et a poursuivi, en 2009, la mise en oeuvre de mesures  non conventionnelles, dont notamment le relèvement de la limite d achat  des titres adossés à des créances hypothécaires.
  
  De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) a continué en 2009  l'assouplissement de sa politique monétaire en réduisant, à trois  reprises, son taux d'intérêt directeur pour le ramener à 1% à partir du  mois de mai, outre la fourniture des liquidités nécessaires aux banques  pour leur permettre de financer l'économie.
  
  Par ailleurs et en appui aux programmes de sauvetage financier et de  relance économique, décidés par les gouvernements et les banques  centrales, la communauté internationale a renforcé ses efforts afin de  stabiliser  l'économie mondiale, d'éviter l'effondrement du système  financier et d'atténuer l'impact de la crise. C'est dans ce cadre que le  G20 s'est engagé à mobiliser les fonds nécessaires pour soutenir  l'économie mondiale notamment en consolidant les ressources d'emprunt du  FMI et des banques de développement régionales. A cet effet, le FMI a  mis en place une allocation de droits de tirage spéciaux (DTS)  équivalente à 250 milliards de dollars pour renforcer les réserves de  change des Etats membres, outre la révision de ses mécanismes de prêt  afin de mieux les adapter aux besoins de ces Etats.
  
  Grâce aux diverses mesures prises par les gouvernements, notamment dans  les pays industrialisés, à travers les plans de sauvetage financier et  de relance économique, l'économie mondiale a amorcé, à partir du  troisième trimestre de 2009, une reprise progressive. Néanmoins,  l'augmentation des dépenses publiques, conjuguée à la baisse des  recettes fiscales en relation avec le repli de la croissance a provoqué  un élargissement sensible du déficit budgétaire dans les pays  industrialisés, pour atteindre en moyenne 8,7% du PIB en 2009 contre  3,6% une année auparavant, avec des niveaux plus élevés aux Etats-Unis  d'Amérique, au Japon et dans la Zone Euro. Ce dérapage a été parmi les  principales causes ayant abouti au déclenchement de la crise de  l'endettement public dans un nombre de pays de la Zone Euro.
  
  La crise, partie du secteur hypothécaire pour se transformer en une  crise financière et économique puis devenir, dans sa phase actuelle, une  crise de dettes souveraines, atteste que la stabilité de l'économie  mondiale ne peut se réaliser durablement dans un contexte de  déséquilibres structurels profonds que reflète la présence de pôles  économiques se référant à deux modèles de croissance différents, le  premier prenant appui sur la consommation et l'endettement excessif et  le second se basant sur l'exportation et la constitution d'importantes  réserves internationales. Par ailleurs, ce déséquilibre est nourri par  le décalage sans cesse grandissant entre la sphère financière et l  économie réelle, le développement sans limites des produits financiers  dérivés et le non respect des règles de transparence et de gestion  prudentielle.
  
  Bien que les orientations adoptées par la communauté internationale,  notamment dans le cadre du G20, inhérentes à la réforme de la  gouvernance de l'économie mondiale, à la maîtrise des marchés et des  produits financiers et la consolidation de la solidité du secteur  bancaire, représentent un apport considérable dans la prévention des  crises semblables, l'efficacité de ces mesures demeure tributaire de la  capacité de la communauté internationale à parvenir à un consensus  indispensable autour desdites mesures et à les mettre effectivement en  uvre. En fait, la rupture définitive avec les causes de cette crise  nécessite, impérativement, la mise en place d'un modèle de croissance  mondiale plus équilibré, ainsi que l'engagement des différents  intervenants dans le secteur financier à se conformer à la déontologie  de la profession et à respecter les règles de transparence des  transactions financières.
  
  Prenant conscience de la gravité de la question, dès le déclenchement de la crise, la Tunisie a déjà préconisé en novembre 2008 la mise en place d un code de conduite, sous l'égide des  Nations Unies, afin de renforcer l'encadrement des marchés financiers  mondiaux, proposition dont les développements au cours des dernières  années ont confirmé la pertinence.
  
  Monsieur le Président,
  
  Dans cette conjoncture particulièrement difficile et en dépit de la  récession qui a secoué le monde, l'économie tunisienne a pu réaliser des  résultats satisfaisants au niveau de la poursuite de la croissance et  de la maîtrise des équilibres financiers et ce, malgré la contraction de  la demande extérieure émanant des principaux pays partenaires de la  Tunisie, notamment ceux de la Zone Euro, qui a entraîné un repli  d'activité pour certains secteurs orientés à l'exportation, à l'instar  des industries manufacturières, du tourisme, du transport aérien et  maritime ainsi que des investissements étrangers.
  
  En effet, la croissance économique s'est située en 2009 à 3,1%, à la  faveur des résultats positifs de la saison agricole et la bonne tenue de  la demande intérieure, en particulier la consommation privée et les  investissements publics, alors que la contribution de la demande  extérieure dans la croissance a été négative, suite au repli des  exportations et des importations de biens et services de 6,9% et 8,2%  respectivement par rapport à l année 2008. S'agissant des  investissements, la formation brute de capital fixe (FBCF) s'est  inscrite, au cours de 2009, en accroissement de 8,1% aux prix courants,  pour atteindre environ 14.052 MDT, ce qui correspond à un taux  d'investissement de 23,9% du PIB contre 23,5% une année auparavant. En  effet, l'accélération du rythme des investissements publics a permis de  compenser la décélération des investissements privés, dont la part dans  la FBCF estrevenue, d'une année à l'autre, de 61,5% à 57,4%.
  
  En outre, l'épargne nationale a augmenté de 5,8% en 2009 pour atteindre  12.941 MDT, ce qui a permis de couvrir 89% des besoins de financement  des investissements contre 85% une année auparavant.
  
  Pour leur part, les investissements directs étrangers (IDE) ont accusé  en 2009 un repli de 33%, pour se situer à 2.279 MDT. Cette baisse a  touché les secteurs de l énergie, de l'immobilier et du tourisme, alors  que les investissements dans les industries manufacturières et le  secteur des communications ont continué à progresser.
  
  Par ailleurs, les créations nettes d'emplois ont été affectées par les  difficultés conjoncturelles que les entreprises exportatrices ont  rencontrées, suite à la contraction de la demande extérieure. Ces  créations sont revenues à 57 mille postes en 2009 contre 70 mille l  année précédente, ce qui a provoqué une augmentation du taux de chômage  pour atteindre 13,3% contre 12,4% en 2008. Les mesures prises, dès la  fin de 2008, pour relancer l économie, ont permis de préserver un nombre  important de postes d emploi menacés et d'éviter l'accroissement du  taux de chômage à un rythme plus accéléré.
  
  Pour ce qui est des finances publiques, les recettes se sont ressenties  de l'impact de la décélération de la croissance économique et de la  régression des exportations, alors que les dépenses du budget de l'Etat  ont augmenté, en rapport notamment avec la consolidation des investissements dans les domaines de  l'infrastructure de base et des équipements collectifs, ainsi qu en  matière d appui aux investissements privés pour relancer l'activité  économique. 
  
  Ainsi, le déficit budgétaire s est situé à 3% du PIB en 2009 et le taux  de la dette publique est revenu, d une année à l'autre, de 43,3% à 42,9%  du PIB.
  
  Sur le plan des paiements extérieurs, le déficit courant est revenu à  2,8% du PIB, tandis que la balance générale des paiements, compte tenu  des entrées nettes de capitaux, a dégagé un excédent de 2.204 MDT, ce  qui a porté le niveau des avoirs nets en devises au terme de l'année  2009 à 13.353 MDT ou l'équivalent de 186 jours d'importation contre  11.656 MDT et 139 jours à la fin de l'année précédente.
  
  Au niveau de l évolution des prix, le taux d'inflation a diminué pour  s'établir à 3,7% en 2009 contre 5% l'année précédente et ce, grâce à  l'adoption d'une politique monétaire adéquate et la décélération de la  hausse des prix des produits alimentaires et de l'énergie, en rapport  avec le fléchissement des cours mondiaux, outre la poursuite de la  subvention des prix des produits de consommation de base et des produits  pétroliers.
  
  Dans l'ensemble et bien que ces résultats représentent une performance  appréciable au vu de la conjoncture mondiale difficile qu a connue  l'année 2009, la persistance de la volatilité des marchés financiers et  des incertitudes quant aux perspectives de l'économie mondiale requiert  un surcroît de vigilance et d efforts afin de sauvegarder la stabilité  des équilibres financiers et rétablir un rythme de croissance à même de  garantir la résorption d un plus grand nombre de demandes d'emploi.
  
  Ceci exige notamment une intensification des efforts en vue de  consolider la compétitivité de l'économie, en hissant la productivité à  des niveaux plus élevés et en affermissant le rythme de l'exportation et  ce, à travers le développement des secteurs prometteurs et innovants, à  haut contenu technologique, capables de conquérir de nouveaux marchés  extérieurs. A cet égard, il s avère impératif d accélérer la création  des pôles technologiques et de développement programmés et de renforcer l  infrastructure technologique pour attirer davantage d'investissements  étrangers surtout dans les régions. De même, il importe de poursuivre  l'organisation des conférences d'investissement, en mettant l'accent sur  celles spécialisées dans les secteurs prometteurs et innovants, avec la  participation de toutes les parties, à savoir les structures d appui,  les institutions de financement et les pôles technologiques.
  
  Monsieur le Président,
Alors que les marchés financiers mondiaux ont connu en 2009 un  tarissement des ressources et une régression sensible du financement de  l'activité économique en raison du repli des transactions entre les  banques, le marché monétaire en Tunisie a été marqué par la poursuite de  l'excédent de liquidité bancaire, en rapport notamment avec  l'accroissement des réserves en devises. La BCT a continué à prendre les  mesures nécessaires à la régulation de la liquidité bancaire, à fournir  le financement approprié à l'activité économique et à accompagner les  mesures conjoncturelles de soutien aux entreprises exportatrices. A cet  effet et compte tenu de la détente des tensions inflationnistes, la  Banque centrale a procédé, au début de 2009, à la révision à la baisse  de son taux d intérêt directeur, pour le ramener de 5,25% à 4,50%, après  avoir réduit le taux de la réserve obligatoire en début d'année. De  même, la BCT a introduit de nouveaux instruments dans le cadre de la  conduite de sa politique monétaire, afin de permettre aux banques de  mieux gérer leur trésorerie, tant pour satisfaire leurs besoins en  liquidité que pour placer leurs excédents auprès de l'Institut d  émission. Il s'agit des facilités permanentes de dépôt et de prêt à 24  heures, effectuées à l'initiative des banques.
  
  Pour sa part, l'activité des banques a connu une évolution positive et  les indicateurs financiers du secteur se sont améliorés, le produit net  bancaire enregistrant une hausse de 7,2%.
  
  Pour ce qui est de la qualité du portefeuille des crédits, l'année 2009 a  été caractérisée par la poursuite des efforts des banques visant la  maîtrise des risques et le traitement dynamique des créances classées,  dont la part dans le total des engagements est revenue de 15,5% au terme  de 2008 à 13,2% à la fin de 2009. Le ratio de couverture des créances  classées par les provisions s est également inscrit en amélioration de  1,5 point de pourcentage pour s'élever à 58,3% au terme de 2009 et ce,  suite à la baisse de l'encours des créances classées et la consolidation  des efforts des banques en matière de constitution des provisions.
  
  Parallèlement, le système financier a continué à oeuvrer en vue de  fournir les financements adaptés à l'activité économique, ce qui a porté  le total de l'encours des crédits à 36,3 milliards de dinars, au terme  de 2009, en augmentation de 10,6%. L'accroissement des crédits a  concerné les différents secteurs économiques, et a couvert aussi bien  l'exploitation que l'investissement. En effet, le nombre d'approbations  des crédits d'investissement s'est élevé à 2.533 pour une enveloppe  globale de 4.340 MDT, soit une augmentation de 44% du montant, par  rapport à 2008. A cet égard, les conférences régionales sur  l'investissement et le financement qui ont apporté, au cours des  dernières années, un appui au dynamisme économique et à la création des  projets dans les différentes régions du pays se sont poursuivies durant l  année 2009, avec une participation massive des banques, ce qui a abouti  à l'approbation de plus de 500 projets pour un coût global  d'investissement de 478 MDT et un potentiel de création d'emplois de  11.400 postes, dont 301 projets déjà entrés en phase de production ou en  cours de réalisation.
  
  Dans ce contexte, nul doute que la restructuration décidée du pôle de  financement des petites et moyennes entreprises donnera un nouvel élan à  l'investissement, par la création des synergies entre les différents  intervenants, l'objectif recherché étant la mise en place d'un cadre  global et simplifié pour consolider l'efficience du système de  financement et de création des petits et moyens projets et ce, en  développant les éléments d'interaction entre les parties concernées au  niveau de l'évaluation des projets, de la décision du financement, du  suivi de la réalisation des investissements, de l'amélioration de la  qualité des services fournis aux promoteurs et de l'utilisation optimale  des ressources financières, humaines et logistiques.
  
  Monsieur le Président,
En dépit de la conjoncture économique mondiale difficile, marquée par la  récession engendrée par la crise, l'économie nationale a pu réaliser  des résultats satisfaisants, à la faveur de la diversification des  sources de la croissance et la mise en oeuvre de politiques économiques,  financières et monétaires dont l'efficience a été confirmée par les  différents rapports des organismes mondiaux. Cependant, la rapidité et  la profondeur des mutations enregistrées aux plans intérieur et  extérieur, les enjeux de la mondialisation, la multiplication des crises  financières et l'accroissement du rôle des économies émergentes  constituent désormais autant de défis majeurs que l'économie nationale  se doit de relever afin de poursuivre avec assurance le processus de  développement.
  
  Au vu des orientations et choix stratégiques que vous avez arrêtés dans  votre programme «Ensemble relevons les défis», la Tunisie entre dans une  phase décisive de son processus de développement. Ce programme offre,  en effet, une nouvelle opportunité pour relancer le processus de  croissance, eu égard aux objectifs ambitieux, aussi bien quantitatifs  que qualitatifs fixés qui tiennent compte de l'ensemble des défis que  pose le contexte actuel. Ce programme, faut-il le souligner, s appuie  sur une lecture avisée des mutations économiques aux plans national et  international, caractérisées par l'accentuation de la concurrence, le  recours accru au progrès technologique et la maîtrise de la technologie  en tant que vecteur essentiel des systèmes de production et de création  des richesses.
  
  Issues de ce programme, les orientations du plan quinquennal de  développement 2010-2014 se réfèrent à la restructuration de l'économie à  travers le renforcement de son contenu technologique et de sa  compétitivité, l'amélioration de  la productivité et la consolidation de  son intégration dans l'économie mondiale.
  
  Afin de réaliser ces objectifs, le programme a mis l'accent sur  l'accélération du rythme des réformes afférentes à l'impulsion de l'investissement dont notamment, l'adoption d'une nouvelle vision pour  encourager la création des entreprises, se basant essentiellement sur la  mise en place d'un système performant d incitations qui encourage  l'investissement dans les secteurs innovants et oriente les entreprises  vers les nouvelles technologies.
  
  Par ailleurs et eu égard au rôle central qu occupe le secteur bancaire  dans le système de financement et dans l'économie nationale, votre  programme pour le prochain quinquennat comporte une stratégie d action  qui s intègre dans un processus cohérent de réformes s appuyant sur une lecture objective  du paysage bancaire national et des mutations mondiales d une part, et  adopte la progressivité dans la réalisation de ses objectifs,  conformément aux exigences de la prochaine étape et aux capacités du  secteur à assimiler le rythme et la diversité des réformes, d autre  part.
  
  C'est ainsi que le programme s articule dans son douzième point sur  quatre piliers complémentaires, constituant une plateforme de base  visant à mettre en uvre un système bancaire plus dynamique, au service  du développement et capable d assurer la mutation de la place financière  tunisienne en tant que destination prometteuse, attractive pour les  investissements étrangers.
  
  Le premier pilier a trait au renforcement de la solidité financière du  secteur bancaire et la modernisation des règles de gestion le régissant,  pour les conformer aux standards internationaux. En effet, la dernière  crise financière mondiale a constitué un test édifiant pour le secteur  bancaire en Tunisie, prouvant sa capacité à absorber les chocs  extérieurs, à la faveur de son potentiel financier et opérationnel, ce  qui lui a permis de poursuivre ses efforts dans le financement de  l'investissement et la croissance.
  
  Le deuxième pilier se rapporte à la poursuite de l'amélioration de la  qualité des services bancaires pour les hisser au niveau des normes  internationales, de manière à préparer les conditions requises pour  soutenir la compétitivité de banques, dans le cadre d'une plus grande  ouverture sur les places financières extérieures. A cet effet, des  efforts seront déployés en vue d impulser davantage la bancarisation de  l'économie et faciliter l'accès aux services bancaires. 
  
  De même, le secteur sera appelé à poursuivre la consolidation de son  système d'accompagnement de la clientèle, moyennant l'amélioration des  modalités d'accueil et un traitement personnalisé de ses besoins dans un  cadre normalisé à la faveur des capacités nouvelles que procurent les  technologies modernes de communication avec le client.
  
  Dans le cadre du renforcement du système juridique et réglementaire  régissant les relations des banques avec leurs clients afin de lui  conférer une meilleure efficience et eu égard à la nécessité engendrée  par la dernière crise financière pour les places financières et  bancaires de moraliser leurs pratiques et comportements, le secteur  adoptera un code de déontologie sous forme d une charte de la qualité et  de l'éthique qui constituera une référence encadrant et orientant les  pratiques quotidiennes dans le traitement des opérations bancaires ; ce  qui ne manquera pas de consolider la confiance des clients qu ils soient  des individus ou des entreprises.
  
  Le troisième pilier se rapporte à la restructuration du secteur  bancaire, dans le sens de l'adoption d une nouvelle structure des  banques publiques, à même de répondre aux exigences accrues des secteurs  stratégiques et des grands projets d'investissements, d'exploiter les  synergies entre ces banques, de réaliser des économies d'échelle et de  mettre en place un système de gouvernance plus fiable, fondé sur le  suivi des performances de ces banques et le développement de la  complémentarité entre-elles. Parallèlement, le pôle financier «Al  Moubadara» qui sera créé se consacrera au financement des petites et  moyennes entreprises, à travers une meilleure coordination entre les  différents mécanismes de financement de ce type d'entreprises.
  
  Quant au quatrième pilier, aboutissement naturel et couronnement des  réformes économiques et financières continues depuis deux décennies, il  concerne l instauration de la convertibilité totale du dinar à l horizon  de 2014. En s'appuyant, en effet, sur la démarche graduelle et  progressive qui a toujours caractérisé l'approche tunisienne dans la  mise en oeuvre des réformes économiques et financières, la première  phase de ce processus verra la réalisation des pré-requis et des  conditions nécessaires, garantissant ce processus, alors que la deuxième  phase sera consacrée à l'introduction des mesures et dispositions qui  concrétisent, de fait, la phase de la convertibilité totale du dinar.
  
  La phase préalable nécessite, en effet, la consolidation de la solidité  du cadre macroéconomique, notamment par l'amélioration de la  compétitivité et de la productivité, l'avancement dans la mise en place  d'une politique monétaire efficiente capable de sauvegarder l'économie  et la monnaie nationale et de conférer davantage de flexibilité à la  politique de taux de change, outre le renforcement de la solidité du  secteur bancaire et le développement de sa capacité à accompagner la  dynamique des transactions financières avec l'extérieur qui devra être  générée par la libéralisation de la monnaie. Il sied alors de veiller à  ce que le code de change intègre les changements nécessaires afin  d'assurer une progression sereine vers la libéralisation totale du  dinar.
  
  Au vu de l importance des enjeux, la réussite de ces réformes requiert  de toutes les parties prenantes opérant dans le domaine économique en  général et dans les secteurs financier et bancaire en particulier, plus  d'engagement et d'efficacité et une conscience plus profonde de la  portée des défis à relever.
  
  Le Gouverneur
Taoufik BACCAR
   
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Un rapport complet ,clair,compréhensible par les non initiés et qui en plus présente des recommandations futures du domaine du possible. Merci Mr le gouverneur notre dinar est en de bonnes mains.
 
 
							 
 
							 
 
							 
  
 
           		 
 
           		 
 
           		 
 
           		 
 
           		 
 
           		 
 
           		 
 
           		 
 
           		 
 
           		 
           	 
           	 
           	 
           	 
				 
				 
				 
				 
 
			 
 
			 
 
			 
 
			 
 
			 
 
			