Opinions - 09.09.2010

Davos: un score tunisien performant et un progrès triomphant

Le « Global competitiveness Report » 2010-2011 vient d’être rendu public par le World Economic Furum (WEF) de Davos, dans sa quarantième édition.

Ce rapport traitant de la compétitivité et des performances économiques dans le monde, constitue un précieux outil, objectif, fiable et crédible, d’évaluation des forces et des faiblesses des économies nationales, à travers un classement desdites économies.

Ce classement vise essentiellement la mesure de la compétitivité des nations en vue d’étalonner les performances, de dénoncer les erreurs et de recommander les bonnes pratiques de gouvernance.

Le classement est établi à partir d’un ensemble d’éléments à la disposition du grand public (www.weforum.org) et de données issues de l’enquête annuelle menée en collaboration avec les instituts partenaires du réseau implantés dans tous les pays couverts par l’enquête. (en Tunisie l’organisme partenaire du WEF de Davos est l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises. IACE). Cette enquête couvre une large population d’économistes, universitaires et plus que 13.000 chefs d’entreprises.

LE PROCESSUS DE L’APPRECIATION ET DE LA MESURE DE LA COMPETITIVITE

La compétitivité du pays est mesurée et appréciée à travers 110 critères (sous piliers) regroupés en 12 piliers, qui sont à leur tour classés en trois grands groupes.

Les critères (ou encore appelés variables) sont :

  • soit recueillis directement auprès des organismes nationaux et internationaux (FMI, Banque Mondiale, OIT etc…) et sont au nombre de 32 critères ;
  • soit observés à partir de l’enquête internationale menée auprès des chefs d’entreprises et qui sont au nombre de 78 critères.

Schématiquement l’architecture des critères d’appréciation se présente comme suit :

Exigences de bases

Renforcement de l’efficience

facteurs de perfectionnement et innovations

P1 : Institutions                   (18 C)*

P5 : Enseignement supérieur

        et formation                           (8C)

 

P11 : Sophistication des  

          affaires        (9C

P2 : Infrastructures                 (8 C)

P6 : Efficience du marché

        des biens                            (15C)

P12 : Innovations                 (7C)

P3 : Stabilité macro-

       économique (5C)

P7 :Efficience du marché

       de l’emploi                           (10C)

 
P4 : Santé et éducation      (11C

P8 : Marché financier                  (9C)

 
 

P9 : Aptitude technologique      (8C)

 
 

P10 : Taille du marché               (2C)

 


P : Piliers – C : Critères
* : Nombre de critères par pilier.

CLASSEMENT & SCORING DE LA TUNISIE

Sur un total de 139 pays, soit 6 pays en plus par rapport de l’année dernière, la Tunisie :

  • Occupe la 32ème place se situant au peloton du premier quart ;
  • Est le premier pays du continent africain ;
  • Est le quatrième pays arabe ;
  • Gagne 8 places par rapport au classement de l’année précédente ;
  • Réalise la meilleure performance par rapport aux 40 premiers pays ;
  • Améliore son score de manière très remarquable en passant de 4,5 à 4,65 points.

Il convient de rappeler qu’en 2010 le nombre de pays a passé de 133 à 139 et ce, à travers l’intégration de 6 nouveaux pays (Iran, Liban, Swaziland, Cap vert, Angola et Moldova). Dans ce contexte, La Tunisie a su conforter sa position de leader du continent africain, elle a aussi brillamment réussi à améliorer aussi bien son score que son classement en devançant plusieurs pays du G8, de l’OCDE, de l’Union Européenne ainsi que des pays du golfe et de l’OPEP, comme il est indiqué dans le tableau suivant illustrant un extrait du classement général tel que publié dans le rapport.

Pays Classement Score

Qatar

17  5.1
Arabie Saoudite 21  4.95
Emirats Arabes Unis 25  4.89
Tunisie 32  4.65
Oman 34  4.61
Kuwait 35  4.59
Bahrein 37  4.54
Pologne 39  4.51
Espagne 42  4.49
Portugal 46  4.38
Italie 48  4.37
Afrique du Sud 54  4.32
Turquie 61  4.25
Jordanie 65  4.21
Maroc 75  4.08
Egypte 81  4
Algérie 86  3.96

 Ces performances témoignent des choix judicieux faits par la Tunisie en matière de politique économique et des réformes engagées durant les dernières années et qui ont bien porté leurs fruits. En effet, et en dépit des turbulences qui ont marqué l’économie mondiale, et une conjoncture internationale des plus défavorables, l’économie tunisienne a fait preuve d’une bonne résistance et a pu absorber les chocs tout en préservant ses équilibres macro économiques.

Sur les 110 critères retenus et qui ont servi au classement global, force est de relever certaines variables à « haute valeur compétitive » et qui traduisent de très bonnes performances à travers un classement parmi les  premiers au monde. Au nombre de 7 ces variables sont les suivants :

  • Gestion des dépenses publiques et lutte contre le gaspillage: 5ème rang
  • Coût de la criminalité et la violence: 5ème rang
  • Protection des intérêts des actionnaires minoritaires: 11ème rang
  • Impact sur l’environnement des affaires des règles régissant les IDE : 6ème rang.
  • Coûts liés à la politique agricole : 8ème rang
  • Qualité de l’enseignement des mathématiques et des disciplines scientifiques :  8ème rang
  • Disponibilité des qualifications scientifiques et d’ingénieurs : 7ème rang.

En marge du classement des piliers de la compétitivité, le rapport énumère, pour chaque pays, un ensemble de 15 facteurs, considérés comme handicapant et de blocage en indiquant pour chacun d’eux, les  effets sur la réalisation des affaires (l’entrepreneuriat). Ces effets sont mesurés sur la base d’une échelle de notation progressive allant de 0 à 30. 

Les trois facteurs les plus handicapant le monde des affaires sont dans l’ordre décroissant les suivants :

  • L’accès au financement : 17,7 points (contre 14,1 en 2009) ;
  • Rigidité  de la législation du travail : 11,7 points (11,5 en 2009).
  • La bureaucratie : 11 points  (contre 14,3 en 2009) ;

Quant aux facteurs considérés comme sans impact handicapant  la bonne marche des affaires en raison de leurs effets non significatifs, ils sont, d’après le rapport, les suivants :

  • Pauvreté et santé publique (0 point)
  • Crime et vol (0,2 point) ; [Maroc 1,6 – Egypte 3,5]
  • Instabilité politique (0,2 point) ; [Maroc 1,6 – Turquie 4,5]
  • Corruption (3,0 points). [Maroc 17,7 – Algérie 13,8 – Egypte 19]

En guise de conclusion, il serait pertinent de reproduire le commentaire développé à la page 38 du rapport du WEF de Davos et précisant ce qui suit (traduction) : « La Tunisie conserve le premier rang en Afrique en progressant de 8 places. Les institutions du pays et le gouvernement efficace demeurent ses principales forces avec un bon niveau de sécurité, et un système éducatif qui assure une bonne qualité de l’enseignement.
Malgré la crise, le pays a amélioré sa stabilité macro économique, avec un inflation maîtrisée, un taux de l’épargne en augmentation et un déficit budgétaire resté stable aux alentours de 3% ».

Fayçal DERBEL
Expert comptable
Enseignant ISG - Tunis