Le chef de la diplomatie portugaise, Augusto Santos Silva, ce 24 mars à Tunis : quelles opportunités
Comment faire passer les relations politiques et économiques entre la Tunisie et le Portugal à un niveau supérieur, effectif ? La volonté ne manque pas à Tunis comme à Lisbonne, mais la mise en œuvre surtout par le secteur privé prend du retard, malgré les nouveaux mécanismes récemment déployés. C’est précisément pour imprimer un nouvel élan à ces relations que le ministre d’Etat portugais, des Affaires étrangères, Augusto Santos Silva, sera à Tunis le 23 mars courant. Deux jours durant, il s’entretiendra avec les trois présidents (de la République, de l’ARP et du Gouvernement), ainsi qu'avec son homologue Noureddine Erray. M. Santos Silva rencontrera également les dirigeants de l’UTICA, de la chambre de Commerce tuniso-portugaise (présidée par Me Donia El Hedda Ellouze), du conseil d’Affaires (présidé par Hichem Elloumi) et de l’association d’amitié tuniso-portugaise (présidée par Zied Tlemçani). Il donnera également une conférence sur la transition démocratique, à la tribune de l’ENA.
Un parcours et une vision
Le profil du ministre d’Etat, Santos Silva et le timing de sa visite ne manquent pas d’intérêt. Ce journaliste, sociologue, universitaire, aligne à 63 ans, un long parcours politique. Depuis près de vingt-ans, il n’a cessé d’appartenir aux gouvernements successifs en tant que ministre de l’Education (2000 – 2001) de la Culture (2001 – 2002), dans le gouvernement d’Antonio Gutterres, l’actuel secrétaire général de l’ONU, des Affaires parlementaires 2005 – 2009), de la Défense (2009 – 2011). Depuis depuis plus de 4 ans (novembre 2015), il a été nommé ministre Affaires étrangères, et le voilà maintenu à son poste et promu, après les dernières élections d’octobre 2019, au rang de ministre d’Etat. Il arrive à Tunis auréolé de cette victoire électorale et de cet honneur protocolaire.
En réservant cette grande sortie sur la rive sud de la méditerranée, à l’Afrique du Nord, le chef de la diplomatie portugaise entend affirmer toute l’importance accordée aux pays du Maghreb, confie à Leaders une source informée à Lisbonne. Les questions d’intérêt commun ne manquent pas, ajoute-t-elle : le voisinage avec l’Europe, la migration, la sortie de crise en Libye, le terrorisme, la situation au Moyen Orient, etc. Le dialogue politique qui aura lieu à cette occasion est important, surtout avec la position qu’occupe la Tunisie en tant que membre du conseil de sécurité de l’ONU, de sa proximité avec la Libye et de son ancrage européen. L’économique aussi, fait partie de l’agenda du ministre d’Etat, souligne notre source. Des échanges de visites de ministres de l’Environnement (Riadh Mouakhar, et tout récemment Mokhtar Hammami, du côté tunisien et João Pedro Matos Fernandes, en 2018, du côté portugais) ont identifié des projets qui n’attendent que concrétisation.
Un moment historique, l’hommage posthume du président portugais à Béji Caïd Essebsi
Les Tunisiens ont été très émus par l’éloge funèbre prononcé le 27 juillet dernier au palais de Carthage, du président du Portugal, Marcelo Rebelo de Sousa lors des obsèques du président Béji Caïd Essebsi. Depuis longtemps déjà, le président Rebelo de Sousa, éminent constitutionnaliste, avait adressé une invitation à BCE pour une visite d’Etat à Lisbonne. Plus encore, il voulait se rendre à Tunis, ne serait-ce qu’en tant qu’universitaire, participer aux délibérations de l’Association tunisienne de Droit constitutionnel (ATDC, Farhat Horchani, Yadh et Rafaa Ben Achour, Ghazi Gherairi, Kais Saïed, etc.). Sans la moindre hésitation, il viendra à Tunis et prononcera une allocution des plus émouvantes. « Président Essebsi, a-t-il dit, est un Homme qui a fait l’Histoire. Qui a changé l’Histoire ! »
Quelques jours seulement auparavant, il recevait à Lisbonne ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, qui effectuait les 22 et 23 juillet 2019, une visite qualifiée de « très importante » au Portugal, la première depuis 12 ans d’un chef de notre diplomatie. Cette visite s’inscrit dans le nouveau sillon creusé avec la visite à Tunis, les 20 et 21 novembre 2017, du premier ministre portugais, António Costa, à la tête d’une importante délégation officielle et d’opérateurs économiques, en célébration du 60ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.
Le ministre d’Etat, Santos Silva arrive donc à Tunis, au bon moment, avec l’installation des nouveaux dirigeants à Carthage, le Bardo et la Kasbah, avec un agenda chargé et de bonnes opportunités à saisir.