Premier couac protocolaire : Elyès Fakfakh ignore involontairement la préséance de ses deux ministres d’Etat, Abbou et Maarouf
Sa bonne foi n’est guère mise en cause, mais la vigilance de son équipe aurait dû être de rigueur. Dans la précipitation de la délivrance, Elyès Fakhfakh a proclamé la liste des membres de son gouvernement sans tenir compte de l’ordre de préséance qui se doit. En décidant d’octroyer à deux de ses co-équipiers, Mohamed Abbou (Attayar) et Anouar Maarouf (Ennahdha), le titre honorifique de ministre d’Etat, c’est une marque de distinction qui, sans figurer dans la Constitution, marque une distinction en faveur d’une personnalité ou du chef de fil d’un grand parti de sa coalition. Si ce titre n’accorde aucun salaire ou avantage différents par rapport aux autres ministres, il implique une position en tête de l’ordre de préséance.
Selon cette règle, ignorée, Anouar Maarouf n’aurait pas dû figurer en 10ème position et Mohamed Abbou à la 27ème, comme c’est le cas dans la liste officielle annoncée. Ils auraient être tous, en tête de liste.
Toujours, en respect des règles protocolaires, si les ministres détenteurs de portefeuilles régaliens (Justice, Défense, Intérieur et Affaires étrangères), occupent, après les ministres d’Etat, le haut de la liste, le classement des autres membres du gouvernement s’effectue selon l’ancienneté dans une fonction de ministre ou de secrétaire d’Etat. C’est ainsi que Mongi Marzoug (Mine & Energie, deux fois ministre), Ahmed Adhoum (Affaires religieuses (sous deux gouvernements successifs) Abdellatif Mekki (Santé), Ahmed Gaaloul (Jeunesse & Sport, secrétaire d’Etat, et nominé ministre), doivent bénéficier d’un traitement conséquent que seul le chef de gouvernement arbitrera sur proposition de son cabinet.
Certainement débordé par les contingences d’une gestation extrêmement difficile, Elyès Fakhfakh n’avait pas la tête pour ces détails qui sont pourtant importants. Son équipe, non-encore pourvu d’un chef de protocole (recours a été fait à un ancien et brave collaborateur du ministère des Finances), aurait dû solliciter à cet effet les services du protocole de la présidence de la République ou de la Kasbah. S'agissant désormais d'un protocole d'Etat (avec tant de visiteurs à recevoir et tant de déplacements à l'intérieur et à l'étranger à effecturer, les bonnes règles sont de rigueur. Ça sera sans doute rattrapée sous la vigilance de Hédi Damak, qui dirigera désormais l’équipe à la Kasbah.
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