A Carthage, il manquait un D à Avatar
L’annonce Avatar en 3D sous le ciel étoilé de Carthage a attiré les foules et durant les dernières heures qui ont précédé le spectacle, les amateurs retardataires ont été pris de panique sur les réseaux sociaux. Il n’y avait plus de billets, disait-on, pour le 25 août et on se demandait s’il y en avait encore pour le 26.
Mais grande était la déception qui attendait les milliers de spectateurs qui, n’ayant pas reçu les fameuses lunettes qui permettaient de visionner la 3D à l’entrée de l’amphithéâtre, ont pourtant espéré jusqu’au dernier moment. Certains se disaient qu’on allait venir les distribuer à même les gradins, d’autres qu’elles allaient être larguées du ciel par hélicoptère. C’est qu’en l’absence de communication, toutes les conjectures sont possibles. Entre-temps, l’organisateur de la soirée, une grande multinationale agro-alimentaire, distribue à tout va ses nouveaux produits et passe en boucle ses spots publicitaires sur l’écran géant.
Avec plus de 20 minutes de retard sur l’heure de la projection, les lumières s’éteignent et l’on croit encore au miracle, aux promesses annoncées en grande pompe sur tous les médias répétant qu’une grande soirée en 3D dernière génération avec le film-événement de l’année aux 11 oscars était à l’affiche.
Le communiqué tombe. Une panne technique empêche la projection en 3D et l’on devra se contenter d’une projection traditionnelle. Pour s’excuser, on peut soit se faire rembourser ses billets dès le lendemain matin soit assister gratuitement le 25 septembre prochain à Carthage au Choc des Titans, cette fois en 3D. Les sifflements et les cris de colère accueillent cette annonce, qui soit dit en passant, a été très habilement conçue. Mais le public est conciliant surtout que le spectacle débute de suite, ne laissant pas le temps à la contestation.
Le film est grandiose et prend rapidement les spectateurs dans ses fabuleux décors imaginaires et son rythme haletant. Sur la planète Pandora, un peuple primitif Na’vi vit en harmonie avec la nature sur son arbre-mère. Mais c’est sans compter avec la cupidité des humains qui cherchent à exploiter un minerai rare qui se trouve, justement, en dessous de l’arbre-mère des Na’vi.
En quittant les gradins, l’on ne peut s’empêcher de penser que nous étions, pour un soir, des Na’vi, pris en otage sur notre planète perdue par des organisateurs qui ont préféré faire passer leurs intérêts économiques à travers la communication publicitaire au détriment des valeurs de respect et de considération que l’on doit aux prospects et qui, seules, permettent d’entretenir une relation de long terme et de fidélisation, mais çà c’est de la théorie, c’est sur Pandora non sur Terre …
ABH