Opinions - 10.08.2010

Comment notre diplomatie fera plus et mieux

Nous n’apprécions en fait leurs sacrifices et dévouement, que lorsqu’on est confrontés, à l’étranger, à des circonstances difficiles, sinon pénibles. Perte du passeport, vols d’argent, accident, maladie ou décès d’un parent. C’est alors qu’on mesure à juste titre la valeur de notre réseau diplomatique et consulaire, fort de 87 postes déployé, autour de la planète. Ils sont ambassadeurs, ministres plénipotentiaires, conseillers, consuls généraux, consuls, vice-consuls, secrétaires ou attachés d'embassades ou simples agents: tous se dédient au service de la Tunisie et des Tunisiens, avec très peu de moyens et souvent dans des conditions difficiles.

On les croyait savourer de bons moments sous les lambris dorés des salons, profiter des honneurs que leur procure leur statut diplomatique, partager leur temps entre réceptions et mondanités et gagner beaucoup d’argent. Le back-office est moins reluisant. Des équipes très réduites, des budgets compressés avec de rigoureuses règles de gestion et de multiples contraintes, et des salaires très modestes, malgré la flambée du coût de la vie à l’étranger. A cela s’ajoute l’éloignement, parfois la séparation familiale avec des enfants et conjoints laissés en Tunisie, une scolarisation pas toujours facile pour les enfants qui les accompagnent et se trouvent, au gré des changements de postes, coupés de leurs amis d’enfance et contraints à changer régulièrement d' établissement avec tous les problèmes de réinsertion qui en découlent.

Ils ne sont pas tous tout près de la Tunisie, à Paris, Rome ou Londres, dans de grandes métropoles attractives (et encore d’ailleurs). Mais il faut penser aussi à ceux qui sont affectés à Islamabad, Abuja, Jakarta, Buenos-Aires, Oslo et Prétoria. Dignes représentants de leur pays, ils doivent tenir respectueusement leur rang parmi leurs pairs, c’est-à-dire fréquenter les mêmes endroits huppés où ils peuvent faire rayonner l’image de la Tunisie, recevoir des invités à domicile et à leurs frais, offrir des cadeaux d’anniversaire, de succès scolaires et de célébrations familiales, sans oublier la nécessité d'avoir partout une tenue impeccable.

De multiples exigences

Mais, au-delà de tous ces aspects, ils sont surtout comptables de leurs résultats : fournir l’assistance requise à notre colonie, soutenir les opérateurs économiques, détecter les opportunités de drainer vers la Tunisie investissements, touristes, importateurs, donneurs d’ordres industriels, et autres. Le tout, en plus des dimensions politique, culturelle, médiatique et des relations officielles à entretenir. Des imperfections peuvent être relevées, et des menus relâchements passagers signalés, mais l’immense majorité, sinon la totalité s’inscrit dans l’effort et la recherche de l’excellence. Quand on sait que pour l’accomplissement de pareilles charges, ils ne sont au plus que 3 ou 4 diplomates seulement, dans les plus grands postes, on mesure alors le poids qui repose sur leurs épaules.

Et pourtant, nous ne cessons de leur demander de faire plus et mieux. Certains vont jusqu’à exiger d’eux un traitement plus que personnel, quitte à les laisser parfois (souvent en fait) en rade. Combien d’opérateurs économiques implorent l’intervention de l’ambassade pour décrocher tel ou tel marché et une fois l’affaire conclue, ils oublient de l’en informer.

Un appoint indispensable

Avec ses modestes ressources, la Tunisie a toujours su se distinguer par un réseau diplomatique et consulaire très actif, dévoué et hautement apprécié. La sagesse de nos positions, la qualité des relations bilatérales, la pertinence de nos contributions dans les instances multilatérales et le dynamisme de nos représentants sont unanimement salués. Le label Tunisie est d’une très haute facture et chaque représentant s’en trouve bien fier.

Mais nous devons trouver le moyen de renforcer les ressources indispensables à l’expansion de notre action diplomatique à l’étranger, notamment pour les volets économique et culturel. La contribution des entreprises privées serait envisageable. Des fonds de concours gagneraient à se mettre en place et à mobiliser les appoints budgétaires substantiels. Aujourd’hui, la diplomatie a changé. A lui seul, le budget de l’Etat ne saurait subvenir à son plein rayonnement et nous devons tous y concourir.

Un hommage solennel et une mission reconfirmée


Clôturant, samedi, la conférence annuelle des chefs de missions diplomatiques et consulaires, le président Ben Ali ne pouvait mieux terminer son allocution :

« Je mesure l’ampleur de vos responsabilités et tiens à vous féliciter, tous, tant pour l’enthousiasme que pour l’esprit patriotique élevé dont vous faites preuve dans l’accomplissement de vos missions. Je suis persuadé que vous saurez persévérer dans votre contribution au renforcement du prestige de la Tunisie, à la défense de son intégrité, à une meilleure connaissance de ses prises de position et à la consolidation de son rayonnement.

Je suis également confiant que vous veillerez à enrichir davantage les relations qui nous unissent à vos pays d’accréditation, et à favoriser le maximum d’opportunités de coopération et de partenariat avec ces pays, au service des intérêts de toutes les parties et du raffermissement de la paix et de la stabilité dans le monde.
Puisse Dieu vous accorder la réussite".

Un message qui prend toute sa signification.

Taoufik Habaieb