L'hommage de l'ambassadeur Ridha Ben Mosbah au président Beji Caïd Essebsi : un démocrate convaincu
Invité à s'exprimer au nom du groupe des ambassadeurs de Tunisie accrédités en Europe, lors de la rencontre du ministre des Affaires étrangères, khemaies Jhinaoui, avec les chefs de poste à l'étranger, l'ambassadeur Ridha Ben Mosbah (Blgique, Luxembourg et Union européenne" a rendu un vibrant hommage au président Béji Caïd Essebsi. "Un hommage posthume au GRAND diplomate qu’il fût, au Démocrate convaincu qu’il a été tout au long de sa vie t et à l’HOMME d’Etat visionnaire et volontaire." Allocution.
Le président Caïd Essebsi fut un grand acteur de la diplomatie tunisienne sur les dernières années assumant la haute charge de ministre des affaires étrangères entre 1980 et 1986, d’Ambassadeur à Paris de 1970 1971 et ambassadeur à Bonn de septembre 1986 à novembre 1987. Il connut tous les grands de ce monde, Secrétaires généraux des Nations unies , présidents américains, français ,Chanceliers allemands ; à commencer par DAG HAMMARSCOLD qu’il accompagna lors de sa visite d’inspection au front de la bataille de Bizerte en 1961.
Ceux d’entre nous qui l’ont accompagné depuis 2011, dans les grands sommets internationaux et les visites officielles , sommes témoins du respect qu’il imposait et de l’admiration qu’il suscitait et nous étions subjugués par son aisance, son affabilité, et sa grande maitrise du relationnel.
Il était galvanisé quand il jouait dans la cour des grands, retrouvant sa stature naturelle et servi qu’i était par un immense talent, une grande culture et une perspicacité à toute épreuve qui lui a permis de déjouer les imbroglios et nombreuses crises diplomatiques qu’a vécues notre pays.
Son chef d’œuvre restera bien sûr la condamnation d’Israël par le conseil de sécurité des nations unies après l’attaque de Hammam chatt en octobre 1985, mais l’Histoire retiendra aussi le doigté, la patience et l’habileté dont il fit preuve pour désamorcer la crise tuniso lybienne en 1985, qui permit une détente dans les relations troubles jusque là entre les deux pays.
D’ailleurs sa fine connaissance de la psychologie des hommes , de la texture de la société lybienne et des enjeux attenants au conflit en cours en Lybie ont fait de lui le personnage central et le référent lors des derniers sommets consacrés à ce conflit que ce soit à Paris ou à Palerme, ou dans les instances onusiennes.
BCE le démocrate convaincu
Ce qui frappe dans sa longue carrière politique, c’est sa conviction forte de la nécessité de l’exercice démocratique, à tous les niveaux et au sein même du parti unique dans les années 70 et la constance et la ténacité dont il fit preuve pour défendre ses principes.
Ainsi sa lettre de démission de son poste d’ambassadeur à Paris, parue dans le journal Le Monde du 12 janvier 1972 où il évoque l’impératif de réformer le régime, faute de quoi disait il « nous risquions d’être irrémédiablement déphasés par rapport à l’époque que nous vivons et au degré de maturité de notre peuple, par rapport à notre jeunesse qui doit certes être instruite des vertus de notre passé mais à qui il faut surtout offrir un idéal et des méthodes d’action qui soient en harmonie avec ses aspirations profondes et légitimes ».
En relisant ce texte, je ne puis m’empêcher d’évoquer l’un des derniers actes majeurs du quinquennat en matière de coopération avec l’Union Européenne, le fameux partenariat pour la jeunesse dont vous avez signé l’accord de financement lors du 15éme Conseil d’association le 17 mai dernier à Bruxelles.
Faut il rappeler que c’est le président BCE qui a lancé ce partenariat et veillé à le concrétiser et ce lors du premier sommet Tunisie UE le 1er décembre 2016, sommet inédit dans l’histoire des relations Tuniso Européennes. voire même avec un pays du SUD méditerranéen.
Avec à la conclusion, une belle moisson : l’augmentation de 100% de l’appui européen, le partenariat pour la jeunesse et l’extension d’ERASMUS à 1500 bourses.
Faut il rappeler par ailleurs que la voie du partenariat privilégié avec l’UE fut ouverte par si Beji, alors Premier Ministre et son gouvernement en 2011, dont vous assumiez, monsieur le Ministre, la charge se secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, avec la tenue de la task force Tunisie UE les 28 et 29 septembre 2011 à Tunis.
« le plus important aujourd’hui c’est la jeunesse » disait il en 2016 au parlement européen.
Et quand il rencontrât le président Obama, qui lui demandait ce qu’il pouvait faire pour aider la Tunisie, le Président BCE sans hésiter, répondit « donner des bources à nos étudiants ».
Et c’est à cette jeunesse qu’il voulait éduquée, ouverte sur le monde, de s’assumer, de prendre ses responsabilités en donnant un dessein au pays, sa vision pour la Tunisie. Voilà le message de BCE.
BCE l’homme d’Etat
Le Président BCE fit preuve de courage et d’abnégation pour servir son pays. Il restera dans l’histoire comme l’architecte et l’artisan de la transition démocratique tunisienne, de l’exception tunisienne dont il plaida la cause et expliqua les ressorts dans nombre de tribunes à l’international.
Entre autres, son discours devant le parlement européen, axé sur la sécurité et les liens historiques avec l’Europe et sur cette exception tunisienne, fut unanimement apprécié et lui valut une belle standing ovation, preuve dit il aux députés européens, que « vous avez compris le message » : que le succès de la Tunisie est dans l’intérêt de l’Europe et qu’une Tunisie démocratique, forte et prospère contribuera à stabiliser le voisinage SUD de l’Union Européenne.
La transition démocratique fut l’œuvre de sa vie.
Sachons mériter de lui sa confiance pour continuer cette œuvre, grandiose et exaltante, pour qu’l continue de vivre parmi nous ;
Sachons mériter de lui pour rendre cette œuvre visible, lisible dans les pays où nous sommes accrédités et en faire un facteur d’attractivité de notre chère Tunisie.
Sachons la transmettre aux générations futures , cette jeunesse dont il fut si proche et le meilleur allié.
Qu’il repose en paix.
Ridha Ben Mosbah