News - 05.08.2019

Israël :«Soit la solution à deux Etats, soit une mort démographique»

Redoutant une mort demographique prochaine, israel tire des balles explosives dans la tete des enfants palestiniens.

D’après le poète et philosophe romain Lucrèce, « l’humanité ne commencerait qu’avec le souci de préserver les enfants. Préserver l’enfant est un devoir dans toutes les cultures. Abderrahman Yasser Shtaiwi jouait non loin de sa maison, à Kfar Qaddoum, un village de Cisjordanie encerclé par une colonie peuplée de fanatiques religieux venus des Etats Unis, de France et de Russie. Il n’avait que dix ans ce vendredi 10 juillet 2019 quand une balle explosive a été logée dans sa tête, tirée de sang-froid par un tireur d’élite de l’armée israélienne, rapporte l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS). Un témoin déclare: «J’ai vu un soldat israélien allongé par terre, prêt à tirer. En une seconde, l’enfant est tombé à terre. Après, j’ai vu le sang qui coulait de sa tête.»
Le criminel, ce sniper israélien, a tiré pour tuer cet enfant dont le père est un des responsables de la résistance populaire du village. Les habitants de Kfar Qaddoum manifestent en effet tous les vendredis depuis huit ans, prenant exemple sur Nelson Mandela qui mit fin à trois siècles entiers de domination raciste en Afrique du Sud.
Les médecins ont compté une soixantaine de fragments de balles dans le cerveau de cet enfant innocent, de cet être fragile.

Jeune et Palestinien, Abderrahman est donc l’archétype même de la société palestinienne. L’enfance est promesse d’avenir, dit-on, et c’est précisément ce futur qu’Israël veut tuer dans l’œuf.

Convoqué au commissariat… à quatre ans!

S’inspirant de l’« Action Psychologique » de l’armée française lors de la guerre de libération de l’Algérie et probablement aussi de la fiction imaginée par George Orwell « 1984 », Israël mobilise pédiatres, psychologues et spécialistes du monde arabe pour annihiler toute résistance palestinienne et pousser la population à partir . Il veut marquer au fer rouge les enfants palestiniens et leur infliger un traumatisme qui les accompagnera leur vie durant. C’est dans ce but qu’il a fait convoquer au commissariat de police du quartier Issawyia, à Jérusalem,  Mohamed Elayyan, un enfant de quatre ans (oui, quatre ans) qu’il accuse d’avoir jeté des pierres sur un véhicule de l’armée, « crime » pour lequel il encourt 20 ans de prison.

Mardi 30 juillet 2019, son père Rabiaa l’a emmené au commissariat en lui disant qu’il allait… à la piscine ! Ils ont trouvé des soldats massés devant le poste de police de la rue Salaheddine et une foule compacte d’habitants du quartier protestant contre ces inqualifiables procédés de l’Etat sioniste. Face au scandale et à la forêt de caméras, Rabiaa a été interrogé seul – Mohamed en larme est resté dehors - et, toute honte bue, la police israélienne a prétendu que seul le père était convoqué. Verdict de la maréchaussée de l’occupation : le père est sommé de « garder l’enfant Mohamed enfermé chez lui » !
Pour l’ONG israélienne B’Tselem, « il s’agit en fait de procédés pour terroriser l’ensemble de la population de Jérusalem-Est et la pousser à partir. »

En fait, Israël est le seul pays au monde à poursuivre systématiquement, chaque année, entre 500 et 700 enfants devant les tribunaux militaires sans aucun respect des droits fondamentaux à un procès équitable.

Depuis début 2018, plus de 651 enfants palestiniens âgés de moins de 18 ans de la Cisjordanie occupée ont été arrêtés et, selon les statistiques du mois de juillet 2018 d’ADDAMEER (organisation palestinienne de soutien aux prisonniers et aux droits de l’homme), 270 sont toujours en détention, dont 50 ont moins de 16 ans.
Ils sont détenus dans les prisons israéliennes, dans des conditions intolérables et en totale violation de la Convention internationale des droits de l’enfant. L’accusation la plus répandue contre les enfants est le jet de pierres, un crime passible de 20 ans de prison.

Depuis 2000, plus de 12 000 enfants palestiniens ont été arrêtés.

L’hypocrisie de l’onu et l’absence de sanctions:

L’assassinat du jeune Abderrahman Yasser Shtaiwi par Israël est, hélas, loin d’être exceptionnel.

Pour la troisième année consécutive, l’ONU affirme qu’Israël est parmi les pays qui tuent le plus d’enfants dans le monde.

L’ONG CAPJPO-EuroPalestine écrit: «Avec 59 enfants palestiniens assassinés et 2756 blessés en 2018 par son armée, Israël «réussit» à devancer les scores de l’Arabie Saoudite concernant les enfants yéménites, selon un rapport présenté par le secrétaire Général des Nations unies, Antonio Guterres.»  M. Guterres ajoute: « Je condamne le nombre croissant de victimes parmi les enfants, qui résultent d’attaques dans des zones densément peuplée, et sur des civils, incluant des écoles et des hôpitaux.»

En réalité, cette condamnation d’Israël est de pure forme et elle n’a pas beaucoup de sens en l’absence de la moindre sanction de la part de l’aréopage des 193 Etats de la terre d’autant plus que M. Guterres demande, le plus sérieusement du monde, «de toute urgence à Israël de mettre en place les mesures de protection et de prévention pour faire cesser cet usage excessif de la force. »
Hypocrisie ou lâcheté? Pourquoi avoir évité à Israël de figurer sur la même liste que l’Afghanistan, la Syrie et l’Arabie Saoudite, autres tueurs d’enfants ? Comme à l’accoutumée, les Etats Unis et les pays occidentaux ont évité à Israël cette «infamie». Mais au final, l’ONU n’a pu faire l’impasse tant les chiffres crèvent les yeux!

M. Guterres et ses équipes n’ignorent sûrement pas que « les enfants sont arrêtés en pleine nuit, yeux bandés et menottés, maltraités et manipulés afin qu’ils avouent des crimes qu’ils n’ont pas commis. Chaque année, Israël arrêtent près de mille jeunes Palestiniens qui parfois n’ont pas encore 13 ans » écrit Netta Ahituv qui rapporte qu’un soldat lui a dit que parfois « les menottes sont trop grandes pour les petites mains d’enfants de 13 et 11 ans. » (Haaretz, 16 mars 2019).

Mort demographique?

Le 30 juillet 2019, M. Mohammed Shtayyeh, le Premier Ministre palestinien a peut-être fourni une clef pour comprendre la conduite odieuse et criminelle adoptée par Israël vis-à-vis de la jeunesse et de l’enfance palestiniennes. M. Shtayyeh a déclaré lors d’une réunion de l’Internationale Socialiste (IS) au Carmel Hotel à Ramallah: « Israël subira une mort démographique si une solution à deux Etats n’est pas trouvée et il ne pourra plus exister en tant qu’Etat démocratique. Israël fait face aujourd’hui à un grand défi - soit la solution à deux Etats, soit une mort démographique.» Et d’expliciter: «Pour la première fois depuis 1948, l’équilibre démographique est en faveur des palestiniens. Entre le Jourdain et la Méditerranée, il y a 6,8 millions de Palestiniens: 3 millions en Cisjordanie, 2 millions à Gaza et 1,8 million en Israël de 1948. Les Israéliens sont 6,6 millions. Les Palestiniens sont 200 000 de plus qu’eux. »

 

Mohamed Larbi Bouguerra