La ville de Bouchemma sauve la dignité des migrants étrangers noyés en mer
La Tunisie risque-t-elle de devenir plus que le cimetière de la Méditerranée, sa morgue. Les flux de migrants, essentiellement subsahariens, embarqués clandestinement sur des chaloupes de fortune vers l’Europe, et noyés en mer au large des côtes tunisiennes ne cessent de se multiplier. A chaque drame, des dizaines de cadavres en dérive sont repêchées. Les populations locales, compatissantes, essayent de les faire inhumer dans les cimetières avoisinants. Mais, trop c’est trop. Plusieurs villes du Sud tunisien baissent les bras et « refusent » d’offrir plus de tombes à des migrants étrangers rejetés par la mer.
D’une seule voix, la ville de Bouchemma, à six kilomètres de Gabès, se propose de s’acquitter de son devoir humanitaire. Elle ouvre son cimetière aux noyés des traversées clandestines. Un geste qui prend toute sa valeur.
Zarzis, s’était déjà distinguée par un élan humanitaire exceptionnel, incarné par Chamseddine Marzoug. Emu par le sort réservé aux victimes, il s’est bénévolement porté, avec d’autres à leur offrir une tombe. Sans jamais croire qu’il s’agirait de flux continus et de dizaines de tombes à prévoir.
« Moi, j’en peux plus. Là, c’est trop » dira-t-il, en ras-le bol à notre confrère Le Monde. « J’ai enterré près de 400 cadavres et, là, des dizaines vont encore arriver dans les jours qui viennent. Ce n’est plus possible, c’est inhumain et nous ne pouvons pas gérer ça tout seuls ».
Tous sont débordés, autorités régionales, Croissant rouge tunisien, bénévoles de la société civile.
Un véritable drame humanitaire se poursuit sur nos rivages dans l'insouciance de la conscience internationale. Tous sont débordés pour offrir une tombe aux noyés rejetés par la mer. Après Zarzis, quasiment submergée, la population de Bouchemma montre l'exemple.
Le problème n'est pas pour autant entièrement résolu. Une stratégie nationale de prise en charge des migrants illégaux repêchés et des noyés est urgente à décider, face au silence insolent de l'Europe.
Le chef du gouvernement Youssef Chahed est appelé d'urgence à réunir un conseil ministériel pas nécessairement restreint pour se pencher sur cette question.
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