Comment les conduites d’eau de Jelma, sauvagement sabotées, ont été réparées sous 24 heures (Vidéo et photos)
C’est un acte de « sauvagerie » qui ne saurait rester dans l’impunité, privant d’eau potable en pleine canicule estivale, de nombreuses zones et des dizaines de milliers de Tunisiens. Il aura fallu mobiliser tous les moyens disponibles dans trois gouvernorats, pour que les six conduites d’eau, lâchement sabotées avec un indigne acharnement, à Jelma (Sidi Bouzid) soient réparées en quelques heures. Scène inédite à 2 heures du matin dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 juillet 2019, le « chef chantier » qui a conduit l’opération n’était autre que le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Agriculture, chargé des Ressources hydrauliques et de la Pêche, ingénieur hydraulicien à la longue expérience. Eclairages.
Les incidents «fortuits » » et « intentionnels » se sont rapidement succédé ces derniers temps. D’abord, une canalisation de l’ONAS, en plein centre-ville de la localité de Jelma a été « éventrée » par les équipes d’un entrepreneur sous-traitant de la municipalité. Il fallait don y parer au plus vite. Mais, le plus grave, c’est que pour des raisons « revendicatives, contestataires », six conduites d’eau, chacune d’un diamètre de 1 mètre sous pression de 16 bars, ont été sabotées, à coup de masse, en six à sept endroits différents. Quand on dit une pression de 16 bars, il faut comprendre que l’eau jaillira à hauteur de 160 mètres, de chaque ouverture. Et quand il s’agit de six conduites, avec 6 à 7 ouvertures, à 16 bars, le résultat est de pas moins 36 éventrages, faisant jaillir l’eau en déperdition totale et, par conséquent rupture d’acheminement de l’eau potable vers plusieurs régions.
La réparation n’est ni facile, ni rapide, explique à Leaders un spécialiste qui s’est rendu sur le terrain. La technique inventée par le génie tunisien consiste à mettre des bagues avec des joints en plomb chauffé pour colmater les points éventrés. Alerté par le sabotage des conduites d’eau, le secrétaire d’Etat Rabhi savait ce qu’il avait à faire immédiatement : mobiliser des équipes de Sidi Bouzid, Kasserine et Sfax, aller lui-même sur les lieux et tout accélérer. Une course continue contre la montre s’est alors déclenchée.
Nouveaux forages...
Le chef du gouvernement Youssef Chahed n’ignore rien de l’ampleur stratégique de cette intervention. Alors secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Agriculture Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, il avait pris connaissance de l’épineux dossier de l’eau et côtoyé les équipes en charge, Abdallah Rabhi le premier. Lorsqu’il avait été sollicité fin février dernier, d’allouer un budget spécial pour des forages hydrauliques à Jelma, il n’y avait pas hésité. Pas moins de 3.9 millions de dinars y ont été consentis. Les appels d’offres y afférents ont été lancés et les entrepreneurs sélectionnés ce qui a permis de démarrer les travaux. Chahed avait demandé à opérer, en attendant l’entrée en exploitation de ces nouveaux puits, le forage et la consolidation d’autres puits, dans la zone de Jelma. C’est ainsi que des travaux ont été engagés pour le forage d’un puit à Ouled Askar, et la consolidation de deux autres à Mradia et Baten El Ghezal (domaine de l’OTD).
Malgré tous ces efforts, des zones d’ombre continuent à subir des ruptures d’eau potable et leurs populations en sont pénalisées, comme c’est le cas dans le bassin minier ou la région de Kairouan. Il faut attendre l’entrée en exploitation de la station de désalinisation de l’eau de Sfax et dans d’autres régions, la réparation de tant de puits et de nouveaux forages, pour que ces problèmes épineux trouvent une solution finale.
Faire cesser cette sauvagerie
Lorsque jeudi matin, 4 juillet, l’eau a commencé à couler de nouveau dans les conduites de Jelma, Abdallah Rabhi et ses équipes, fort enchantés mais aussi lessivés étaient en droit d’aspirer à une heure ou deux de sommeil. Mais, faute de temps, ils doivent parer à d’autres urgences.
Reste à savoir : qui a saboté les conduites ? Qui y a incité ? Où est la société civile, mais aussi, les sages des localités pour faire cesser cette sauvagerie ?