Rachid Ben Yedder: Un bâtisseur (Album Photos)
Feu Rachid Ben Yedder était un bâtisseur. Il avait un sens nationaliste confirmé. Dans tout ce qu’il entreprenait, il pensait Tunisie. Cela lui venait sûrement d’un environnement familial totalement imprégné de l’amour du pays. Son grand-père et son père Ibrahim étaient déjà des acteurs appréciés de la vie sociale et économique du pays.
Feu Rachid Ben Yedder lui-même a commencé sa carrière, comme jeune diplômé de l’école des sciences politiques de Paris «Science Po», dans les cabinets ministériels, à l’aube de l’indépendance. Il était très sensible à la nécessité d’améliorer le sort des Tunisiens par un développement économique conçu et conduit par des compétences et cadres tunisiens libérant le pays de la mainmise étrangère. C’est avec le même engagement qu’il a contribué efficacement à la création et à la consolidation de la Banque de développement économique de Tunisie qui a fusionné, par la suite, avec la Société tunisienne de banques. C’est donc tout naturellement qu’il a consolidé et élargi avec son frère feu Béchir Ben Yedder le Groupe Amen avec le même souci affirmé de servir la Tunisie. C’est ainsi qu’il a acquis le Crédit foncier et commercial de Tunisie, devenu par la suite Amen Bank. Il a insisté pour que cette banque soit gérée exclusivement par des ressources humaines tunisiennes, marquant ainsi sa confiance dans les compétences locales et évitant tout recours à des gestionnaires étrangers. Dans tous les projets qu’il a promus, les préoccupations de développement, de création d’emplois et d’exportation étaient permanentes. Elles étaient conduites en harmonie avec le souci évident et légitime de ne réaliser que des affaires disposant d’un potentiel de croissance et des marges de rentabilité garantissant leur pérennité.
Dans toutes les actions qu’il entreprenait, feu Rachid Ben Yedder a privilégié une démarche longtermiste. Il n’était nullement pressé pour réaliser des bénéfices de courte durée au détriment de la consolidation et de l’avenir des entreprises du groupe. Son action s’inscrivait toujours dans une vision stratégique novatrice qui n’hésite pas à faire de la conquête des nouveaux secteurs et marchés une première priorité. C’est dans ce cadre qu’il a notamment poussé ses équipes à s’intéresser sérieusement aux marchés africains pour y effectuer une réelle percée appuyée par des investissements conséquents et porteuse d’échanges commerciaux prometteurs. Il faut dire qu’il a été aidé dans la promotion et la gouvernance des entreprises du groupe par ses enfants diplômés des grandes universités et imprégnés de l’esprit et de l’éthique de leur père. Feu Rachid Ben Yedder refusait de vivre sous la terreur de l’instant et prenait tout son temps pour bien ficeler les investissements du groupe, leur garantissant ainsi les meilleures chances de réussite. Feu Rachid Ben Yedder était un défenseur acharné du secteur privé. Il considérait que ce secteur doit venir, tout naturellement, consolider le secteur public et l’aider à jouer pleinement et efficacement son rôle. Il estimait que le privé national est mieux adapté pour agir dans un marché concurrentiel, et ce, en respectant un partage des rôles stratégique et intelligent avec le secteur public.
C’est dans ce cadre que s’inscrit l’effort d’investissement permanent entrepris par le Groupe Amen avec la création de nouvelles sociétés dont le nombre a atteint plus de 60 unités. De plus, nombreux sont les hommes d’affaires, maintenant solidement établis, qui sont reconnaissants à feu Rachid Ben Yedder de leur avoir fait confiance quand ils ont démarré leurs projet sans fortune personnelle. Il leur a apporté certes un soutien financier conséquent, mais ce qu’ils appréciaient le plus c’était le fait de les avoir entourés de ses précieux conseils et d’être à leurs côtés même quand la situation du marché devenait pour eux conjoncturellement difficile. Feu Rachid Ben Yedder a toujours considéré qu’il y a chez les Tunisiens des compétences et des potentialités auxquelles il faut faire confiance. Il a toujours lutté pour que les affaires à privatiser soient transmises à des investisseurs tunisiens de préférence à une démarche de cession à des étrangers.
Feu Rachid Ben Yedder avait une approche très moderne de la gestion des sociétés du Groupe Amen. Il faisait confiance à des capacités managériales qu’il mettait le temps et l’énergie nécessaires pour les choisir. Il disait que sa mission essentielle à la tête du Groupe Amen était de ne pas se tromper dans le choix des hommes appelés à le seconder pour gérer les sociétés du groupe. Son approche de management donnait une grande marge de manœuvre aux gestionnaires pour manager au quotidien les affaires dont ils ont la responsabilité. Il s’interdisait d’intervenir dans les décisions de gestion courante. Au contraire, il apportait une contribution enrichissante pour élaborer avec eux les stratégies de développement et assurer le suivi des réalisations à travers notamment les réunions du conseil d’administration et les reportings faits à la société mère, la P.G.I. C’est un mode de gouvernance qui se basait sur la confiance dans des gestionnaires mûrement choisis et sur l’instauration d’un dialogue permanent pour mieux affiner les prévisions et susciter les performances.
Très rapidement, feu Rachid Ben Yedder a mis la bonne gouvernance au cœur du système de gestion des sociétés du groupe. Cela part d’une éthique n’acceptant aucune concession concernant les fortes valeurs morales qui doivent fonder toute la démarche rationnelle et sociétale dans la conduite des affaires. Cela englobe la mise en place de structures de gouvernance toujours plus modernes, allant même jusqu’à créer des comités réunissant les gestionnaires et les administrateurs en avance par rapport à ce que prévoient les dispositions légales et réglementaires. Son approche privilégie également la collégialité dans la prise de décisions à tous les niveaux. Il était attentif à tous les avis avec un sens rare de l’écoute et une bienveillance exceptionnelle pour autrui. Les décisions dans les conseils d’administration ne se prenaient jamais à la majorité. L’unanimité était exigée. Si elle n’était pas atteinte, les questions contestées étaient reportées pour une meilleure préparation et formulation. Les actionnaires minoritaires étaient traités avec tous les égards et leur avis ainsi que ceux des commissaires aux comptes étaient sollicités avec insistance. Feu Rachid Ben Yedder avait des qualités morales exceptionnelles. Il avait un respect sacré pour tous ses collaborateurs. N’élevait jamais la voix et cherchait à connaître personnellement les employés des sociétés du groupe en se renseignant sur leur évolution de carrière et sur la situation de leurs familles. Il n’aimait pas les lumières et c’est la discrétion qui marquait ses actions. Il était humble avec un sens de l’humour qui se manifestait toujours par des réflexions intelligentes et savoureuses qui détendaient l’atmosphère des réunions. Il trouvait le temps pour répondre à toutes les sollicitations et faisait un point d’honneur d’examiner toutes les doléances qu’il recevait et ce quelle qu’en soit l’origine.
Feu Rachid Ben Yedder était très impliqué personnellement dans le soutien du monde associatif comme l’atteste le rôle qu’il a joué dans le Comité des sages de l’équipe de l’Espérance Sportive de Tunis ou dans le comité d’administration du Croissant-Rouge Tunisien. Cela en plus de l’engagement des entreprises du groupe à jouer un rôle responsable dans le soutien des œuvres sociales dans tous les domaines et toutes les régions. La vie et l’œuvre de feu Rachid Ben Yedder sont un modèle pour nous tous. C’est le meilleur chemin à suivre par tous ceux qui sont impliqués dans la promotion et la conduite des affaires.
Allah Yarhmou
Ahmed El Karam
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