Quels sont les trente projets de PPPs que la Tunisie présentera le 18 septembre aux investisseurs ?
Serait-ce, enfin, le coup d’envoi effectif d’un grand programme tunisien de partenariats public-privé (PPPs) ? La grande conférence internationale qui se tiendra à cet effet, mardi 18 septembre courant à Tunis doit tenir toutes ses promesses. Organisée par le ministère du Développement, de l'Investissement et de la Coopération Internationale (MDICI) et l'Instance Générale des PPP (IGPPP) avec la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) et la Société financière internationale (IFC, membre du Groupe de la Banque mondiale), elle se propose de donner un premier aperçu sur une trentaine de projets proposés par la Tunisie. Et de recueillir les premières appréciations des investisseurs potentiels concernés.
Chahed y compte beaucoup
« C’est une étape cruciale dans le processus de l’opérationnalisation du PPPs, souligne à Leaders, le chef du gouvernement Youssef Chahed, interrogé à la faveur de sa participation à Pékin, début de semaine, au Sommet Chine -Afrique. J’ai réitéré à cette occasion, l’invitation de la Tunisie aux dirigeants des grandes entreprises et institutions financières chinoises à y prendre part activement et explorer à cette occasion les différentes opportunités offertes. Aussi, au vu des inscriptions enregistrées de divers pays, cette conférence augure de bonnes perspectives.
Ladhari : des projets de taille dans divers secteurs
De son côté, Zied Ladhari, ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération Internationale a indiqué que « l'objectif de cet événement sera d'examiner les perspectives qu'offrent les PPPs en matière de développement des infrastructures et d'encouragement des investissements privés en Tunisie, dans différents secteurs. Il s’agit de l'énergie (programme renouvelable, centrale de Skhira par exemple), les ports (Enfidha, plusieurs développements portuaires autour de Bizerte), le réseau routier (GP13), les chemins de fer (ligne Gabes-Medenine), la logistique (zones de Bir Mcherga, Ben Guerdene et plusieurs autres sites), et les eaux usées (stations de Tunis Nord, Gabes). Mais aussi, le dessalement (stations de Gabes et Ksour Essef-Mahdia), les transports urbains (métro de Sfax), les déchets solides (Grand Tunis, Djerba, Bizerte, Gabes et Sousse) ou l'urbanisation (de nombreux projets d’aménagement urbain autour dans les régions et le Grand Tunis).
La BERD et la SFI, mobilisées
D’une même voix, Antoine Sallé de Chou, Chef du Bureau de la BERD en Tunisie et Georges Joseph Ghorra, représentant de l'IFC en Tunisie confirment qu’un nombre important de participants internationaux de haut niveau est attendu. « Au total, une trentaine de projets seront présentés, déclarent-ils à Leaders. Certains sont à un stade avancé de préparation et pour lesquels un lancement des appels d'offres est prévu dans les mois qui viennent, ajoutent-ils et d'autres plus exploratoires pour lesquels l'objectif sera de tester certaines idées avec les investisseurs. Pour la mobilisation des participants, la BERD et IFC ont ouvert leur carnet d'adresse d'opérateurs internationaux dans le secteur de l'infrastructure et de l'énergie, d'investisseurs spécialisés, d'experts juridiques et techniques.
Quelles sont les garanties de réussite de cette manifestation, mais aussi de concrétisation?
Antoine Sallé de Chou, et Georges Joseph Ghorra, sont clairs. "Pour maximiser les chances de réalisation de ces projets, soulignent-ils à Leaders, il faut deux choses :
- un dialogue transparent entre la partie publique et la partie privée sur l'attractivité et les risques des projets, et
- des projets bien préparés, d'un point de vue technique et légal notamment. Pour le deuxième point, la BERD et IFC ont des instruments de préparation de projets qui ont fait leurs preuves dans de nombreux pays, et que nous pouvons mettre à profit en Tunisie. Pour le premier point, faciliter le dialogue entre les parties est l’objectif de ce forum du 18 septembre. A cet effet, l'approche suivie sera différente des conférences classiques sur les PPPs. Après une ouverture officielle à haut niveau, notamment par le Chef de Gouvernement, Zied Ladhari, Pierre Heilbronn, Vice-Président de la BERD et un représentant d’IFC, le forum sera essentiellement organisé autour d'ateliers sectoriels au cours desquels les participants pourront discuter de façon très concrète et pratique de la trentaine de projets qui seront présentés : quelles sont les meilleures options de structuration du partenariat, quels sont les principaux risques, comment optimiser leur gestion?
Pour organiser cet échange la BERD, IFC, le MDICI et l'IGPPP ont fourni au cours de l'été un travail important d'analyse préliminaire et de priorisation de ces projets. Cette information sera mise à la disposition des participants dans les jours qui viennent, afin de permettre aux investisseurs potentiels d'aller au cœur des questions les plus importantes lors des ateliers sectoriels, plutôt que de découvrir ces projets le jour même.
Tous les projets ne serons pas nécessairement réalisés, car le but du forum est aussi d'affiner le pipeline de projet sur la base du retour des investisseurs. Mais avec cette approche, nous essayons de mettre toutes les chances du côté de la Tunisie pour que les projets principaux sortent, avec une structuration équilibrée, et ainsi démontrer rapidement l'avantage d’une plus grande implication du secteur privé dans les projets d'infrastructure et d'énergie.
La BERD
La Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) a commencé ses activités en Tunisie en 2013 afin d’accompagner la transition économique de la Tunisie, via ses bureaux de Tunis et Sfax. A travers trois grands métiers, elle est aujourd’hui la première institution financière internationale pour le secteur privé en Tunisie:
- (i) le financement, avec aujourd’hui un portefeuille de plus de €600m, dont la moitie générée l’année dernière, témoignant d’une véritable accélération de son engagement. La Banque investit essentiellement dans le privé, dans des secteurs comme l’aéronautique, l’automobile, l’huile d’olive, la santé, la technologie, la banque, le leasing, la microfinance, mais aussi dans les services publics, comme le ferroviaire, l’énergie et l’assainissement d’eau.
- (ii) Le conseil aux PME : la BERD a déjà accompagné plus de 700 PME à travers ses activités de conseil subventionnées l’Union Européenne, visant par exemple à l’amélioration des processus de production, la préparation à l’export, ou l’amélioration de la gouvernance d’entreprise.
- (iii) Le soutien aux reformes, notamment dans le développement du cadre d’investissement des énergies renouvelables, l’environnement règlementaire pour les PPPs, le développement du secteur financier, ainsi que de nombreux engagements en matière d’amélioration du climat des affaires. Enfin, l’engagement régional est clef pour la BERD : les deux tiers de ses investissements et de son soutien aux PME s’opère en dehors du Grand Tunis.
La SFI
IFC (Société financière internationale), un membre du Groupe de la Banque mondiale, est la plus importante institution mondiale d'aide au développement dont les activités sont dédiées au secteur privé dans les marchés émergents. Partenaire de longue date de la Tunisie, IFC y a réalisé son premier investissement en 1963, et ouvert un bureau local en 2012. Depuis plus de 50 ans, IFC a investi près d’un milliard de dollars pour soutenir les projets de développement de 31 entreprises en Tunisie. En étroite collaboration avec la Banque mondiale, elle déploie un ambitieux programme de conseils afin de soutenir les réformes visant à améliorer le climat d’investissement, le financement des PME, les PPP dans le domaine des infrastructures ou encore l’employabilité des jeunes. Le portefeuille actuel d’IFC reflète bien l’engagement de l’institution envers la Tunisie puisqu’il s’élève à 280 millions de dollars à fin juillet 2018 avec des investissements dans les secteurs clés de l’économie tunisienne, tel que le transport aérien, le soutien aux PME et start-ups, la microfinance, l’industrie automobile, l’agroalimentaire et le secteur de la santé.
- Ecrire un commentaire
- Commenter