Elections municipales en Tunisie : Les premiers enseignements (Album Photos)
Des incidents ? Inévitables ? Violations du silence électoral ? Prévisibles ? Influences sur les électeurs et autres dépassements ? Cela fait partie du lot. A la seule condition que cela ne reste pas dans l’impunité et que cela ne fausse pas le scrutin. Immanquablement, les premières élections municipales libres et indépendantes n’ont pas échappé, ici et là, dans les 350 circonscriptions (dont 86 nouvelles municipalités récemment créées) à des défaillances que la société civile, bien vigilante, a été la première à dénoncer.
Il est clair que l’ISIE n’est pas tout-à-fait au point et doit revoir sa copie. Que la formation des observateurs reste à renforcer. Que la mobilisation des électeurs a été nettement tardive et insuffisante. Que certains partis dominants n’arrivent pas à retenir leurs troupes sur le terrain, contre les dérapages et la violation de la loi électorale et des règlements fixés par l’ISIE.
La suspension des élections dans les 8 bureaux de vote de la circonscription d’El Mdhilla dans le gouvernorat, puis l’annulation de ce scrutin, suite à un mauvais aiguillage des bulletins de votes vierges destinés à cette municipalité, constituent une première. Elle dénote du manque de vigilance de l’ISIE qui l’attribue à « une erreur humaine possible ». Le report décidé doit s’opérer dans un délai de 30 jours à compter de la date de la proclamation officielle des résultats, prévue le 9 mai, soit d’ici le 10 juin prochain., probablement à une date plus rapprochée.
Un taux d’abstention prévisible mais inadmissible
Maintenant, après la clôture des bureaux de vote, les jeux sont faits. Le scrutin livrera son verdict : des annonces partielles des résultats commenceront ce soir, en attendant la proclamation définitive (le mercredi 9 mai). La voie des recours sera alors ouverte. Les juristes de chaque liste recensent les faits et recueilles les preuves.
Les noyaux durs ont le plus voté
L’heure est au dépouillement des bulletins de vote et au comptage des voix. Mais aussi à l’analyse du scrutin. Première constatation, le faible taux de participation (33.7), encore plus, celui des jeunes. Dès dimanche soir, le chef du gouvernement, Youssef Chahed l'a vivement déploré. A première vue, ce sont surtout les noyaux durs des partis politiques, de leurs galaxies et ceux des listes réellement indépendantes qui ont été les plus motivés pour voter. Cette tendance risque de persister l’année prochaine à l’occasion des présidentielles et législatives. Les votes homogènes, faute de pondération, raflerons alors les urnes.
La très forte affluence du 23 octobre 2011, lors des élections pour la Constituante reste historique. Celles enregistrées pour les législatives et la présidentielle de 2014, ont déjà accusé une première baisse. Il est souvent notable que pour des municipales, la mobilisation, et c’est contradictoire pour un scrutin de proximité, l’abstention enregistre des taux élevés (66,3%). Il s’agit cependant d’œuvrer pour redresser la courbe en 2019. Une désaffectation des électeurs nuira considérablement à la démocratie.
Le mérite d’avoir été tenues
Au-delà de tous les indicateurs qui sortiront des urnes, des incidents qui auront émaillé ce scrutin, force est de relever que ces élections auront eu le mérite d’être tenues, dans un climat démocratique. Elles ont suscité l’engouement de plus 53.000 candidats et derrière eux d’autres dizaines de milliers de sympathisants et militants. Un jalon significatif de franchi sur la voie de la démocratie et un premier pas accompli pour l’instauration du pouvoir local.
Les Tunisiens, désenchantés, s’impatientent
Dans quelques jours, les heureux élus tiendront la première réunion de leurs conseils municipaux. Une nouvelle bataille commence, celle pour la présidence, celle des commissions et les mandats. Suivra une période d’imprégnation de la gestion communale, d’apprentissage du vivre ensemble au sein des conseils municipaux et d’exercice des fonctions. Ce n’est qu’alors que le rodage débutera. La montée en puissance prendra du temps. Le plus court possible s’impatientent les Tunisiens, déjà désenchantés.
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