Hommage à ... - 20.03.2018

Dr Brahim Gharbi : Une vie au service des autres

Brahim Gharbi : Une vie au service des autres Avec le Pr Mongi Ben Hmida (à droite)

Une grande figure de la médecine n’est plus. Brahim Gharbi, l’un des pionniers de la pneumo-phtisiologie, s’est éteint lundi 12 février à l’aube à l’âge de 97 ans. Premier dans beaucoup de choses, pionnier dans bien des domaines,  homme à plusieurs vies, aimant les gens et aimé par eux. Tout cela peut résumer la vie du Professeur  Brahim Gharbi. Premier de son village, Kélibia, à obtenir son certificat d’études primaires, premier bachelier et aussi premier médecin de la zone allant de Korba à El-Haouaria, il n’était pas peu fier d’avoir été à la hauteur des attentes de son père.  Pionnier de la lutte anti-tuberculose, il a été de tous les combats contre cette maladie gravissime à l’époque, maladie de la misère et des mauvaises conditions de vie.

Il a été l’un des pionniers de la tunisification de l’ordre des médecins, l’un des fondateurs de la faculté de Médecine de Tunis. Il a été associé à l’aventure du Croissant-Rouge tunisien depuis sa création en 1956. Puisqu’il en a été le président jusqu’à la fin de sa vie. Premier maire de Kélibia, il a fait d’un petit village, au fin fond de la Dakhla, une ville où il fait bon vivre. Aimant les gens puisque gagner de l’argent n’a jamais été une finalité pour lui, ceux-là le lui rendaient bien. Sa plus grande satisfaction, c’est sa famille, c’était  un père, un grand-père et un arrière-grand-père heureux. Il était resté amoureux de sa femme et le lui avait  avoué en public en la remerciant d’avoir été là pour prendre soin de la famille quand lui se consacrait à ses patients et à ses nombreuses occupations. Fidèle en amitié, il cachait  sous sa bonhomie une rigueur et une recherche de la perfection à toute épreuve.

Premier bachelier de sa région

Quand Brahim ben Ali Gharbi naquit le 19 décembre 1920, Kélibia n’était qu’un bourg  perdu au fin fond de Dakhlet Maaouine, appelé ainsi en hommage au saint patron de la région, Sidi Maaouia Charef . Rien ne distinguait le petit village avec ses maisons arabes, ses minuscules boutiques et ses rares mosquées de toutes les contrées situées dans cette zone. La misère était à tout bout de rue même si les gens étaient durs au labeur. Pourtant, la famille est aisée. Le grand- père était propriétaire terrien et possédait des centaines d’hectares dans une région où chaque mètre carré de terre compte. Le père avait fait des études à la Mosquée Zitouna, ce qui était un must à l’époque. Même ruiné, Ali Gharbi pensait à l’avenir de ses fils, de Brahim particulièrement, qui donnait déjà des signes d’un éveil exceptionnel. Que faire ? L’inscrire dans l’unique école franco-arabe du village. Mais celle-ci est plutôt française qu’arabe. Ses élèves français et italiens réussissaient mais les Arabes s’arrêtaient avant la sixième et aucun n’avait jusque-là obtenu le certificat d’études primaires, le sésame  qui  sauvait son détenteur du service militaire dans l’armée du colonisateur. Alors comme il avait des connaissances à Tunis (la famille Kahia avec laquelle il était en affaires), il décida d’envoyer son fils à Tunis. C’est donc à l’école franco-arabe de Dar Jeld à la Kasbah tout juste devant Dar Bey, l’actuel palais du gouvernement, que Brahim Gharbi fit toutes ses études primaires. Ayant réussi  son examen  sixième et son certificat d’études primaires au grand bonheur de son père, il passa au Lycée Carnot pour ses études secondaires couronnées par le baccalauréat qu’il avait obtenu en 1940. Avec fierté,  Brahim Gharbi disait qu’il était le premier bachelier de toute la région allant de Korba jusqu’à El-Haouaria. Une fierté non dissimulée, pas pour lui-même mais pour son père qui était à l’origine de ce succès.

La médecine en  sacerdoce

On était alors en pleine guerre et le tout jeune Brahim ne voulait pas s’arrêter en si bon chemin. Son père non plus. La famille n’a plus de grands moyens, des soucis financiers ont mis fin à  son aisance. Il pensait demander un prêt d’honneur que l’administration coloniale octroyait aux élèves méritants. Un prêt remboursable bien sûr, même si la plupart oublient de le faire. Il s’en était ouvert à son grand frère «Sidi Tahar» (Brahim Gharbi continuait à appeler ainsi son grand frère depuis longtemps décédé par déférence et respect), qui après l’avoir questionné lui dit  cette réponse cinglante : «Tu te vois tendre la main pour demander l’aumône aux Roumis !  Jamais de la vie,  je ne te laisserai pas faire». Le sujet n’a plus été abordé et tout au long de ses études universitaires à Alger (où il avait fait son année préparatoire de médecine car il était dangereux de traverser la Méditerranée) ni à Paris où il avait poursuivi ses études de médecine jusqu’à la spécialité en pneumo-phtisiologie, Brahim,  pris sous l’aile de son frère aîné, n’avait manqué de rien. En arrivant à La Goulette, il eut même la surprise de trouver une voiture  acquise à son intention par Hadj Tahar Gharbi.

Pourquoi avoir choisi la pneumo-phtisiologie? A cette question, le visage de Brahim Gharbi s’illuminait,  même les rides accumulées par l’âge s’estompaient. Pour lui la question ne s’était jamais posée car dès le départ, il avait considéré ce choix comme un sacerdoce. En faisant le choix de devenir médecin, Brahim Gharbi savait qu’il allait faire don de sa vie à ses semblables. Il se mettait au service de ses contemporains, sans autre forme de procès. Les maladies des poumons, la tuberculose en tête, étaient à l’époque le fléau numéro 1, la cause principale de la mortalité des hommes et des femmes. C’était la maladie de la misère, du dénuement, de la malnutrition. En plus, elle faisait partie des maladies contagieuses. Le  nombre de personnes atteintes croissait à vue d’œil en raison de la promiscuité (les gens s’entassaient dans des chambres exiguës non aérées) et des conditions d’hygiène lamentables. A l’époque, se rappelait-il,  l’Hôpital français, baptisé à l’indépendance Hôpital Charles-Nicolle, comptait un service de chirurgie, un service de médecine générale mais quatre services de pneumo-phtisiologie.

Pionnier de la lutte anti-tuberculose

En rentrant à Tunis, fort de ses compétences qui valaient sinon dépassaient celles de  ses confrères français, Brahim Gharbi ne voulait à aucun prix être réduit à devenir le médecin des «indigènes». Il voulait certes faire de l’hospitalier, car telle était  sa vocation, mais il préférait le faire dans un grand hôpital. C’est pourquoi il avait été quelque peu vexé, quand Driss Guiga, le chef de cabinet du ministre de la Santé de l’époque, Dr Hamadi Ben Salem, gendre et médecin du Bey, lui proposa - on était en 1951 -  de le nommer à l’Hôpital des maladies pulmonaires installé dans l’enceinte d’un palais beylical à Ksar Saïd. Il refusa net avant de revenir à de meilleurs sentiments en rencontrant le directeur de l’établissement. L’hôpital portait le nom du souverain de l’époque, Sidi Lamine 1er. Le Bey régnant venait souvent inspecter les lieux et descendait jusqu’aux cuisines, se rappelait Brahim Gharbi. Après la proclamation de la République, l’hôpital sera rebaptisé  du nom d’Aboul-Kacem Chebbi, le poète tunisien mort très jeune de la tuberculose précisément. Il devait y rester jusqu’en 1960. Chef de service des hôpitaux depuis 1955, Brahim Gharbi fut transféré à Charles-Nicolle. Il officiait en même temps à l’Hôpital militaire car à l’époque, il n’y avait pas assez de médecins officiers de l’armée pour prendre en charge cet établissement situé à l’époque à El Omrane. On lui confia en même temps la responsabilité de créer l’Hôpital de pneumo-phtisiologie de l’Ariana. Ce qu’il fit entre 1958 et 1960. En 1964, il retournera à cet hôpital en tant que médecin-directeur. Il va y rester jusqu’en 1985. C’est lui qui le baptisera du nom du Dr Abderrahman Mami, ce médecin tunisien patriote, pneumo-phtisiologue lui aussi,  tué sous les balles de  l’organisation terroriste «la Main rouge» devant chez lui à La Marsa en juillet 1954, quelques jours avant la reconnaissance par la France de l’autonomie interne de notre pays. Pionnier de la lutte antituberculeuse en Tunisie, Brahim Gharbi fut de tous les combats menés contre cette maladie. Ainsi il prit part  à l’organisation de la lutte anti-tuberculose dès  1956. Il contribua au Projet de Djebel Lahmar avec le concours de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la formation du personnel en vue de  la prise en charge des tuberculeux. Il devait assurer le  démarrage de la lutte anti-tuberculose en Tunisie au moyen du diagnostic par radiographie et vaccination par le BCG en 1958. Le projet débuta par le gouvernorat de Sousse, avant d’être étendu à l’ensemble du pays.

En 1967, il veillera à la  création d’un laboratoire spécialisé pour la lutte antituberculeuse et pour le dépistage bacilloscopique. Le projet, mené en collaboration avec l’Union internationale contre la tuberculose (Uict)
et la société de lutte antituberculeuse de l’Alaska à partir de 70, concernera au départ les gouvernorats du Kef et de Sfax et sera étendu  à toute la Tunisie. On lui doit aussi de nombreux travaux scientifiques sur  la tuberculose, le kyste hydatique,  le cancer du poumon, l’asthme, la bronchite chronique, les pneumoconioses et d’autres maladies broncho-pulmonaires par des articles originaux et la direction de thèses.

Toutes ces activités lui ont assuré un rayonnement international certain. C’est ainsi qu’il fut élu, dès les années 60, membre de l’Union internationale contre la tuberculose (Uict) ainsi que membre de la commission scientifique pour les maladies respiratoires de l’Uict. En 1984, il devint président de la région Afrique de l’Uict.

Il fut également président du comité antitabac de la Ligue nationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires.

Homme orchestre

Mais Brahim Gharbi ne s’intéressait pas qu’à sa spécialité. C’était un homme orchestre, un homme qui en valait plusieurs. Il était l’un des fondateurs  de la faculté de Médecine de Tunis lorsque celle-ci fut créée. Il se rappelait qu’avec certains de ses confrères, les regrettés Drs Zouheïr Essafi et Slaïem Ammar entre autres,  il a dû se déplacer en France pour obtenir son agrégation en médecine, ce qui l’habilitera à enseigner dans cette faculté. Il siègera au conseil de la faculté de médecine de Tunis de 1975 à 1985 Il sera l’élément moteur de la tunisification de l’Ordre national des médecins. Secrétaire général du Conseil de l’ordre à l’aube de l’indépendance en 1956, il y restera de longues années avant d’en devenir le président de 1969 à 1976. Il fut nommé à la fin de sa longue vie président honoraire. On fera appel à lui pour la création du Croissant-Rouge tunisien.  Il répondit présent. Membre fondateur du Croissant-Rouge tunisien en 1956, il sera son vice-président en 1966. Il en présidera les destinées  jusqu’à la fin de sa vie.

Fils de la cité, il n’est pas étrange que Brahim Gharbi s’intéressât aussi aux affaires publiques. C’est ainsi qu’il fut le fondateur et le premier président de la municipalité de Kélibia au début des années 1960. D’un village comptant moins de  cinq mille habitants, il fit une véritable ville où il fait bon vivre. C’est sous son autorité que des bâtiments tels que la maison de la culture en plein centre furent construits. Il perça avenues et rues, asphalta les routes et installa le premier réseau d’assainissement. Les Kélibiens  qui l’ont connu maire sont encore nostalgiques de cette période où Si Brahim, comme ils aiment l’appeler, géra les affaires de la cité en bon père de famille. «Je n’aurais pas réussi sans l’aide de deux hommes maintenant disparus» et auxquels il tenait  à rendre un vibrant hommage, nous dit-il quelque temps avant sa disparition avec une émotion dans la voix : Si Mahmoud Lengliz, un enseignant émérite, son ami le plus proche et le compagnon des bons et des mauvais moments, et Sidi Maaouia Ben Alaya, qu’il appelle ainsi respectueusement parce que son aïeul  était le saint patron de la ville, Sidi Ahmed Ben Hamouda.

Hommage à Bourguiba

La famille Gharbi est connue en politique d’être plutôt « Vieux Destour »,  car l’un  de ses patriarches, feu Abderrahman Gharbi, était proche de Mohieddine Klibi, dont le grand-père, Ben Romdhane, était de Kélibia et qui était  devenu numéro1 du Vieux Destour après le départ en exil de son fondateur, Abdelaziz Thaalbi. Mais Brahim Gharbi tenait toujours  à rendre  l’hommage le plus fort  au plus illustre de ses contemporains, le Président Habib Bourguiba. «Dès les années 1930, alors que j’étais enfant, je participais aux manifestations de Bab Souika, non loin de mon école de Dar Jeld, réclamant l’indépendance du pays dans le sillage des leaders de l’époque dont Bourguiba », nous disait-il. Il rappelait que le «Combattant suprême» venait souvent à Kélibia  et  y passait parfois plusieurs jours dans la villa que possédait sa femme Wassila à El-Mansourah  et là nous allions lui rendre visite et il nous recevait bien», se rappelait-il. Bourguiba, c’était pour lui celui qui a fait de la santé publique l’une des priorités de sa politique. «C’est grâce à  lui que nous avons pu éradiquer les maladies alors endémiques comme la tuberculose», disait le défunt qui avait tenu à rendre un hommage public au père de l’indépendance lors de la cérémonie organisée en son honneur à Kélibia et au cours de laquelle une avenue Brahim Gharbi avait été inaugurée en plein milieu de la ville en sa présence.

M. Brahim Gharbi était aussi féru de sport. Outre le Club Olympique de Kélibia  où le volley-ball est roi et qu’il avait soutenu de toutes ses forces, il était  un supporter invétéré de l’Espérance Sportive de Tunis. Lorsqu’il était maire de la ville, on se souvient de lui arrivant de Tunis dans sa petite Renault 4L blanche le samedi en début d’après-midi directement devant le siège de la municipalité pour régler les affaires de ses administrés. Le dimanche, il repassait là pour régler les dernières affaires avant de repartir vers la capitale afin d’être là-bas pour le  début de la rencontre de l’Espérance qu’il ne ratait pour rien au monde. Mais il n’était  pas un supporter fanatisé bien qu’il n’aimât point que son équipe perde. Il fut membre et président du Comité des sages de l’EST. Son attachement à l’esprit sportif fit qu’il fut désigné dans le passé président du Comité de recours, à l’époque  l’instance la plus élevée pour trancher les différends sportifs et dont les décisions étaient sans appel.

L’argent, il n’en avait que faire

Brahim Gharbi était  de la génération des médecins qui sont devenus riches, parfois  immensément  riches. Mais lui n’a jamais fait de l’argent la finalité de sa vie. Bien au contraire, il a choisi de travailler à l’hôpital à plein temps, se contentant de son salaire. Même à son cabinet de la rue d’Espagne, il y recevait ses patients et ne faisait jamais payer les nécessiteux. Les Kélibiens, non seulement ils ne payaient rien mais ils recevaient leurs médicaments gratis  et parfois de quoi payer le louage pour rentrer dans leur ville. «J’étais d’une famille où on était ‘’rassasiés’’, alors l’argent ça va, ça vient mais ce n’était pas le plus important. Ce ne sont que les ‘’affamés’’ qui en font la finalité de leur existence», disait-il pour expliquer le peu d’intérêt qu’il avait pour l’argent. Les prix et les distinctions, il  en avait accumulé durant sa vie, les décorations et les médailles aussi. Le prix dont il est le plus fier,  c’est le Prix Bourguiba de médecine qu’il avait reçu des mains du fondateur de la Tunisie moderne en 1983.

Mais il avouait qu’il n’aurait pas réussi toutes ses vies sans une personne qui lui était chère, son épouse Souad née Ben Achour. Elle est le point d’ancrage de son foyer, le «roc» sur lequel il s’était toujours appuyé. Elle lui a permis de mener ses différentes carrières en prenant soin de la famille qu’elle a fondée avec lui. En public,  il lui avait avoué tout l’amour qu’il lui portait. Il lui avait demandé de lui pardonner d’avoir été absent,  ce qui l’a obligée de s’occuper pratiquement toute seule du foyer. Ce dont il était le plus fier, ce sont les enfants qu’elle lui a donnés. Les deux aînés ont choisi de faire médecine comme leur père. Azza est professeur et chef du service de pédiatrie à l’hôpital des enfants Béchir-Hamza à Bab Saadoun. Riadh a choisi la libre pratique en radiologie. Mouna et M’hamed ont choisi d’autres voies. «Barhoum», comme l’appelaient affectueusement les siens,  fut jusqu’au bout un heureux père, grand-père et arrière-grand-père et il le montrait. Le plus proche reste Zouhaier Sammoud,  le fils aîné d’Azza, son premier petit-fils. C’est lui  qui l’avait prénommé en souvenir du Pr Zouhaier Essafi,  premier doyen de  la faculté de Médecine parti trop tôt, victime d’un accident de la route. Pour ses petits-enfants, ce n’était  pas seulement le papy gâteau que tout le monde  aimerait avoir, c’était  aussi le confident à qui on disait tout, même ses peines de cœur. Pour ses petites-filles, c’est son avis qui comptait le plus lorsqu’il s’agit de trouver l’amour de leur vie. Jusqu’à un âge avancé,  il avait gardé une  mémoire vive, une lucidité  à toute épreuve. Avant d’être diminué par la maladie,  il avait continué à mener sa vie le plus naturellement du monde, conduisant tout seul sa voiture, se mêlant aux gens, s’attablant au café de sa ville pour mener de nostalgiques conversations. Fidèle en amitié, rigoureux au travail

Fidèle en amitié, il a toujours cultivé cette valeur suprême. Ainsi avec ses congénères médecins ou pas, il avait créé avec le Pr Saïd Mestiri, également disparu, le «Club du lundi» où ils se réunissaient chez ce dernier à La Marsa pour parler de tout et de rien. A Kélibia, il retrouvait avec plaisir ses concitoyens et ses amis les plus proches dont Si Mahmoud Lengliz, un éducateur né maintenant disparu. 
Sous sa bonhomie coutumière, l’homme  souriant, toujours affable, cachait en fait, selon ses disciples, une grande rigueur et une recherche de la perfection à toute épreuve. Il avait la conviction qu’une remarque acérée avec le sourire valait mieux et plus que la colère la plus outrancière.

On sentait ancré au plus profond de lui  l’amour que ses contemporains lui vouaient  et cela faisait aussi sa fierté et plaisir à voir. De son vivant,  il ne faisait pas deux pas sans qu’on l’arrêtât pour le saluer et l’embrasser. Il s’y pliait  de bonne grâce. Quel effet cela vous fait-il de ressentir l’amour des autres ? lui avait-on demandé. Il esquissait  un large sourire qui voulait  tout dire. Mais il n’oubliait pas de mentionner  que c’est son éducation qui avait  fait de lui ce qu’il était devenu. Il disait qu’il était  d’une famille où il n’avait jamais manqué de rien même si elle n’était pas riche. L’argent, il n’en  avait pas fait la finalité de sa vie et il se sentait  un privilégié rien que pour ça.  La médecine était pour lui un sacerdoce. Soigner les autres sans rien leur demander puisqu’il lui arrivait  de leur donner de sa poche,  c’était  pour lui le plus grand des bonheurs. «Je sens l’amour des gens et leur reconnaissance. Que demander de plus ?», ajoutait-il dans une litote.
Paix à son âme.

Raouf Ben Rejeb

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2 Commentaires
Les Commentaires
samir zalila - 20-03-2018 14:00

Le premier Doyen de la Faculté de Médecine était le Pr Amor Chadli suivi du regretté professeur Ben Hamida.

EL GHARBI Ibrahim - 21-03-2018 15:09

Merci beaucoup pour cette hommage

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