Chaker vu par Afif Chelbi: Compétence et abnégation
Lorsque Taoufik Habaieb m’a sollicité pour rédiger un témoignage sur notre ami commun Slim Chaker, j’ai d’abord décliné la proposition, tant les mots me manquaient pour exprimer mes sentiments. Mais Taoufik sait être persuasif et pour Slim, je suis prêt à tout, y compris à forcer ma nature. J’ai connu Slim Chaker à partir de 1990, soit peu après qu’il est rentré de Paris après ses études à l’Ensae. Il était jeune fonctionnaire au ministère du Plan et a accepté de me rejoindre à la direction de l’évaluation au sein de la Banque tuniso-qatarie (TQB) où il a, très rapidement, acquis une grande maîtrise des différents modèles d’évaluation de projets, et une approche très professionnelle des investisseurs.
Trois années plus tard, délaissant une position très confortable dans cette banque de développement, il n’a pas hésité à m’accompagner dans l’aventure de la création du Centre technique du textile (Cettex), structure qui n’existait que sur le papier (au départ, nous n’avions même pas de bureaux). Il a, là aussi, donné la pleine mesure de ses capacités en se distinguant dans la mise en place, ex nihilo, de tout le système d’information, de veille technologique et marketing, d’études stratégiques du Centre. Il a notamment piloté, avec beaucoup de brio, la fameuse étude stratégique du secteur textile réalisée par le bureau d’études suisse Gherzi, leader mondial dans ce domaine. Slim a pu aisément s’imposer face à une dizaine d’experts internationaux, parmi les meilleurs au monde en la matière, discutant, corrigeant, réécrivant parfois intégralement des centaines de pages de cette volumineuse étude qui a fait date. Il a ainsi laissé une trace indélébile auprès de tous les professionnels du secteur. Pendant cette dizaine d’années de collaboration directe, nous nous voyions presque chaque matin avant 8h, et j’ai pu ainsi mesurer son enthousiasme, sa rigueur, son amour du travail bien fait. Par la suite, nous ne nous sommes jamais perdus de vue et, quels que soient nos postes respectifs, le contact s’est poursuivi durant donc plus de 25 ans, toujours amical, spontané, quasi familial.
J’ai perdu un être cher. La Tunisie a perdu un grand homme d’Etat.
Afif Chelbi
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