Prévention et réduction des risques santé : quelles politiques, quelles pratiques ?
Casablanca – De l’envoyé spécial de Leaders, Taoufik Habaieb. Les maladies non-transmissibles (MNT), notamment le cancer, le diabète et les maladies respiratoires sont responsables de 70% des décès dans le monde. En 2012, elles ont causé 38 millions de décès rien qu’en Afrique, dont plus de la moitié dans les pays d’Afrique du Nord. Est-ce une fatalité ? N’est-il pas pas possible de réduire ce fléau ? Y a-t-il moyen, de substituer la cigarette traditionnelle, principal facteur de mortalité des malades atteints du cancer, par des produits alternatifs à risque réduit ? Et quelles politiques de prévention et de réduction de risque, en matière de santé, pour les pays africains ? Telles sont les principales questions mises en débat lors de la Conférence Africa 2025, organisée mercredi 4 octobre 2017 à Casablanca, par le think tank monté en commun par All Africa (Dakar) et Media Partners (Casablanca).
En tête d’affiche, l’un des pionniers de la cancérologie, David Khayat, mais aussi d’éminents professeurs de médecine, de spécialistes de politiques de santé et de journalistes venus de plus d’une trentaine de pays d’Afrique et d’Europe. Au premier de l’assistance, Dr Fatema Marouane, ancienne ministre marocaine de l’Artisanat et de l’économie sociale et solidaire et nombre de représentants de la société civile marocaine et subsaharienne. Du côté de la Tunisie, on relevait la participation des Drs Fares Mili, addictologue, pneumologue et président fondateur de la société tunisienne et de tabacologie et des comportements d’addiction, Mounira Masmoudi, consultante auprès de l’OMS et Raja Beji Srariri, docteur en physiologie et physiopathologie de la Nutrition à l’Ecole supérieure des Sciences et Technologies de la Santé de Tunis.
« L’amont d’une stratégie de santé, a souligné Mostapha Mellouk, co-président du think tank Africa 2025 et président de Casablanca Media Partners, c’est la réduction des risques. D’où l’importance d’apporter des éclairages sur l’avancée scientifique et technologique au service de la médecine et l’innovation en produits de substitution. De bonnes stratégies, de bonnes pratiques et de bons produits à risques réduits sont en mesure de gagner pas moins de 25% en risques, d’ici 2025, sur le continent africain. »
Dr David Khayat : Une grande priorité en Afrique, comment faire face au cancer
C’est le Dr David Khayat qui ira plus en profondeur dans le traitement des thèmes de la Conférence. Il commencera par indiquer que le continent africain enregistrera 20 millions de nouveaux cas de cancer en 2020, provoquant le décès de la moitié des patients, soit près de 10 millions de personnes, avec une prévalence d’un patient homme sur deux hommes, et d’une patiente femme sur trois femmes. L’Afrique souffre du diagnostic le plus tardif, du manque de prévention, de spécialistes et de centres dédiés et bien équipés. Parmi les facteurs de risque du cancer, il a mentionné particulièrement l’alimentation (malbouffe), l’obésité et la surcharge pondérable, la sédentarité et le manque d’activité physique, l’alcool et le tabac à des doses élevées.
Dr Khayat a indiqué que le nombre des fumeurs est de plus d’un milliard de personnes. « Je ne crois pas à un monde sans tabac. Il n’y aura pas à l’avenir, proche ou lointain, de générations de non-fumeurs. D’où la nécessité d’encourager le recours à des produits à risque réduit », a-t-il affirmé mentionnant l’e-cigarette et les produits du tabac chauffé et non pas brûlé.
Dr Khayat, ancien conseiller du président Chirac pour le Plan Cancer et la lutte anti-tabac, est l’un des principaux rédacteurs de la loi anti-tabac en France et de la Charte de l’Unesco signée à l’Elysée le 4 février 2002, faisant de cette date, celle de la célébration de la journée mondiale de la lutte contre le cancer. Il estime que la réponse à cette maladie n’est pas purement médicale, puisqu’elle doit s’étendre, outre la vaccination et le dépistage précoce, au changement du mode de vie et à l’implantation des infrastructures adaptées. D’où, la nécessité de renforcer le Plan cancer dans chaque pays, d’améliorer la coordination entre les divers intervenants, de fournir les financements nécessaires et d’assurer la mobilisation continue de l’opinion publique.
Taoufik Habaieb
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