L'élection du président de l'Isie tourne à la tragi-comédie
Une pièce, tragi-comique se joue dans l’hémicycle du Bardo, depuis quelques semaines et dont l’intrigue aboutit à une impasse, et le texte ne prévoit pas un dénouement.
D’échec en désaccord l'Assemblée des représentants du peuple n’est pas arrivée à élire un président pour l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) après deux opérations de vote dont la dernière s’est tenue lors d’une session parlementaire extraordinaire, le mardi 26 septembre. Deux tentatives électives consécutives, plusieurs réunions de la commission de consensus, deux candidats, issus d’une « surprenante » liste de sept prétendants au poste de président de l’isie , un « 109 voix » inaccessibles et un constat d’échec amer !
En effet la situation de blocage dans la quelle se trouve l'instance cristallise toutes les tensions qui régissent la vie politique tunisienne. Décrédibilisation, manque de transparence, et insuffisance des textes législatifs régissant les instances constitutionnelles.
L’enjeu direct contextuel, est bien sûr la procrastination des élections municipales, sans cesse reléguées à « plus tard ».La tenue de ces dernières relèvent par ailleurs de plusieurs conditions non réunies, tels que l’adoption du Code des collectivités locales, la mise en place des tribunaux administratifs régionaux…
Des élections hypothéquées, un processus de transition contrarié et des dysfonctionnements organiques qui obèrent l’Isie et la placent dans une impasse sans précédent.
L’instance « publique indépendante» dont la mission principale consiste à assurer des élections et des referendums démocratiques libres, pluralistes, honnêtes et transparentes » voit son image de neutralité et d’indépendance fortement compromise et entachée par cet épisode d’échec électif récurrent.
Le premier acte de cette triste comédie été marqué par la présentation aux élections au poste de président des sept parmi les neuf membres du conseil de l’ISIE, ce qui augure d’un climat malsain au sein même de l’instance et met en doute la capacité d‘un prochain président à gérer un groupe hétérogène et divisé.
Par ailleurs, le 7 octobre est la date limite pour effectuer le tirage au sort pour le renouvellement de la composition du conseil de l'instance qui se fait par tiers tous les deux (2) ans conformément aux procédures prévues par la loi organique réglementant le fonctionnement interne de l'Instance supérieure indépendante pour les élections. Le 8 octobre le bureau exécutif de ISIE se trouvera donc diminué de trois autres membres, et le doute plane déjà sur la tenue de cette procédure. En effet l’arrivée de deux nouveaux membres Najla Brahem et Anis Jarboui, élus dans le cadre du pourvoie aux vacances dans le conseil et ayant prêté serrement le 26 septembre complique la tenue de ce tirage au sort. Ce dernier visant à renouveler le 1/3 du conseil de l’ISIE concernera un groupe de 6 membres, dont les deux nouveaux.
Le deuxième acte porte le coup de grâce à l’essence morale de l’instance. En effet les deux candidats en lice Nabil Baffoun et Anis Jarboui sont désormais perçus, même s'ils s'en défendent, comme des porte-étendards des deux principaux groupes parlementaires, D’un côté Ennahdha, et de l’autre Nidaa Tounes. Un pas de plus dans le schisme de la fragile union autour du Pacte de Carthage.
A court terme et en l’absence d’élection ou de consensus autour de la présidence de l’Isie, les élections législatives partielles pour la circonscription Allemagne ne pourraient pas avoir lieu, et à moyen terme, ce sont les élections municipales qui restent hypothéquées.