News - 23.09.2017
Pr Slaheddine Sellami - Hôpital Charles Nicolle : Cadeau de bienvenue
Le nouveau ministre de la Santé a été obligé de s’occuper de l’affaire de cette jeune dame victime d’une greffe rénale qui s’est mal terminée. Cette affaire aurait dû être traitée par son prédécesseur, qui aurait pu nommer une commission d’enquête au lieu de continuer à limoger et à nommer des responsables alors qu’elle savait très bien qu’elle était partante.
Devant es réactions pas toujours objectives des médias et au sein de la communauté médicale, il est important de s’éloigner à la fois des dérives populistes, des réactions corporatistes et des règlements de compte qui ne servent ni les patients ni le personnel de la santé et d’une manière générale le secteur de la santé.
- S’attaquer au journaliste Hamza Belloumi qui a produit l’émission « ce qui est non-dit » est ridicule car nous avons besoin de journalistes d’investigation qui dénoncent les affaires de corruption, de malversation de fautes professionnelles et qui doivent permettre à la population de faire entendre sa voix. L’exemple de la viande avariée et de la Shaw arma de chat en est l’exemple typique. On peut cependant lui reprocher de ne pas demander aux différents protagonistes de venir s’exprimer sur le plateau qu’il s’agisse de l’équipe soignante ou de médecins experts en greffe rénale.
- Le ministre de la Santé devait absolument réagir et sa visite aux différents hôpitaux le soir même ne pouvait être comptée qu’à son actif.
- Sa décision de suspendre la directrice générale du CHU Charles Nicolle pourrait être considérée comme hâtive. Elle ne pourrait être justifiée que par les insuffisances qu’il aurait pu constater le soir en visitant cette institution. Cependant et malheureusement à ce rythme, il risque de limoger l’immense majorité des directeurs des hôpitaux qu’il aura à visiter vu l’état de délabrement du secteur de la santé et en particulier des institutions publiques.
- Tout en compatissant avec la jeune dame et toute sa famille et tout en étant solidaire avec elle car il s’agit d’un véritable drame, il faudrait que tout le monde sache qu’il n’y a pas de risque zéro en matière de greffe rénale. Seule la commission d’enquête pourrait déterminer la cause de ce drame, l’existence ou non d’une faute médicale et l’existence éventuelle d’un défaut de prise en charge dans le post opératoire ou même dans la prise en charge psychologique de la patiente et de son entourage. Dans tous les cas la directrice générale de l’hôpital n’y est pour rien et à ce moment elle doit être réhabilitée. Dans tous les cas des conclusions doivent servir à prendre les mesures nécessaires avec des sanctions pour les fautifs s’ils existent.
- Cette affaire va obligatoirement retentir négativement sur l’avenir immédiat de la greffe en Tunisie, cependant cette affaire sera aussi l’occasion d’auditer nos hôpitaux et d’apporter je l’espère les corrections nécessaires car la situation actuelle ne peut pas durer longtemps. L’important c’est de ne pas étouffer les véritables problèmes et de clore rapidement les gros dossiers sous la menace ou suite à l’intervention des différents groupes de pression. Je pense entre autres au dossier des stents périmés.
Professeur Slaheddine Sellami