News - 13.09.2017

Yassine Brahim : L’Etat tunisien doit-il garder encore Tunisair, Agil et autres compagnies non-stratégiques ?

Yassine Brahim
« Franchir les lignes rouges imposées et rompre avec les dogmes accablants » : Yassine Brahim appelle le gouvernement Youssef Chahed à faire preuve de « plus d’audace et d’imagination dans la recherche et le déploiement de solutions plus appropriées à la situation d’urgence en Tunisie ». « L’Etat continue à réfléchir et fonctionner avec une mentalité désuète des années 60 et 70, alors que le monde a changé et tout change en Tunisie, affirme-t-il mercredi matin sur Express Fm, au micro de Wassim Benlarbi. L’UGTT, de son côté, ajoute-t-il, doit poursuivre ses mutations et son ouverture comme elle en fait preuve actuellement. Son nouveau bureau exécutif et secrétaire général en ont donné de nouveaux signaux positifs. Il faudrait persévérer dans cette voie. Nous en auront un grand test au sujet des privatisations, du PPP, les caisses sociales et autres dossiers importants ».

Cession d’actifs : y compris dans des banques publiques

Le chef d’Afek Tounes estime que face aux fortes pressions qui s’exerce sur les finances publiques, l’Etat tunisien n’a d’autre solution que de céder, dans de bonnes conditions, ses actifs dans nombres d’entreprises publiques qui ne représentent pas un intérêt stratégique et accélérer la vente des biens et entreprises confisqués. « Quelle valeur ajoutée peut apporter et en récolter l’Etat, en gardant sa participation au capital de Tunisair, de la SNDP (Agil) et d’autres compagnies similaires, s’interroge-t-il. La participation au capital de la Banque Zitouna est mise en cession. Pourquoi ne pas aller davantage dans le même sens pour ce qui est des autres banques publiques, au moins une. 

PPP : Commencer par les projets publics

Pour ce qui est des concessions et projets de PPP, annoncés par Youssef Chahed lundi devant l’ARP, Yassine Brahim considère qu’avant de songer aux terres domaniales, l’Etat gagne à commencer par de grands projets prioritaires, tels que la centrale électrique projetée et autres. L’exemple en avait été initié dans les années 90 et 2000, notamment à travers la centrale de Radès, rappelle-t-il. 

Identifiant unique et ciblage de la compensation : qui freine ?

Le chef d’Afek revient sur le fardeau obérant le budget de l’Etat au titre de la compensation des produits de base. Il l’attribue essentiellement au « manque d’une volonté réelle à instaurer le ciblage nominatif des bénéficiaires et l’attribution aux Tunisiens d’un identifiant unique qui servira de base de données utile ». « Le projet d’identifiant unique traine, dit-il depuis cinq ans, et semble n’être finalisé que fin 2018. De gros intérêts, affirme-t-il, sont derrière ce retard. » Yassine Brahim cite à titre d’exemple des statistiques montrant que la plus forte consommation des pâtes alimentaires compensées est enregistrée à Ben Guerdane, ce qui montre l’ampleur du coulage vers la Libye.

Hypothèses et objectifs du gouvernement: réalistes et réalisables ?

Deux aspects particuliers suscitent l’inquiétude de Yassine Brahim. D’abord, les hypothèses retenues par le gouvernement dans son plan de relance et les objectifs fixés, ce qui l’incite à se demander s’ils sont réalistes e réalisables. Mais, aussi la lenteur qui freine nombre de décisions urgentes, nécessaires à prendre et mettre en œuvre le plus rapidement possible. « J’ai l’impression comme si une toile d’araignée se tisse sans cesse, autour de nous tous », lâche-t-il amèrement.