Riadh Mouakhar : Un plan stratégique mis en place pour une amélioration de fond de l'environnement
Qu'ils soient reconduits dans le gouvernement Chahed II ou remerciés pour leurs bons et loyaux services, les ministres sont redevables aux Tunisiens de leur bilan service. A cet effet, Leaders leur a adressé trois questions sur ce qu'ils ont enduré, accompli et regretté. Maintenu à son poste de ministre des Affaires locales et de l'Environnement, Riadh Mouakhar revient sur ses 12 mois d'exercice dans le gouvernement Chahed I
Quelles sont les épreuves les plus difficiles que vous avez dû affronter?
Etre ministre n’est en aucun un simple poste, c’est une lourde responsabilité vis-à-vis du pays et des générations futures. Quand j’ai intégré le Ministère des Affaires Locales et de l’Environnement, le plus difficile était de m’adapter au fonctionnement de l’administration, moi qui ai passé plus de trois décennies dans le secteur privé. En effet, dans le contexte politique actuel il ne suffit pas pour être un bon ministre de bien gérer les projets, il faut également gérer les équipes de l’administration, de les mettre en confiance et de booster leur capacité, mais aussi et surtout d’établir un réel changement dans le secteur de l’environnement. Un secteur qui touche directement le quotidien du citoyen. C’est pourquoi, je considère que c’est un challenge et un défi à relever.
Quelles sont les trois principales mesures que vous avez prises et dont vous êtes le plus fier?
Six ans après la révolution, notre environnement s’est dégradé et notre pays qui était en avance par rapport aux pays africains et voisins, s’est vu reculer dans les classements mondiaux. Nous avons donc mis en place un plan stratégique visant à apporter une amélioration de fond à l’environnement mais aussi un programme exceptionnel qui s’étale sur trois ans pour répondre aux besoins immédiats. Pour ce faire, nous avons bien sûr priorisé certaines actions. Nous avons travaillé sur la collecte des déchets, qui constitue le maillon fort du système environnemental. Nous avons effectivement mis en place un plan opérationnel pour la gestion des déchets qui va de la pré-collecte jusqu’à la valorisation des déchets, avec le lancement des travaux pour la construction de dix centres de transferts, chose qui n’a pas été faite depuis 2010. Dans le même cadre, nous avons engagé des pourparlers avec les députés, la société civile et les habitants de Jradou, en vue de trouver une solution pour la réouverture du centre de traitement des déchets dangereux, le seul et unique, fermé depuis 2013. Nous avons, bien entendu, trouvé une solution pour sa réouvertureet ce en s’engageant sur sa réhabilitation selon des normes de sécurité internationales.
La deuxième mesure que je considère aussi importante est la préparation des cahiers des charges pour le lancement des concessions de valorisation des déchets. Une mesure qui fera gagner du temps et de l’argent à l’Etat.
Nous avons aussi lancé le projet « Green stratup » ayant pour objectif la création de 93 entreprises opérantes dans l’économie verte. Un projet qui sera générateur d’emplois et qui contribuera à encourager l’entreprenariat vert qui constitue un secteur porteur de projets.
Par ailleurs, nous avons accéléré la finalisation du Code des collectivités locales qui a été adopté par le Conseil des Ministres après une discussion difficile et compliquée. Et là, je voudrais remercier particulièrement Monsieur le Chef du gouvernement pour son soutien et d’avoir tranché lors des arbitrages.
Qu'est-ce que vous regrettez n'avoir pas accompli à ce jour et comptez-vous le rattraper bientôt?
Il existe bien un projet qui doit être lancé dans les plus brefs délais, sur lequel nous avons déjà commencé à travailler mais nous ne sommes pas à un stade avancé, à savoir la gestion des déchets de construction. A cet effet, nous avons récemment mis en place une « Task Force » pour élaborer une vision stratégique et étudier les différentes solutions.
Il y a également la lutte contre la pollution industrielle, où le Ministère doit jouer un rôle important pourassurer un environnement sain aux citoyens. Malheureusement, nous ne sommes pas les acteurs principaux du changement, mais nous nous sommes penchés sur le sujet et nous travaillons actuellement sur la mise en place d’une politique nationale de lutte contre la pollution industrielle. Il est à noter que c’est un sujet qui concerne tous les acteurs, publics comme privés.
Aussi, quelle serait la photo qui illustre le mieux vos activités durant la période écoulée et pourquoi?
Cette photo a été prise, il y a exactement une année, lors de l’une de mes premières visites sur terrain, le jour de l’aïd el Idhaa.Ce jour-là j’ai pris conscience à quel point le travail des éboueurs est pénible et ingrat en plus. J’ai vu le désarroi de cet ouvrier face à l’absence de responsabilité et de conscience chez certains citoyens. J’ai compris donc qu’il y avait beaucoup à faire notamment pour ces ouvriers qui travaillent du matin au soir et même le jour de l’aïd pour ramasser les abats.En effet, à ce moment, j’ai réalisé qu’un changement de situation s’imposait et très rapidement.
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