Kamel Ben Younes à la tête de Radio Zitouna : Quel repositionnement opérer ?
Radio Zitouna retrouvera-t-elle finalement le bon positionnement qui doit être le sien et parviendra-t-elle à résoudre l’épineux problème de son financement. Deux station radio en Tunisie en termes d’audience et s’apprêtant à célébrer ce 13 septembre 2017, son dixième anniversaire, elle vient d’être dotée d’un nouveau gérant (s’agissant d’une SARL), en la personne de Kamel Ben Younes qui en sera le directeur général. Fondée par Sakhr El Materi en 2007, et entièrement dédiée «à la promotion des nobles valeurs et du rapprochement entre les humains à travers la diffusion du Coran», l’entreprise fait partie des biens confisqués et a été placée sous la gestion d’El Karama Holding. Depuis lors, plusieurs gérants se sont succédé à sa tête, faisant face à certains moments à des conflits sociaux, sans pour autant s’attaquer avec succès à ses problématiques de fond.
Kamel Ben Younes y arrive fort de son engagement militant qui lui avait valu, début des années 1980, des années de prison à Borj Erroumi, et surtout son expérience professionnelle de 32 ans de journaliste, à des fonctions rédactionnelle élevées. A Dar El Anwar, et surtout Dar Assabah, mais aussi, Hannibal Tv et Al Janoubia TV, ainsi au sein de la BBC, Al Ahram et Asharq Alawsat, il a pu capitaliser connaissance des arcanes des médias et un large carnet d’adresses. Il lui appartient aujourd’hui de s’affirmer en manager d’un média très spécifique comme Radio Zitouna Fm.
La toute première question à résoudre est le statut de cette station radiophonique. Gardera-t-elle son caractère actuel d’entreprise privée (bien que confisquée par l’Etat) ? Sera-t-elle ou privatisée ou rattachée en tant que filiale à l’Etablissement de la Radio Tunisienne ou encore, fondue au sein de cet établissement à l’instar d’autres stations publiques ? Et avec quelle gouverance, notamment éditoriale. La réponse est importante pour déterminer son accès, ou non, au bénéfice d’un financement public, notamment au titre d’une quote-part de la redevance sur la Radio et la Télévision, voire d’une dotation d’équilibre. Tant que le financement n’est pas clarifié et résolu, Radio Zitouna ne saura opérer la conversion annoncée par son nouveau directeur général.
Refonder Radio Zitouna
Kamel Ben Younes qui affirme avoir décliné nombre d’autres propositions déclare à Leaders qu’il est porteur d’une vision. Lorsqu’on lui demande pourquoi il a accepté, précisément, cette mission, il n’hésite pas à dire: «La réponse est claire. La radicalisation des jeunes et d’une grande partie de l’opinion publique en Tunisie et au Maghreb nécessite des sacrifices de ma part et la mise en œuvre d’une stratégie de dé-radicalisation et de prévention culturelle, éducationnelle, médiatique, académique. Partout dans le monde, l’école cartésienne et rationnelle de la Zitouna, est saluée particulièrement au Maghreb, en Andalousie ainsi que dans le reste du monde arabo islamique, par la profondeur de sa pensée, la qualité de ses enseignements et sa modération. Première université au monde (depuis 7ème siècle Après JC , 1er siècle de l’Hégire), elle a toujours été le centre de recherches des philosophes et savants du monde avant Baghdâd, Grenade, Fès, le Caire et l’Europe médiévale puis des lumières et de la Renaissance. C’est là un fondement précieux sur lequel nous devons nous appuyer.»
«Une des Priorités de la radio Zitouna qui célèbre son 10ème anniversaire, poursuit Ben Younes, est la mise en valeur des interprétations rationnelles de l’Islam et de ses références de modération, ainsi que la vulgarisation des œuvres des grands savants et leaders Zeitouniens célèbres depuis Ibn Rochd, Chatiby, et Ibn Khaldoun aux leaders nationalistes maghrébins. Je citerais notamment Tahar Haddad, Tahar et Fadhel Ben Achour, Aboulkacem Chebbi, Houari Boumediene, Abdelaziz Ben Badis, Moufdi Zakaria, Malek Ben Nabi, Bourguiba, et la majorité des leaders patriotes Sadikiens et Zeitouniens du Maghreb...»
«En essayant d’améliorer les conditions du travail des journalistes et techniciens de la Radio Zitouna FM, estime son nouveau directeur général, cette chaine classée 2ème en audience en Tunisie et au Maghreb, pourrait promouvoir la modération, la dé-radicalisation et une perception moderne et moderniste de l'identité arabo-musulmane tunisienne. Elle aura un rôle Culturel et Social plus important, dans une période ou la jeunesse est menacée par l’extrémisme de tous bords.»