News - 15.08.2016

Mohamed Ibrahim Hsairi: pourquoi s’indigner de la vérité ?

Mohamed Ibrahim Hsairi: Et pourquoi s’indigner de la vérité?..

Par Mohamed Ibrahim Hsairi - La déclaration de l’Ambassadeur d’Allemagne à Tunis sur « la nécessite de débarrasser Jerba de ses ordures pour que les touristes y reviennent » a suscité, de la part de certains milieux tunisiens une certaine indignation que je trouve, dans une large mesure, factice, car l’Ambassadeur n’a dit que la vérité que nous nous dérobons à reconnaitre et à affronter. En lisant certaines réactions que je qualifierai d’impulsives à cette déclaration,  je me suis rappelé d’un article que j’avais publié le 26 mai 2015 sous le titre  « Les trous  et les ordures de la route » et que j’ai écrit suite à une déclaration similaire du même diplomate mais qui n’a pas pris la même ampleur parce qu’elle a été faite dans un cercle restreint.

Estimant que ce que j’avais dit dans cet article devait être pris en compte dans la détermination de notre attitude vis-à-vis de la nouvelle déclaration de l’Ambassadeur Allemand, qui faut-il le souligner a  paradoxalement et tristement coïncidé avec l’annonce du président de l’instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) de l’impossibilité d’organiser les élections municipales impatiemment, j’ai pensé qu’il serait peut être opportun de le republier dans les deux langues arabe et française afin que les lecteurs de « Leaders » puissent en prendre connaissance :

Les trous  et les ordures de la route

A l’ouverture des travaux du colloque organisé les vendredi et samedi 08 et 09 avril 2015, par l’Association des Etudes Internationales en collaboration avec la Fondation Allemande Friedrich Ebert sous le titre « l’espace  sahélo-saharien : enjeux et perspectives » l’Ambassadeur Allemand à Tunis a prononcé une allocution improvisée ou il a commencé par exprimer sa satisfaction quant au sujet choisi par le colloque car, a-il-indiqué, il permet aux participants de sortir des préoccupations quotidiennes du pays et de « la réalité des trous et des ordures » qu’ils ont certainement croisés sur leur route vers le lieu des travaux.

Je reconnais que le « clin d’œil » du diplomate allemand m'a, à un premier stade, agacé pour deux raisons: tout d’abord parce qu’il a crument exprimé sa frustration devant  l’image de notre pays souffrant de plusieurs formes de distorsions, ensuite parce qu’il semblait dire aux organisateurs du colloque et aux participants à ses travaux qu’ils auraient peut-être du s’occuper de réparer et de nettoyer leurs routes avant de s’intéresser à de tels sujets qui demeurent et doivent demeurer l’apanage des « grands du monde » que l’Allemagne s’apprêtait à accueillir dans le cadre du sommet du G7.

Toutefois,  après avoir  un peu réfléchi aux propos  de  l'Ambassadeur Allemand, et convaincu que « rendre gloire à la vérité est une vertu », j’estime qu’objectivement parlant, nous nous devons de nous blâmer nous-mêmes, car la faute nous incombe ainsi qu’aux torts que nous avons caus’es à notre pays et non pas à ce qu’a dit l’Ambassadeur.

Plus que cela,  je pense qu'il avait peut-être bien fait en mettant le doigt sur nos tares et en attirant notre attention sur le risque de nous y  accoutumer et de nous en accommoder. Ceci est d’autant plus vrai que non seulement nous ne sentons pas la gravité des distorsions  qui portent préjudice à l’image de notre pays, mais nous n’éprouvons plus le besoin d’y remédier  le plus rapidement possible. Autrement, quelle signification donner à toute cette lenteur dans la remise des choses a leurs places? Et pourquoi toute cette lourdeur dans l'organisation des élections municipales qui devraient être l’une des priorités absolues de notre nouveau gouvernement « permanent » ? Et puis, comment expliquer cette obstination douteuse à maintenir ces « délégations spéciales » dont la majorité ont fait preuve, tout au long des dernières années, d'une « compétence inégalable » à «ruraliser» nos villes au lieu, comme le veut la nouvelle constitution, d’urbaniser nos compagnes, même à marche forcée.

M.I.H