News - 04.04.2016
Conférence à Beït al-Hikma : Ambassades maghrébines en Europe au 18ème siècle : impact dans la littérature et la presse
C’est une conférence instructive qu’accueille Beït al-Hikma ce vendredi 8 avril à partir de 16h30 sur le thème de « Ambassades maghrébines en Europe au 18ème siècle : impact dans la littérature et la presse ». Mounir Fendri, membre de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts et professeur de l'enseignement supérieur à l'Université de Manouba, apportera à cette occasion sa lecture en spécialiste en Littérature et civilisation allemandes. Introduction.
«Comment peut-on être Maghrébin ? » - Ainsi aurait été formulée la célèbre question parisienne dans les « Lettres Persanes » (1721), si les auteurs fictifs de ces « lettres » auraient été des Maghrébins. Si cela ne fut le cas chez Montesquieu, il l’a été chez au moins deux autres écrivains, qui se sont saisis du modèle prototype pour réaliser dans le même genre une sorte de « lettres maghrébines ». L’un est l’Allemand Johann Pezzl (1756-1823), et l’autre le Français René-Théophile Châtelain (1790-1838). Tous les deux se sont inspirés d’une ambassade diplomatique venue du Maghreb en mission auprès d’une Cour européenne. Dans le premier cas, il s’agit de l’ambassade envoyée en 1782/83 par le roi du Maroc à la Cour de Vienne, dans le second de la délégation envoyée par le bey de Tunis en France, avec le ministre Mahmoud Khodja en tête, pour assister au sacre de Charles X (1825). De l’un parut, en 1784, les « Marokkanische Briefe » (Lettres marocaines), de l’autre, en 1825, les « Lettres de Sidy-Mahmoud écrites pendant son séjour en France en 1825 ».
Les deux œuvres littéraires sont à même d’intéresser d’abord la recherche littéraire sur Montesquieu, le genre du roman épistolaire, ou encore l’orientalisme et l’exotisme dans la littérature européenne. La littérature comparée y trouverait par ailleurs maintes références aux images de l’autre, l’Oriental maghrébin précisément.
Mais leur intérêt en tant que documents alternatifs dans l’histoire des relations euro-maghrébines est tout aussi évident. A plus forte raison que les ambassades à l’origine des deux œuvres s’inscrivent dans toute une série de missions diplomatiques parties, tout au long du XVIIIe et des débuts du XIXe siècle, des capitales nord-africaines vers l’Europe. Bien qu’elles constituent un aspect essentiel dans la dite histoire, elles n’ont toujours pas bénéficié dument de l’intérêt de la recherche.
Il est question de l’histoire des relations diplomatiques, mais aussi culturelles. L’attention qu’avaient suscitée ces multiples ambassades « exotiques » dans la sphère publique à Madrid, Londres, la Haye, Paris, Florence, Vienne ou Stockholm s’est répercutée dans la création littéraire, mais aussi et à large échelle dans la presse contemporaine. Comme nous avons pu le constater, l’écho médiatique relatif à chacune de ces ambassades constitue, dans son ensemble, une riche documentation source, à même de compléter ce qu’en recèlent les différentes archives, voire en élargir le champ d’information et le contexte. Ainsi, la conférence veut, à la fois, attirer l’attention sur ces « rencontres » dans le proche passé euro-maghrébin.
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