News - 12.03.2010

Faut-il demander le rapatriement de nos pièces archéologiques conservées à l'étranger?

La découverte récente d'un réseau de trafiquants de pièces archéologiques ayant des ramifications internationales est venu à point nommé pour nous rappeler la richesse de notre (très riche) patrimoine archéologique et la nécessité de le protéger. Rien qu'en France, l'on recense 46 musées dont le Louvre qui détiennent des pièces en provenance d'Afrique du Nord et notamment de Tunisie, pillées depuis le début des fouilles au début du XVIIIème siècle  et vendues à des musées ou à des collectionneurs privés en Europe.

Leïla Ladjimi-Sébaï, archéologue historienne et directeur de recherches à l'INP (1) cite l'exemple d'une mosaïque découverte à Carthage en 1837 par une "Société pour l'Exploration des ruines de Carthage" qui a été divisée en plusieurs morceaux pour être répartie ensuite entre les membres de l'expédition. Un de ses fragments est conservé aujourd'hui à la bibliothèque de Versailles. Mais le plus beau morceau a été attribué au Vice président qui en fit don au British Museum où il est conservé actuellement. D'autres pièces se trouvent au musée du Louvre, fruits d'autres expéditions réalisées au début du protectorat.

Une fois de plus, l'impulsion est venue de Kheireddine

Il a fallu attendre 1876 pour que le Premier ministre de l'époque, Kheireddine Pacha lance l'idée de création d'un musée national qui devait être implanté à la Kasbah. Le projet ne s'est pas concrétisé, son promoteur ayant quitté le pouvoir peu après. Mais l'idée fera son chemin et des mesures de protection furent prises comme la création du service des Antiquités en 1882, la fondation du musée Alaoui en 1885 et une série de mesures relatives à la propriété et la conservation des objets d'art en 1886.

Leila Ladjimi-Sebaï se pose la question de savoir pourquoi la Tunisie ne demanderait-elle pas le rapatriement de ses pièces qui se trouvent dans les musées étrangers et généralement dans leurs réserves, à l'instar d'autres pays, tout en reconnaissant que cette opération n'est, ni d'actualité, ni même envisageable, ni, réellement nécessaire, ces pièces étant dans leur très grande majorité très bien conservées.

Par contre, ce qu'elle propose c'est "de ne pas les oublier, de savoir les retrouver, les reconnaître, les identifier, les faire faire connaître, les présenter de nouveau au public, et enfin les étudier."

(1)La Tunisie archéologique dans les musées français in "Présences Tunisiennes en France" Actes publiés par l'ATMOPA.