News - 16.12.2015
Exclusif – Habib Essid : Comment je prépare le remaniement ministériel
Quand on l’interroge sur le remaniement qu’il compte apporter à son gouvernement, les départs et les arrivées, Habib Essid répond par un large sourire. « Je n’en suis pas encore là, confie-t-il à Leaders, avant d’en préciser le concept, les modalités et les étapes ». Ceux qui s’impatientent, s'agitent et se répandent en conjectures doivent tempérer quelque peu leurs ardeurs.
« Le principe en est acquis, dit-il, comme je l’avais mentionné le 27 novembre dernier devant l’Assemblée des Représentants du Peuple. J’avais précisé qu’il s’agissait d’une restructuration et de recentrage, avec réduction de la taille de l’équipe. Le tout sur la base de deux éléments essentiels, l’évaluation de la prestation et la prise en compte des impératifs de l’étape à venir ».
« Il faut être conséquent avec soi-même, souligne le chef du Gouvernement. Je m'en tiens aux engagements que j’avais pris le 4 février dernier dans mon discours d’investiture au Bardo et au programme de mon gouvernement. Ce programme est issu des différentes propositions reçues de la part des partis politiques, organisations nationales et autres composantes de la société civile, consultés. J’avais affirmé devant les élus de la nation que je reviendrais devant eux avec un bilan des 100 premiers, puis régulièrement, en apportant les renforcements et recentrages jugés nécessaires. Dix mois après l’entrée en fonction du gouvernement, mais aussi, à l’issue de l’adoption du budget de l’Etat, il est indispensable de procéder, à l’orée de la nouvelle année 2016, à cet exercice. »
Comment compte-t-il procéder ? Habib Essid explique à Leaders sa démarche. « Les grands défis qui se posent à la Tunisie en 2016 sont sécuritaires, économiques, sociaux et institutionnels. Ils sont très importants et fort déterminants, avec comme point d’orgue la lutte contre le terrorisme, la relance économique, la réduction de la précarité, la mise en place des nouvelles institutions constitutionnelles, la décentralisation et les élections municipales. Autant d’objectifs majeurs. Je suis donc au niveau de la confection du cahier des charges pour l’accomplissement de toutes ces exigeantes missions. Quelle approche nécessaire, quelle architecture appropriée ? Une fois que ces fondamentaux sont définis, et l’évaluation de l’action ministérielle accomplie, département par département, il s’agit alors de passer à la finalisation de la restructuration, puis des titulaires des postes. »
Pour le chef du gouvernement, lorsqu’il a évoqué restructuration et réduction de l’équipe, il ne visait pas nécessairement un regroupement de ministères et réduction du nombre des ministres. « Toutes les options sont ouvertes, précise-t-il à Leaders. A-t-on besoin d’autant de secrétaires d’Etat ? Faut-il, à titre d’exemple, garder ensemble dans un même ministère, celui de l’Intérieur, alors qu’on veut renforcer la sécurité et engager la décentralisation et une nouvelle gouvernance locale, les attributions relatives à la tutelle de la Police et de la Garde nationale, et celle de ce qui est jusque-là qualifié d’Administration régionale et de collectivités locales ? Peut-on imaginer une séparation des deux ? La réflexion est engagée sur pareils sujets. »
En décodage des propos d’Habib Essid, il faudrait retenir sa démarche d’évaluation, d’anticipation et de cahier des charges, avec probablement réduction du nombre de secrétariats d’Etat, séparation de certaines grandes attributions et recentrage sur des missions fondamentales. La phase purement nominative des départs et nouvelles arrivées interviendra ensuite. D’ici la fin de l’année, il entamera probablement ses consultations avec les partis représentés au Parlement (et d’autres), etc. Pour le moment, son programme est chargé.
Dès ce jeudi 17 décembre, il reprendra sa tournée dans les régions en se rendant à Kairouan. Non loin de Sidi Bouzid qui commémorera ce jour-là, le 5ème anniversaire de l’immolation de Mohamed Bouzizi et le déclenchement de la révolution. A cette célébration, il sera représenté par son directeur de Cabinet, Taieb Youssefi.
Sa feuille de route d’ici la fin de l’année, le conduira ensuite, avant la fin de l’année, successivement à Tozeur, Kebili et Siliana. En janvier, il se rendra au Forum de Davos et en visite officielle à Paris. Mais, entretemps, il aura peaufiné son remaniement, en obtenu l’investiture de l’Assemblée et mis en marche l’équipe revigorée.
Taoufik Habaieb
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