News - 18.10.2015

ONU: Pour quand la réforme ?

ONU: pour quand la réforme ?

Par Khadija T. Moalla - Les jeunes qui se sont révoltés en Tunisie et en Egypte l’ont fait pour la liberté, la dignité et la justice sociale. En affrontant à mains nues les forces armées, ils ont déclaré que ce sont des valeurs qui méritent l’ultime sacrifice et beaucoup d’entre eux ont effectivement donné leur vie. Grâce à cela, ils sont devenus une source d’inspiration pour des individus à travers le monde et les meilleurs ambassadeurs de bonne volonté de l’Organisation des Nations unies (ONU) dans le maintien de ces valeurs ou leur traduction dans la réalité.

A l’aube de son 70e anniversaire marqué notamment par la signature des Objectifs du développement durable (ODD), à New York, les 25-27 septembre 2015, comment l’ONU pourra-t-elle contribuer à un avenir meilleur pour tous les peuples de la planète?

Pensée révolutionnaire

Ces cinq dernières années représentent un moment historique de changement radical dans la région arabe et au-delà. Les temps révolutionnaires exigent une pensée révolutionnaire. L’ONU ne pouvait pas prévoir ou envisager des changements aussi radicaux en Tunisie, en Egypte et ailleurs. Malgré cela, l’ONU a certainement contribué à la promotion des droits humains universels et constamment plaidé en faveur de la bonne gouvernance, la réduction de la pauvreté et l’égalité entre les sexes. Mais le fait que l’ONU soit une organisation inter-gouvernementale l’oblige à opérer dans un cercle vicieux: travailler avec toutes sortes de gouvernements, y compris des régimes corrompus et dictatoriaux, tout en ayant le mandat de promouvoir le développement et les droits humains pour tous. Ainsi, chaque fonctionnaire international aspire à être un agent de changement capable d’inspirer une action transformatrice, mais ayant cette peur quasi obsessionnelle d’être considéré persona non grata par ces mêmes gouvernements.

Une perspective au cœur du problème

L’ONU a toujours fonctionné sur la base d’un ensemble de règles et de prescriptions. Si les réglementations sont importantes pour toute organisation, elles ne sont pas en mesure, à elles seules, d’atteindre les valeurs universelles consacrées dans la Charte des Nations unies et les autres instruments internationaux pertinents. Les bureaux de l’ONU manquent terriblement d’agents de changement. En outre, le climat de travail lui-même est trop dominé par la crainte de commettre des erreurs, une peur parfois paralysante. La créativité, l’innovation et l’entrepreneuriat social sont en train d’étouffer sous le poids de trop de réglementations. Même les tentatives de «réforme» se résument à ajouter une autre couche de réglementations.

D’abord travailler sur le «pourquoi» avant de suggérer le «quoi» et le «comment»!

La majorité des documents et l’attention des Nations unies sont dirigés vers le «quoi» et le «comment». Quels résultats doivent être atteints et comment y parvenir? Malheureusement, trop peu d’attention est accordée au «pourquoi». La vision et les engagements pour réaliser cet objectif sont de plus en plus pensés comme moins pertinents, alors qu’en fait, il faut toujours se focaliser sur le pourquoi avant de commencer n’importe quelle entreprise. L’ONU a un besoin urgent d’inspirer à nouveau l’ensemble du système avec la vision des droits humains, la paix et la justice, l’égalité et la prospérité pour tous. Cette vision va au-delà des règlements et ne peut pas être atteinte par des outils de suivi et d’évaluation classiques. Sans la renaissance de la vision, l’ONU ne pourra pas opérer une réelle transformation, malgré tous les efforts et peu importe le nombre de nouveaux slogans.

Comment passer d’une organisation au service des gouvernements à une organisation au service des peuples et des nations?

L’Organisation des Nations unies devrait, par essence, être au service des «nations» et non des gouvernements ou des régimes particulièrement autoritaires. Il y a un besoin urgent d’un changement de paradigme qui permettrait d’assurer la loyauté de tous les fonctionnaires et des structures civiles de l’ONU à un code d’éthique des plus élevés. Ce code doit aller au-delà des micro-éthiques à des valeurs fondamentales d’intégrité, de justice et de responsabilisation des personnes. Ce code devrait gérer les dilemmes éthiques de la rédaction de rapports crédibles vis-à-vis de ceux qui sont politiquement corrects. Il faut un code professionnel plus important de l’éthique qui veille à ce que toute personne qui travaille pour l’ONU travaille pour les peuples et non pour leurs gouvernements.

Prise en compte de l’être humain comme une entité plutôt qu’à travers les filtres des mandats et des sources de financement

Un être humain est un tout faisant face à divers défis de développement. Dans la majorité des cas, nous ne pouvons pas résoudre un problème sans dénouer les autres problèmes qui lui sont intrinsèquement liés. Il est impératif d’être toujours conscient de la situation dans son ensemble sans se laisser distraire par des compétitions sur les mandats, les ressources, etc. Cette vision holistique est un état d’esprit qui va au-delà des réunions de coordination et d’autres outils de planification. Cette même vision holistique est le seul espoir de produire une véritable réponse coordonnée et synergique pour tous les défis du développement. Il faut comprendre la réalité dans sa globalité et sa complexité afin de parvenir à une véritable vision et action intégrées. Y parvenir reviendrait à œuvrer comme un corps plus dynamique pour une action synergique contribuant à l’édification de nations résilientes.

Le système des Nations unies devrait également intégrer les connaissances émergentes issues de ces révoltes en établissant des relations avec les différentes forces de l’opposition. Une nouvelle Charte peut être nécessaire, y compris un nouveau mandat qui promeut ces relations avec toutes les composantes d’une nation. Prenant en cela l’exemple des médias internationaux et régionaux qui ont gagné la confiance des populations grâce aux relations qu’elles ont établies avec tous les acteurs de la société. Dans un véritable test de leadership,  les médias ont été au côté des foules protestataires, exposant ainsi leur vie pour accomplir leur devoir d’information.

Seule une transformation fondamentale et radicale permettra d’accéder aux valeurs communes de l’humanité. Pour cela, il est impératif de créer une ambiance de travail incitant au courage d’exprimer une nouvelle vision de l’avenir et de défier le statu quo afin de favoriser de nouvelles solutions et un engagement intègre et authentique pour défendre les valeurs universelles à n’importe quel prix !.

K.T.M.  
PhD

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1 Commentaire
Les Commentaires
adil - 19-10-2015 01:51

Treve de reveries Madame! Ou avez-vous donc vu des revolutions?Les Lybiens,les Syriens,les Yemenites ,les Egyptiens demandent qu on bannisse ce vocable qui ne signifie pour eux que le plus grand malheur.Les Tunisiens n ont echappe Dieu merci,au malheur semblable que parce que l Egypte l a arrete chez elle.Revenez un peu sur terre,il vous suffit de regarder les chaines d information pour voir 24 heures sur 24 le delitement et l aneantissement des Arabes par les Arabes.Quant a l ONU,elle n a jamais autant merite son nom de "machin" selon De Gaulle .Elle est depuis si longtemps le jouet exclusif des seuls interets des grandes puissances,que vous devez etre bien seule parmi les sous-developpes que nous sommes ,a accorder encore quelque credit a ses professions de foi .

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