Success Story - 14.02.2015

Fakher Naghmouchi: Les écoles des régions de l’intérieur, aussi, sortent des compétences !

Les écoles des régions de l’intérieur, aussi, sortent  des compétences !

La décentralisation, un choix qui continue de faire ses preuves!  Devant un amphithéâtre archi comble de la faculté de pharmacie de Monastir, un jeune étudiant tunisien de 24 ans, Fakher Naghmouchi, a brillamment défendu le 10 février le travail académique qu’il a réalisé pour l’obtention du diplôme national de docteur en pharmacie au titre de l’année universitaire 2013-2014. La thèse, c’en est justement une, a traité du «développement galénique d’un comprimé à libération immédiate à base de diclofénac et d’un extrait de plante à effet anti-ulcèrogène ». 

Encadré par le Pr Agrégé Imène Limayem Blouza et l’Assistant Universitaire Mohamed Ali Lassoued, le jeune docteur en pharmacie, un érudit des laboratoires, a mis en évidence que « l’utilisation du diclofénac dans les affections rhumatismales peut entrainer à long terme une toxicité gastro-intestinale allant jusqu’à l’ulcère ». Ce constat a mené notre jeune pharmacien à « développer une association médicamenteuse du diclofénac et d’un mucoprotecteur naturel (extrait de Rhus tripartitum) et par là même à développer un comprimé à libération conventionnelle. Ensuite, une étude préliminaire a été conduite pour fixer la formule qualitative du comprimé et les différentes étapes de fabrication. Les comprimés obtenus ont été étudiés du point de vue uniformité de masse, temps de délitement, uniformité de teneur, dureté et friabilité. Leurs profils de dissolution ont été également tracés et comparés entre eux. Enfin, des comprimés à base de l’association diclofenac et extrait ont été préparés selon la formule optimale choisie et ont subi les différents essais de pharmacotechnie ».   
 
Fakher a enfin conclu que « les comprimés fabriqués répondent bien aux exigences de la pharmacopée. L’efficacité de l’association médicamenteuse reste à évaluer in vivo par une étude pharmacologique ».
 
Le jury ayant discuté la thèse et qui était composée des professeurs Souad Sfar (présidente), Farhat Farhat, Imen Limayem Blouza et Mohamed Ali Lassoued a accepté le travail avec « mention très honorable, félicitations du jury et proposition de prix ».
 
Le plus important dans cette réussite est ailleurs. Il est dans le déroulement de la scolarité de ce jeune. Contrairement à ce que l’on peut penser, Fakher ne vient pas d’une famille riche et n’est pas originaire de Tunis, du Sahel, ni de Sfax. Il est issu d’une famille faisant partie de cette classe moyenne dont toute la Tunisie s’enorgueillit. Croyant dur comme fer que l’instruction est un ascenseur social sur, les parents du jeune docteur, un commerçant et une fonctionnaire, ne lésinaient point sur les moyens qu’ils consacraient à l’enseignement de leurs enfants et particulièrement à l’ainé qu’est Fakher. Leur rendant la monnaie, celui-ci réussit ses études primaires et offre à ses parents le meilleur cadeau qu’un enfant peut leur faire : réussir brillamment sa « neuvième » aller au lycée pilote, rafler le bac et se faire orienter vers la pharmacie.
 
Ce n’est pas tout. La réussite a d’autres facettes, j’en retiens celles de la décentralisation et de la démocratie de l’enseignement. En effet, Fakher est issu d’une région intérieure de l’ouest, généralement présentée comme pauvre et marginalisée. C’est dans une école primaire et un collège de cette même région qu’il a fait ses études et les a brillamment réussies. Quant aux études secondaires, il les a faites dans un lycée pilote dans une région avoisinante, présentée, elle aussi, comme pauvre et marginalisée. Décrochant son bac avec brio, il choisit de poursuivre ses études supérieures à Monastir, une autre région de l’intérieur. Les écoles, collèges, lycées et facultés qui sortent les cadres et les lauréats ne sont pas uniquement dans les grandes villes et les régions côtières. Grace à la décentralisation pratiquée depuis belle lurette, nos régions de l’intérieur compétitent à chances égales avec les autres régions, ne serait-ce que dans le domaine de l’instruction. Malgré les tares qu’il comporte, notre système éducatif public continue de produire et de la meilleure façon possible.
 
Autre chose avant de finir, notre jeune docteur en pharmacie a travaillé sur une plante qui pousse dans sa région, il a développé un médicament qui doit combattre l’ulcère, maladie malheureusement assez répandue dans sa région.
 
C’est aux pouvoirs publics maintenant de boucler la boucle, c'est-à-dire en érigeant, dans les régions de l’ouest,  les laboratoires nécessaires pour que Fakher et ses semblables puissent y approfondir leurs recherches.
 
Mohamed Laroussi Ben Salah, journaliste.
 
Tags : fakher-naghmouchi