News - 11.11.2014
Sécurité : Ce que la France propose à la Tunisie, ce qu'elle lui demande
Deux préoccupations majeures, un engagement et une disponibilité : c’est ce qui anime la France dans sa coopération sécuritaire avec la Tunisie. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve a eu l’occasion de s’en entretenir lundi à Tunis avec ses homologues Lotfi Ben Jeddou et Ridha Sfar, ainsi que le chef du gouvernement, Mehdi Jomaa.
Terrorisme et émigration clandestine constituent les deux grands dangers à endiguer par divers moyens, notamment le renforcement des échanges de renseignements. La formation, tant pour les forces de sécurité que pour la sécurité civile et la gestion de crises, avec un accompagnement par le biais de l’ENSOP à la création d’une école nationale spécialisée en Tunisie : la France s’y en engage. La disponibilité, c’est celle des entreprises françaises spécialisées dans la fabrication de matériels de sécurité – et non de guerre, précise Cazeneuve – et pouvant répondre aux marchés d’équipements lancés par la Tunisie. Il s’agit notamment du processus biométrique, contrôle des frontières, équipements de radio-transmission et autres. A cela s’ajoute, sur un autre registre, une facilitation de l’octroi des visas et de l’accueil des étudiants tunisiens en France.
"Agir ensemble"
Voilà, pour l’offre, reste la demande. Le ministre français de l’Intérieur n’y est pas allé par quatre chemins. Comment la Tunisie peut mieux contrôler ses frontières, tant pour le départ des émigrés clandestins vers l’autre rive de la Méditerranée que des combattants jihadistes en Syrie et en Irak, assurer un traitement approprié, judiciarisé de ceux qui sont de retour, contribuer à la déradicalisation des jeunes et, d’une manière plus large, s’attaquer au crime organisé, au trafic de la drogue et à la cybercriminalité. Tout est là ! La France agit fortement pour le démantèlement des filières d’émigration clandestine et de criminalité. Elle a ainsi pu accroître sa performance démantèlement de 30% entre 2013 et 2014.
C’est toute cette expérience qu’elle entend partager avec ses partenaires, dont la Tunisie et le ministre Cazeneuve a expliqué à ses interlocuteurs la démarche entreprise dans l’hexagone et en Europe. La judiciarisation commence avec le signalement des combattants étrangers identifiés en Syrie et en Irak, voire sur les frontières turco-syriennes, l’établissement d’un fichier spécifique qui peut être mis en rapprochement avec un fichier de tous les passagers qui fréquentent un aéroport de l’espace Shengen, une sorte de Passengers Name Record, permettant la traçabilité des mouvements.
Pour la prévention du départ au Jihad, Bernard Cazeneuve a indiqué que la stratégie française commence à porter ses fruits. Bâtie autour du signalement par les familles de leurs enfants tentés par le départ. Une plateforme a été mise en place en février dernier et a reçu depuis lors plus de 550 signalements qui sont immédiatement pris en charge en régions. L’ensemble des administrations se mobilise pour examiner de près les motivations (échec scolaire, chômage, fragilité psychologique, dislocation de liens familiaux, etc.) et s’employer à faire éviter le départ. D’autres actions sont entreprises pour la déradicalisation, dans les prisons ainsi que les milieux des jeunes. « Nous avons des Franco-Tunisiens qui peuvent être concernés, c’est pourquoi nous devons agir ensemble », affirme-t-il.
C’est cet « agir ensemble » qui devient le maître mot de la coopération sécuritaire tuniso-française. Un concept qui s’étend au-delà de la formation, des équipements et du renseignement à la mise en commun d’efforts opérationnels sur divers fronts. Quid de la Libye, Bernard Cazeneuve restera avare en informations utiles, bien que le sujet ait sans doute été au cœur-même de ses entretiens à Tunis.
Tags : Bernard Cazeneuve
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