News - 22.07.2014
Décès de Hassen Abbas, éminent journaliste et diplomate des années de l'indépendance
Une grande figure de la presse et de la diplomatie tunisiennes, Hassen Abbas, nous a quittés ce 21 juillet 2014, à l’âge de 86 ans. Engagé dans la lutte nationale, dès sa prime jeunesse, journaliste à Assabah, début des années 1950, rédacteur-en-chef adjoint du journal parlé de la Radio tunisienne, il rejoindra, en 1970, la diplomatie tunisienne alors à la recherche de bons communicateurs. Tour-à-tour, il ira en poste à Genève, Madrid, Le Caire et Toronto, notamment.
Très jeune, engagé dans le mouvement national, il rallie, dès 1951, les premières équipes de militants férus de journalisme, qui intègrent le journal Assabah, porte-parole du Destour. Aux côtés des 3 Habib, Cheikhrouhou, Chatty et Boularès, et sous la houlette de Hédi Laabidi, il s’adonnera, 10 ans durant, pleinement à sa passion, vivant au cœur des évènements historiques.
Aux premières loges, il en était le témoin : le dernier quart d’heure pour l’Indépendance, la visite de Mendès France, le 1er juin 1955, le protocole du 20 mars 1956, le Congrès de Sfax en novembre 1955, moment inoubliable pour lui, la proclamation de la République, la Constitution de 1959, Bizerte… Ses reportages, interviews, enquêtes et commentaires ont écrit une partie de l’histoire de cette époque si riche, si mouvementée.
Un coup de foudre qui dura 50 ans
C’est à cette époque-là qu’il fera la connaissance d’une brillante consœur, Christiane Darbor Couerbet. C’était en 1958, elle arrivait du Maroc à Tunis pour couvrir une réunion maghrébine. Il succombera rapidement à son irrésistible charme. Et réciproquement, pour ne plus se quitter. Tous deux se trouvent pris dans ce grand tourbillon, partageant la même passion. Leur bonheur se poursuivra 50 ans durant.
Dès 1961, il est appelé à la Radio tunisienne, d’abord en tant que Conseiller puis en qualité de rédacteur-en-chef du journal parlé arabe. Quand on connaît l’actualité de ces premières années de l’indépendance, l’impact de la radio et l’exigence de Bourguiba, on mesure la lourde responsabilité qui lui tombait sur les épaules. Avec son sens de la mesure et sa sagesse, il s’en sortira à merveille ce qui lui vaut d’être nommé à la tête de la station en langue française de Radio-Tunis. Là aussi, il excellera. On lui doit notamment cette magnifique série « Connaissance de la Tunisie » enrichie par la musique tunisienne de Mannoubi Snoussi, les chroniques de Othman Kaak, bref, de vraies pépites.
Même en poste, il est rattrapé par l’actualité
Là aussi, le cycle de 10 ans, dans la carrière de Si Hassen Abbas, semble fonctionner. C’est ainsi qu’il rejoint dès 1970, le ministère des Affaires étrangères, pour une longue carrière diplomatique jusqu’à la retraite. L’ardeur et le plaisir de travailler avec de grands ambassadeurs, notamment de la trempe de Taieb Slim, Mohamed Ben Fadhl, Néjib Bouziri et Taieb Sahbani, n’avaient pas d’égal. Il croyait atterrir dans des postes feutrés, le voilà rattrapés par l’actualité. A Genève, les agences de l’ONU sont en effervescence, au Caire, c’est la guerre du Ramadhan, à Madrid, c’est la mort de Franco et à Ottawa, la montée de Trudeau. Même les quelques coupures de retour au Département à Tunis, où Si Hassen Abbes prend la direction Afrique Asie, s’avèrent mouvementées mais il gardera d’inoubliables souvenirs de ses missions, notamment au Japon et en Corée.
Savourant sa douce retraite à Tunis, dans cette magnifique maison familiale construite par le père Cheikh Mohamed Abbès, à Montfleury, Hassen et Christiane dédient leur temps à la famille et aux amis. Jusqu’à ce 20 mai 2009, quand Christiane fut arrachée à l’affection de tous. Les siens sont certes inconsolables, mais son souvenir demeurera vivace. Le voilà la rejoignant, cinq ans après, en ce 21 juillet 2014.
Taoufik Habaieb
Tags : Taieb Slim
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Les Commentaires
mohamed Abdelkefi - 23-07-2014 10:43
Que Dieu le reçoive dans sa misericordes. Je suis fier de l'avoir eu comme ami depuis le journal assabah. Il a répondu à mon appel pour faire parti des participants au festival de la jeunesse pour la paix organicé à Varsovie en pleine effervescence de la lutte nationale années 50. Durmiere rencontre à Madrid oú je m'exilais et malgrè celà il n'a pas hésité de me voir et même m'aider administrativement. Un grand patriote s'en va allah yarhamou.
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