Tunisie-Afrique : des accords à la pelle qui risquent de rester lettre morte
Combien coûte l'ouverture d'une ambassade en Afrique subsaharienne? Selon le ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, à peine 400 mille dinars par an (tous frais payés: loyer du local, salaires et frais de fonctionnement), autant dire des vétilles par comparaison avec nos ambassades installées ailleurs.
Pendant près d'un quart de siècle qui coïncide avec où période de Ben Ali était au pouvoir de 1987 à 2011, la Tunisie a carrément tourné le dos à l'Afrique subsaharienne. Il lui est même arrivé même arrivé d'être représentée à un sommet de l'OUA par un...attaché d'ambassade. Aujourd'hui, notre pays renoue avec ses attaches africaines à l'occasion de la tournée du président provisoire de la république qui a eu la bonne idée de se faire accompagner d'une centaine d'hommes d'affaires. S'il y a un enseignement à tirer de ce périple , c'est l’urgence qu’il y a à ouvrir davantage d’ambassades dans des pays qui enregistrent depuis une dizaine d’années des taux de croissance à deux chiffres. Actuellement, nous disposons de huit ambassades seulement dans ces contrées, concentrées essentiellement en Afrique occidentale (Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Congo démocratique, Cameroun, Nigéria, Afrique du sud et Ethiopie), alors que des pays comme le Maroc, l’Algérie et surtout l’Egypte y sont fortement implantées et depuis longtemps.
La suppression de visas et la conclusion de 35 accords ans des domaines aussi divers que la géologie, les mines et l'énergie, l'enseignement et la recherche scientifique, les exportations, les assurances, le commerce, l'artisanat, la santé, la poste outre les services bancaires, seraient inopérantes faute de missions diplomatiques sur place pour accompagner nos hommes d'affaires, de banques pour financer leurs activités sur place et des lignes aériennes directes. Au lieu de renforcer son réseau jusqu'ici squelettique en Afrique, Tunisair a inauguré dernièrement deux vols hebdomadaires Tunis-Irbil, capitale du Kurdistan irakien qu'elle s'était empressée de fermer quelques jours plus tard pour cause de tensions dans la région.
ll n’est pas indifférent de noter que malgré tous ces handicaps, les entreprises qui se sont installées en Afrique (notamment celles exerçant dans les travaux publics et la consultance) n'ont pas eu à le regretter puisqu'elles sont parvenues à y décrocher d'importants marchés contrats, notamment la construction d’autoroutes en Côte d’Ivoire et au Tchad en dépit d'une forte concurrence des Marocains.