News - 30.11.2009

Le Tunisien Samir Ghrib élu l'Entraîneur de l'année au Canada en 2009

L’Aid a un goût agréablement particulier cette année pour notre compatriote à Québec Samir Ghrib. Il vient en effet d’être sacré Entraineur de l’Année 2009 au Canada, sur les scènes universitaire et civile de soccer. Entraineur Rouge et Or de l'Université Laval, il récolte les fruits d’un long parcours d’effort.

« C’est flatteur, dira-t-il, de recevoir la reconnaissance de ses pairs. Ça reflète le résultat de dix ans de travail. Dans le sport, pour gagner, ça prend un personnel d’entraîneurs fort. Les clefs du succès sont le travail et l’humilité. Si tu ne travailles qu’à 50 % de tes capacités, tu n’auras pas 100 % du résultat. Si tu travailles à 100 %, peut-être que tu atteindras le 100 % du résultat. C’est cette philosophie que je prêche. Ma motivation est de voir les jeunes grandir à travers les obstacles.» La presse canadienne est unanime à lui rendre hommage. Extraits du témoignage de notre confrère Mikaël Lalancette, du quotidien Le Soleil.
 

"La consécration nationale de l'équipe masculine de soccer Rouge et Or de l'Université Laval comble de bonheur l'entraîneur Samir Ghrib. Une décennie à mettre sur pied une tradition gagnante de soccer dans la région de Québec a enfin porté ses fruits. Pour y arriver, le Tunisien de 46 ans n'a fait que vivre sa passion.

Lorsqu'on demande à la jeune fille de Ghrib ce que fait son papa dans la vie, elle répond sans détour qu'il «regarde des matchs». Dans une année «normale», celui qui est aussi à la barre du Royal-Sélect de Beauport en voit entre 120 et 130. S'il n'est pas sur le terrain du PEPS ou un autre de la région à épier des joueurs qu'il dirigera peut-être un jour, il en regarde à la télévision.

«Avant je les regardais en direct. Avec le temps, j'ai appris à décrocher. Maintenant, je les enregistre», dit celui qui considère sa famille comme un pilier.

Son arrivée

Ghrib est débarqué à Québec avec le «passeport de la vie», les études que ses parents lui ont payées. Il a fait partie de la première génération de Tunisiens à parler l'arabe et le français, après que le ministre de l'Éducation nationale, son grand-père Mahmoud Messaâdi, eut instauré l'apprentissage du français comme langue seconde, en 1957. Les études ont donc toujours eu une place de choix dans la famille.

En Tunisie, impossible de jouer et d'étudier en même temps. Sa grand-mère, Chérifa Messaâdi, première femme arabe et africaine syndicaliste, a contacté un ami ambassadeur, qui lui a parlé des possibilités du Canada.

9 janvier 1984. Samir Ghrib, 20 ans, déposait sa valise ici en pleine tempête de neige. Il est vite atterri chez les Caravelles de Sainte-Foy. Quelques semaines plus tard, un adversaire lui infligeait sa première blessure. Un certain Sam Hamad!

Difficile, l'adaptation au Québec? «Avec le soccer, ça n'a jamais été difficile. À la fin du mois, j'ai dit à mes parents que je ferais ma vie ici.»

Malgré des études de maîtrise en affaires étrangères à l'Université Laval et un stage fructueux à la radio de Radio-Canada à Québec, Ghrib a refusé un poste à Ottawa pour rester à Québec et lancer sa propre école de soccer.

Le succès

Il a grimpé les échelons un à la fois. Il est passé par le Dynamo de Québec, les Élans de F.-X.-Garneau et a finalement réalisé son rêve, piloter un jour l'équipe de soccer de son alma mater, le Rouge et Or.

«On a cru en moi et on m'a dit de prendre mon temps. Puis, on s'est assuré d'avoir un bon recrutement en s'associant avec le soccer civil à Beauport. C'était la clé.»

Après avoir raté les séries éliminatoires cinq années consécutives, il a atteint le championnat national lors des cinq suivantes. Le 15 novembre dernier, il a gagné sa première finale canadienne contre McGill 3-2, après avoir tiré de l'arrière 2-0. En cinq minutes, la colère, puis la joie d'être champions. Un pas de plus vers l'objectif, «faire de Laval une dynastie du soccer universitaire canadien».

En 2000, le Rouge et Or avait un visage international, formé à 80 % d'étudiants étrangers. Neuf ans plus tard, la proportion est inversée. «Au début, les Québécois avaient des complexes face aux communautés culturelles. Maintenant, tout ça est disparu et ils ont développé un sentiment d'appartenance», dit-il, soucieux du concept d'esprit de famille dans son groupe de joueurs.

S'il a réalisé tous ses rêves, il ajoute maintenant celui de l'arrivée d'une équipe semi-professionnelle de soccer masculin à Québec. «C'est la suite logique de la réussite du modèle après le niveau universitaire», explique-t-il.

C'est le chaînon manquant de la dynastie rêvée par Samir Ghrib."

Mikaël Lalancette
Le Soleil