Lu pour vous - 23.11.2009

Kairouan, un musée à ciel ouvert

Les festivités organisées depuis le début de l'année à l'occasion de la proclamation de Kairouan, capitale de la culture islamique ont  été une occasion de renouer avec le passé glorieux de cette ville, première capitale de l'Occident musulman, fondée en 670 par Okba Ibn Nafaa et point de départ des grandes conquêtes arabes dans la région: Maghreb, Andalousie, Sicile avant de devenir le principal centre de rayonnement religieux et culturel au Maghreb. Au cours de sa longue histoire, la ville a connu des fortunes diverses. Successivement capitale des Aghlabides, des Fatimides (avant la fondation de Mahdia) et des Zirides, la ville a été détruite par les hordes hilaliennes qui n'ont épargné ni la ville, ni ses habitants. Des destructions dont elle ne se relèvera que progressivement à partir du XIIIème siècle, sous les Hafsides, mais sans, pour autant, retrouver son lustre d'antan. Et bien qu'elle ait conservé son prestige de première capitale du pays, elle sera définitivement détrônée par Tunis. 

Un beau témoignage sur un patrimoine très riche

Mais, en dépit des vicissitudes, le nom de Kairouan, reste lié, au même titre que Carthage et Tunis, aux grandes heures de notre histoire. Ses édifices religieux et notamment l'inégalable Grande-Mosquée, font d'elle un véritable musée à ciel ouvert. Inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, elle a retrouvé une seconde jeunesse grâce à la sollicitude de l'Etat et à l'amour que lui vouent ses enfants. Ibrahim Chabbouh, Kairouanais pur jus et le fondateur de l'Association de sauvergarde de la ville est un spécialiste connu et reconnu de l'archéologie islamique. Installé depuis de longues années à Amman où il dirige l'Institution royale de la pensée islamique (El Beit), il a tenu à apporter sa contribution au travail de mémoire entrepris depuis de longues années pour  faire connaître le patrimoine de la ville et ses monuments. Son dernier ouvrage, "Kairouan à travers les cartes postales parues entre 1895 et 1940" édité chez Alif (1) est un beau témoignage sur un patrimoine très riche. les illustrations reproduites qui appartiennent pour l'essentiel à l'auteur, toutes d'une excellent qualité, sont accompagnées de commentaires en arabe et en français. Un seul bémol: on ne nous dit pas si les monuments présentés existent toujours, et dans l'affirmative, dans quel état de conservation, ils se trouvent. Dommage, car l'auteur, du fait de sa formation, était bien indiqué pour mener à bien cette tâche. Et puis, cela aurait permis de sauver d'attirer l'attention sur quelques édifices en péril (il y en a certainement) et de les sauver éventuellement. Une lacune qui sera peut-être comblée dans une version "enrichie" par d'autres illustrations, que l'auteur appelle de ses voeux, "quand la maison d'édition Alif sera parvenue à collecter l'ensemble des cartes publiées jusqu'à la deuxième guerre mondiale"