Opinions - 30.01.2014

Le gouvernement de Mehdi Jomaa et après!?

Ce mercredi 30 janvier 2014 marque l’entrée effective des membres du gouvernement Jomaa dans leurs fonctions. Tout au long de la journée d’hier ils vivaient sur un nuage transportés par une atmosphère nimbée comme irréelle. Prenant possession aujourd’hui de leurs bureaux, humant l’air de leur nouvel environnement, faisant connaissance avec  leurs collaborateurs, s’attelant à leurs nouvelles tâches, répondant au téléphone qui ne cesse de sonner, faisant pour certains l’apprentissage de l’administration tunisienne, ils sont pris dans le tourbillon vertigineux de l’action. Ne dit-on pas d’un grand travailleur qu’il a l’emploi du temps d’un ministre.

Même s’ils ne doivent pas se pincer pour réaliser qu’ils sont ministres, ils sont conscients de la lourdeur des responsabilités qui leur incombent désormais. De plus ils ne disposent pas du temps car ils sont là liés par un contrat à durée déterminée. A tout casser 11 mois, ce qui est peu, très peu. Surtout au regard des problèmes immenses et des difficultés aiguës que le pays traverse. Auront-ils le délai de grâce des cent premiers jours comme dans d’autres gouvernements. Il est peu probable qu’ils l’aient. Le débat sur l’investiture à l’Assemblée nationale constituante leur a donné un avant-goût de ce qui les attend. Le président provisoire de la République leur a tracé le cadre peu reluisant des «humeurs et des rumeurs» qui va leur être réservé. Et qui décourage plus d’un. Ils sont prévenus. Peu ou prou, ils sont obligés de s’adapter. «De faire contre mauvaise fortune bon cœur». Une mer tumultueuse est devant eux, derrière il n’y a que leurs diplômes et leur expérience ainsi que leur savoir–faire  et leur capacité à conduire des hommes et des femmes, qu’ils sont appelés à mobiliser et sans lesquels rien ne pourra être possible.

Les premières nouvelles qui tombent, dont notamment l’accord du FMI d’accorder  à la Tunisie un prêt d’un demi milliard de dollars sont bonnes. Enfin le message que ce gouvernement de compétences a lancé au monde au lendemain de l’adoption et de la ratification de la nouvelle Constitution a donné ses premiers fruits. Les Etats unis par la bouche du deuxième personnage de l’administration, le secrétaire d’Etat John Kerry ont redit leur soutien à la réussite de la transition démocratique, encouragés qu’ils étaient de ces indéniables avancées en Tunisie. Le Président français, François Hollande s’est félicité des bonnes nouvelles venant de l’autre rive de la Méditerranée, soulignant que la France sera aux côtés de la Tunisie pour construire sa démocratie. Les autres pays européens comme l’Union Européenne lui ont emboîté le pas, heureux qu’ils sont que le pays qui a conduit les «printemps arabe» est en train de réussir son processus de transition, alors que de partout ailleurs les nouvelles  qui arrivent sont mitigées pour ne pas dire carrément mauvaises.

 De par le monde, du Maghreb, d’Afrique et d’ailleurs à l’exception notable du monde arabe où l’exemple tunisien est accueilli avec suspicion, les réactions  sont euphoriques. Les organisations internationales, l’ONU en tête mais aussi les institutions de Bretton Woods, le FMI et la Banque Mondiale ne sont pas en reste. C’est d’elles que sont parvenues déjà les premières bonnes nouvelles. Car l’expérience tunisienne, pour réussir aura besoin, de la cohésion des Tunisiens, c’est certain. Mais aussi du soutien agissant des pays frères et amis et des organismes financiers internationaux. Il semble que ce soutien ne lui manquera pas.

R.B.R.