Taoufik Habaieb: Les raisons d'y croire

Seul un commandement politique ferme, uni, soutenu par un large consensus est en mesure de faire avancer la Tunisie avec célérité et succès sur cette dernière ligne droite vers les élections. Il faut y croire et y œuvrer.

Le terrorisme qui a montré sa sauvagerie au Chaâmbi et ailleurs fait planer sur le pays de lourdes menaces. Pour y faire face efficacement, les forces armées et sécuritaires ont besoin du soutien de ce commandement politique.

L’Assemblée nationale constituante doit finaliser la constitution, la loi électorale et la composition de l’ISIE afin de pouvoir clôturer ses travaux, le 23 octobre prochain au plus tard. Sans une concordance politique sur les divers points d’achoppement et l’impulsion de ce commandement uni, elle risque de s’enliser dans des tiraillements périlleux.

La situation économique et financière est des plus inquiétantes. Tous les clignotants sont au rouge. Les finances publiques comme l’entreprise en sont fortement impactées. Les premiers facteurs déclencheurs de la révolution que sont le chômage et les disparités régionales ne trouvent encore aucune réponse. Un gouvernement de compétences indépendantes, dédié à l’arrêt de l’hémorragie et à l’amorce du redressement, s’impose en grande urgence. En plus de cette tâche fondamentale, il aura une autre, déterminante.

Le parcours qui reste jusqu’à la tenue des élections est on ne peut  plus sensible et décisif. Il s’agit de le prémunir contre les divers risques sécuritaires, sociaux et politiques qui le guettent et de réunir en sa faveur l’environnement le plus propice pour le déroulement des scrutins en toute transparence et indépendance, n’admettant aucune contestation possible.

C’est la mission essentielle du gouvernement non partisan à mettre en place le plus tôt possible.  Elle ne sera pas facile à accomplir et exigera un soutien total du commandement politique uni, mais aussi l’appui des grandes organisations nationales, notamment l’UGTT et l’UTICA, et de la société civile.

Une trêve sociale, sur la période la plus longue possible, en tous les cas au moins tout au long de l’année 2014, c’est-à-dire jusqu’à l’investiture des nouveaux pouvoirs issus des prochaines élections et leur entrée en fonction,  constituera l’écot à payer pour la réussite de la transition démocratique.

Dans cet équilibre fragile, la Tunisie est aujourd’hui à la recherche de ses appuis pour traverser avec le minimum de dégâts et le maximum de chances possibles l’ultime étape qui déterminera la réussite de sa révolution. Au milieu des multiples menaces et risques, la lueur du succès pointe à l’horizon. Tout est dangereux, mais tout peut devenir possible. Il n’appartient qu’à la classe politique de prendre courageusement les décisions qui s’imposent, d’intaurer la concorde indispensable et de hisser la patrie au-dessus des partis.

C’est aussi le moment pour la communauté internationale d’exprimer fortement sa solidarité agissante avec la Tunisie, en s’abstenant de toute interférence interne, en apportant généreusement sa contribution à la relance de l’économie, la mobilisation des ressources financières nécessaires et en suscitant les investissements directs étrangers, publics et privés en Tunisie, aujourd’hui plus que jamais.

L’espoir est permis.

Taoufik Habaieb