De l'honneur et de la morale en politique
Par ces temps si troubles où la confusion règne et les valeurs sont inversées, il devient impératif de démêler le vrai du faux. L’ANC n’est plus légale depuis le 23 Octobre 2012, puisqu’un accord préalable a été solennellement signé sur sa durée (un an) par toutes les parties concernées. Or un accord signé est supérieur à toute autre disposition « légale », au moins sur le plan moral et la politique est morale ou elle ne l’est pas. En fait l’ANC n’est pas seulement illégale, mais illégitime. En effet, la légitimité requiert que l’on remplisse d’autres conditions que la légalité formelle dont le sens de l’honneur et du devoir, la conformité de l’action par rapport à la justice et au bien public, l’efficacité, le respect de la parole donnée, etc. A aucun moment, l’ANC n’a été en mesure de remplir ne serait-ce une de ces conditions, ni d’ailleurs la présidence provisoire de la république ou le gouvernement. Dans ces conditions et s’agissant de nos actuelles institutions, qui peut décemment défendre leur légitimité ? Aucun être sensé, pas même les dirigeants de la troïka qui savent au fond d’eux-mêmes que l’ANC est devenue illégale et illégitime depuis longtemps.
Ce qui retarde l’échéance et plonge le pays dans le chaos et la désagrégation n’est pas la peur du vide, ni l’évolution du rapport de forces entre ceux qui exigent la dissolution de l’ANC et de ses appendices et les autres, puisque la justice d’une cause ne se mesure pas au nombre de ceux qui la défendent mais à la nature de la cause elle-même. Ce qui retarde l’échéance est bien le penchant de certains à la compromission et la multiplication du nombre d’intercesseurs dont on se demande en faveur de qui intercèdent-ils. Ces maquerelles politiques, ces pyromanes qui s’ignorent, ces égocentriques qui courent en direction des feux des sunlights comme ne le feraient même pas les starlettes de bas étage, doivent être dénoncés fermement comme des marchands d’illusion et de dangereux séditieux. Il me vient à l’esprit, à leur propos, la fameuse répartie de Winston Churchill apostrophant le premier ministre britannique de l’époque, Neville Chamberlain, signataire « soulagé » des accords de Munich, ainsi : « Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre ».
La légitimité n’est pas du côté de ceux qui crient au respect de la légitimité pour cacher leurs méfaits et leur incurie, mais bien du côté de ceux qui dénient à l’ANC et à ses appendices toute prétention à la légitimité. La légalité n’est pas du tout du côté de ceux qui l’ont foulée aux pieds, mais de ceux qui veulent la rétablir. Il ne faut pas que le tintamarre politique et médiatique cache ce qui est évident, limpide, morale, honorable et juste.
Habib Touhami