News - 13.02.2013

Béji Caïd Essebsi : oui, la Constituante a perdu sa légitimité

«Sous sa forme actuelle, le gouvernement  n’est plus en mesure de diriger le pays. C’est aussi le cas pour l’Assemblée constituante qui ne peut plus poursuivre ses activités parce que son échec est patent». Au lendemain de l’assassinat du martyr Chokri Belaïd, le président de Nida Tounès avait tenu les mêmes propos, sans qu’on sache s’il fallait les mettre sur le compte de l’émotion suscitée par l’attentat ou s’ils reflétaient sa pensée profonde.

Tout en abondant dans le même sens, Béji Caïd Essebsi a tenu, dans une interview au journal El Maghreb, publiée mercredi  à préciser sa position : « l’ANC a perdu toute légitimité. Nous avons voté pour une assemblée en vue de rédiger une constitution dans un délai d’un an. Or nous avons dépassé ce délai de plusieurs mois et l’Assemblée est encore loin de terminer la tâche qui lui a été assignée. La seule alternative qui s'offre à elle est, soit de se consacrer essentiellement à la rédaction de la constitution, soit de se saborder (...) L’ANC a été élue par le peuple. Aux funérailles de Chokri Belaïd, le peuple a voté contre cette assemblée. L’élan populaire qui s’est produit  le 6 février est d’une ampleur sans précédent. Cela signifie que le peuple s’est prononcé  contre la politique suivie et les institutions qui l’incarnent. Je pense que les élus sont ses patriotes et il leur incombe d’en tirer les conclusions. D’ailleurs, les élus de l’Alliance démocratique ont décidé dans un premier temps de suspendre leur participation aux travaux de l’assemblée, ensuite de démissionner, ce qui mettrait cette institution dans une situation intenable. Il faudrait que les élus prennent exemple sur Hamadi Jebali qui a reconnu l’échec de son gouvernement au lieu de continuer à légiférer comme si de rien n’était».

Il faut au maximum trois mois pour rédiger la constitution

A supposer que l’Assemblée se dissolve, que se passerait-il et faut-il aussi que le président de la république présente sa démission ?

Il faudra un large consensus qui n’exclut personne, à l’instar de ce qui s’est produit, juste après la révolution. Je pense à un gouvernement consensuel. Quant au président de la république, sa démission n’est pas nécessaire.

BCE estime qu’il faut au maximum trois mois pour rédiger la constitution, mais ne dit mot de la partie qui sera appelée à la rédiger. Sera-ce le Congrès de salut public proposé par le Front Populaire ?

L’ancien premier ministre qualifie l’initiative de Jebali de « pas dans la bonne direction », mais refuse de répondre à la question de savoir s’il accepte que ce dernier se succède à lui-même : « c’est une autre affaire ».
Interrogé  sur le projet de loi relatif à « l’immunisation de la révolution », M. Beji Caïd Essebsi a dit que «ce projet  est à l’origine de la crise que nous traversons, parce qu’il a disloqué la société tunisienne alors qu’il fallait unifier les Tunisiens».  Il a également rétéré son appel à la dissolution des ligues de protection de la révolution pour qu’on soit rassuré sur les bonnes intentions de l’équipe dirigeante.