News - 28.01.2013

Offensif, Béji Caïd Essebsi: "Qui êtes-vous pour nous exclure?"

C’est un Béji Caïd Essebsi très offensif qui s’est livré ce dimanche à un réquisitoire en règle contre la Troïka au pouvoir qu’il a accusée de n’avoir tenu aucune de ses promesses,  pour ce qui est ni de la Constitution, ni des élections, ni du développement. « En ce qui nous concerne, nous avons honoré nos engagements. Le pouvoir peut-il en dire autant ? », s’est-il interrogé dans son allocution dans un Palais des congrès archicomble pour la journée « portes ouvertes » marquant le premier anniversaire de l’ « Appel de la Tunisie », acte fondateur du mouvement Nida Tounès.

« Le gouvernant qui ne tient pas parole condamne forcément à mort sa relation avec le gouverné », a-t-il déploré.

Le fondateur et président de Nida Tounes a provoqué l’hilarité de la salle en tournant en dérision le risque de bipolarisation de la vie politique contre lequel des responsables gouvernementaux mettent en garde. « De quelle bipolarisation s’agirait-il lorsque l’un des deux protagonistes est au pouvoir et que l’autre est sous le coup d’un Fatwa d’exclusion ? », a-t-il raillé. Toujours à propos d’exclusion, il a déclaré en substance : « A ceux qui envisagent une loi d’exclusion, je dis : depuis quand existez-vous et qui êtes-vous pour vous permettre de nous exclure ? Qui de nous existait avant l’autre ? Pour autant, je dis et redis qu’Ennahdha continuera de faire partie du paysage politique. Nous disons aussi qu’elle a eu la chance de gouverner mais qu’elle a échoué".

De ce gouvernement qui se prétend légitime, a encore déclaré Béji Caïd Essebsi, on attendait qu’il poursuive le processus de transition démocratique. Or la démocratie ne peut pas être imposée d’en haut. C’est une pratique au quotidien et l’expression d’une volonté sans cesse renouvelée d’honorer des échéances et des impératifs, notamment en termes d’emploi, de développement et de lutte contre la pauvreté. Se réclamer de la démocratie c’est aussi faire en sorte d’avoir une Constitution meilleure que celle de 1959 et d’assurer des élections meilleures que celles du 23 octobre 2011, a-t-il encore déclaré.

Le peuple tunisien croyait que la révolution avait été faite pour la liberté, la dignité et la démocratie et non pas pour réclamer l’application de la Charia et disserter sur le thème de l’identité, a-t-il rappelé, s’emportant : « Nous sommes tous d’accord sur l’identité. Nous sommes musulmans et arabes. Nous sommes musulmans et arabes. Nous sommes musulmans et arabes. Ce n’est pas à eux seuls qu’appartient l’islam car ça fait 14 siècles que la Tunisie est une terre d’Islam ».