Tunis "comprend" la décision malienne "pour faire face aux groupes armés"
Les développements de la situation au Mali et la position de la Tunisie sur la crise dans ce pays ont été au centre d’une réunion restreinte qui a groupé autour des trois présidents, au Palais de Carthage, le ministre de l’Intérieur Ali Larayedh, le ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi, le ministre des Affaires étrangères Rafik Abdesselam et le chef d’état-major interarmes Rachid Ammar.
A l’issue de la réunion, le ministre des Affaires étrangères a donné lecture à une déclaration dont voici le texte :
A la suite des récents évènements survenus en République sœur du Mali et marqués par l’élargissement du champ de la guerre et l’avancée des groupes armés violents en direction de la capitale Bamako, ce qui a entraîné une intervention militaire française à la demande du gouvernement du Mali, la République tunisienne :
• Réaffirme son soutien à la sécurité et à l’intégrité territoriale du Mali frère et condamne toutes les formes de menaces dont il est la cible de la part de groupes terroristes armés ;
• Comprend la décision souveraine prise par le gouvernement malien pour faire face aux périls sécuritaires qui guettent le pays et en particulier la capitale Bamako et appelle au respect de la légalité internationale, notamment les résolutions 2071 et 2085 du Conseil de sécurité relatifs à la République sœur du Mali ;
• Appelle à l’instauration d’un dialogue national généralisé, concomitamment à cet effort militaire, de manière à conjurer les périls et à impliquer les forces nationales qui ne recourent pas à l’usage des armes dans la vie politique ;
• Exhorte les Etats du Sahel africain et le groupe des Etats du Maghreb arabe à fédérer leurs efforts et à harmoniser leurs politiques sécuritaires pour faire front à de tels périls, d’autant que les Etats du Maghreb arabe pourraient subir à tout moment le contrecoup du conflit malien ;
• Condamne l’opération de séquestration de citoyens algériens et de ressortissants étrangers sur la frontière méridionale de l’Algérie par des groupes terroristes armés et exprime sa totale solidarité avec les frères algériens face à cette agression ;
• Met en garde contre les graves conséquences sécuritaires de la crise malienne pour l’ensemble des pays du voisinage, y compris la Tunisie, et exhorte toutes les forces nationales et toutes les composantes de la société civile à assumer leurs responsabilités pour faire face au phénomène de la violence et du terrorisme, relayer les efforts sécuritaires, politiques et assurer la sensibilisation culturelle et religieuse pour isoler les groupes violents.
Ce communiqué confirme la nette évolution de la position tunisienne sur la crise malienne. Rafik Abdesselam avait d'abord exprimé le refus de notre pays de toute intervention étrangère au Mali, avant de faire un virage de 180° le lendemain lors d'une réception à l'ambassade de France que la Tunisie comprenait la position française. Le communiqué va encore plus loin en déclarant que la Tunisie soutenait l'intégrité territoriale du Mali, condamnait «toutes les formes de violence dont il est la cible de la part de groupes armés terroristes» et comprenait «la décision souveraine prise par le gouvernement malien pour faire face aux périls sécuritaires qui guettent le pays». On remarquera également que la France n'est à aucun moment cité cans ce texte.