Ennahdha sacrifie Chabbi pour ne pas lâcher les ministères régaliens
Néjib Chabbi ne fera pas partie du gouvernement d'union nationale projeté. C'est ce qu'a confirmé le président du Conseil de la Choura du mouvement Ennahdha, Fethi Ayadi. « Il a posé des conditions inacceptables pour le mouvement», a précisé M. Ayadi.
Pourtant , le parti islamiste a fait le forcing ces derniers jours pour convaincre le président d'honneur du parti républicain d'entrer au gouvernemement projeté. Rached Ghannouchi a dû même s'entretenir longuement avec lui pendant le dernier week end pour le convaincre de renoncer à ces conditions, allant, selon certaines sources, jusqu'à proposer à son interlocuteur, le soutien de son mouvement aux élections présidentielles. Quelles sont «ces conditions inacceptables?». Confier les ministères régaliens à des personnalités neutres.Ce dont Ennahdha ne veut pas entendre parler. L'insistance d'Ennahdha à attirer dans son giron le parti républicain ne s'explique ni par le poids électoral de cette formation, somme toute modeste surtout après la dissidence de ses meilleurs cadres, ni par le charisme de son leader, mais par le souci d'isoler davantage, Nida Tounès sur lequel le parti islamiste fait une fixation depuis la parution des derniers sondages. Mais cet objectif n'a pas pesé bien lourd en comparaison de l'importance que revêtent ces ministères pour Ennahdha dans la perspective des prochaines élections. Ce qui donne une petite idée sur «le bon usage» qu'il compte en faire. Les autres partis sollicités ont également refusé de rejoindre la troika pour les mêmes raisons. D'où l'appel du conseil de la choura à Ennahdha à poursuivre les consultations pour élargir la coalition actuelle à d'autres partis.De ce fait, il est peu probable que le remaniement soit annoncé le 14 janvier comme prévu initialement.
Présentée comme décisive avant le remaniement ministériel annoncé depuis déjà des mois et, peut-être avant un éventuel changement de cap de l’exécutif en place, la réunion du Conseil de la Choura qui s’est tenue ce week-end à Hammamet n’a donc rien apporté de nouveau, si l'on se réfère à son communiqué final. L’instance se contente surtoutd'exprimer son soutien à l’équipe ministérielle du mouvement, avec à sa tête le chef du gouvernement Hamadi Jebali et lui renouvelle sa confiance, tout en l’engageant à « améliorer son apport pour la concrétisation des attentes des Tunisiens et la réalisation des objectifs de la révolution».
Le conseil a invité le président et le secrétaire général du mouvement à poursuivre les concertations sur la base de l’approfondissement du dialogue avec les parties prenantes nationales en excluant bien sûr Nida Tounès et à effectuer le remaniement ministériel dans le cadre de l’élargissement de la participation politique.
Le conseil insiste notamment sur les points suivants :
- Le pays gagnerait davantage à voir se clarifier le paysage institutionnel transitoire par l’accélération de la mise en place des différentes instances, en l’occurrence l’instance judiciaire, celle de l’information et l’instance supérieure des élections, avec établissement d’un calendrier rigoureux des élections ;
- La nécessité de mettre l’accent sur les priorités de l’étape transitoire, en particulier pour ce qui est du maintien de l’ordre, de la lutte contre la corruption, la promotion de l’emploi à un rythme plus rapide, la réalisation s des grands projets de développement et la maîtrise des prix.
Le processus de dialogue avec les partenaires nationaux, ajoute le communiqué, dépasse le simple cadre de la participation au gouvernement mais doit se traduire par le consensus sur les grandes questions du processus de transition, de manière à favoriser l’avènement du climat politique et social dont le pays a si besoin dans la perspective de la tenue d’élections nationales transparentes et démocratiques dans les plus brefs délais et dans les meilleures conditions.
Le conseil qui dit avoir fait le point «des concertations politiques avec la Troïka et entre la Troïka et les autres parties prenantes» a en outre pris acte des progrès obtenus en la matière et de l’adhésion des partenaires nationaux à l’effort de dialogue, même en s’excusant de ne pas pouvoir entrer au gouvernement».