News - 16.12.2012

Pourquoi «la Troïka n'est plus enthousiaste» pour reconduire Kamel Jendoubi

Hamadi Jebali qui s’était longuement battu au sein du Majlis Echoura en faveur de la reconduction de Kamel Jendoubi à la tête de la future Instance en charge des élections, et en a jadis obtenu l'accord, a fini par nuancer ses propos. « La Troïka n’y est plus enthousiaste », a-t-il lâché la semaine dernière. En fait, depuis, fin octobre, ce soutien commençait à s’émousser et Jendoubi a dû essuyer une série de déboires, de différentes parties. Pour quelles raisons au juste ? Des positions prises ? Des déclarations quant à l’impossibilité de tenir les élections avant le début de l’été ? Ou dans le cadre du rééquilibrage des relations au sein de la Troïka ? Ou tout-à-la fois.

La suite on la connaît : fuite d’une note préliminaire établie, pour éléments de réponse, par la Cour des Comptes sur la gestion de l’ISIE, plainte déposée à son encontre par Me Fathi Laayouni au nom  Contentieux de l’Etat, et toute une campagne média. Entretemps, l’Assemblée nationale constituante a longuement débattu du projet de loi portant création de la nouvelle Instance et fini par l’adopter aux forceps.
 
Les griefs d'Yadh Ben Achour
 
Ce texte a suscité de vives réactions, à commencer par celle du Pr Yadh Ben Achour, président de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution. Il déplore en effet, dans une interview à notre confrère « Ettounissia », la non capitalisation sur l’expérience acquise par l’ISIE, mais aussi et surtout les dispositions de l’article 6, relatif à la composition de la commission qui sera chargée de présélectionner les candidats. Ben Achour estime que la désignation de cette commission relève uniquement de l’ANC, sans y associer les autres autorités, notamment le président de la République et le Chef du Gouvernement ce qui s’inscrit à l’encontre du principe de la séparation des pouvoirs et leur équilibre. Il aurait été préférable, à son avis, d’associer ces deux présidences à la présentation de la candidature du président de la nouvelle Instance, voire même, sa désignation. 
 
Yadh Ben Achour relève en outre que la composition de la commission parlementaire des candidatures obéit au système des quotas selon la représentativité au sein de l’ANC ce qui consacre l’hégémonie des partis majoritaires et mettra la commission entre leurs mains. Il considère par ailleurs que le mode d’élection est très compliqué et ne manquera pas de susciter des difficultés lors du vote en séance plénière.
 
Jendoubi entendu par la justice
 
Pour sa part, Kamel Jendoubi a vivement regretté que la restructuration de la nouvelle Instance ait été conçue sur la base d’intérêts partisans et non en essayant de tirer enseignements de l’expérience de l’ISIE et de l’améliorer. Il a également regretté de voir des accusations non-fondées portées à l’encontre de la gestion de l’Instance, qui, en fait, dit-il, le visent personnellement.
 
Jendoubi sera entendu ce lundi matin par la Justice, dans le cadre de l’action intentée par Me Laayouni.  De nombreuses composantes de la société civiles, lui apportant leur soutien, ont appelé à se rassembler à cette occasion devant le Palais de Justice de Tunis. Il s’agit notamment de la Fédération Tunisienne pour une citoyenneté des deux rives (FTCR) et du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT).
 
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