News - 04.12.2012

Béji Caïd Essebsi persiste et signe

La loi « sur l’immunisation de la Révolution » ne passera pas. C’est du moins le conseil que je donne, par respect pour l’amour propre du peuple et parce qu’il y va de la réputation de la Tunisie. Béji Caïd Essebsi persiste et signe. Le président de Nida Tounès détaille son « package » de propositions pour une sortie de crise et développe, dans une interview au quotidien de langue arabe « Aschourouk », un certain nombre des idées-forces qu’il avait évoquées dans son entretien de samedi dernier à Nessma TV.

Reconduction automatique du budget

Il en va ainsi de sa proposition en faveur de la reconduction automatique du budget, sans en débattre au préalable. Ce que je propose sur ce point n’est pas une hérésie, dit-il. Il est arrivé que des gouvernements optent pour cette formule. L’idée n’est pas seulement de consacrer à la finalisation de la rédaction de la Constitution le temps que nécessiterait la discussion (nécessairement fastidieuse) du budget. Elle permet aussi et surtout d’anticiper un possible écueil. Si, en effet, par simple hypothèse, aucune majorité ne se dégage pour l’adoption du budget, que ferait-on ? Il est donc plus prudent et plus commode de reconduire l’ancien budget, mois par mois.

Une Constitution d’ici la fin du mois

Ne serait-ce pas un peu trop court ? BCE dit s’en tenir la décision prise dans ce sens par la Conférence nationale tenue à l’initiative de l’UGTT. Et puis, une Constitution d’ici le 31 décembre, pourquoi pas ? A moins qu’il y ait de la mauvaise volonté, s’empresse-t-il d’ajouter. « En proposant cette date-butoir je ne fais par ailleurs que ramener les députés à leur fonction première, celle de la rédaction de la Constitution. C’est parce qu’ils jouent les prolongations que d’aucuns posent le problème de la légitimité ».

Peut-on parler de crise de pouvoir ?

Quoi qu’il en soit et par delà le débat d’idées, assène Béji Caïd Essebsi, le constat qui s’impose à tout un chacun est que nous avons déjà dépassé de deux mois le délai d’un an fixé d’une manière consensuelle par les parties prenantes pour la rédaction de la Constitution.

Pourquoi demander au gouvernement moins d’arrogance ?

Pour Béji Caïd Essebsi, il est en tout cas présomptueux de prétendre que quelqu’un est capable, à lui seul, de sortir le pays de la situation où il se trouve. Si la Troïka trouve seule la solution nous lui apporterons notre soutien. Pourvu qu’ils la trouvent. Pour autant, le pouvoir gagnerait à faire montre d’humilité qui consiste à prendre en compte de l’opinion d’autrui en plus des siennes propres.

De la proposition de loi « sur l’immunisation de la révolution »

Pour le président de Nida Tounès, ce dont il est question ce n’est pas d’immunité de la révolution mais de celle des auteurs de l’initiative. « La révolution, dit-il, n’a rien à voir dans cette affaire. Il s’agit, en fait, d’exclure le peuple de manière à l’empêcher de se prononcer sur les gens censés le représenter. C’est au peuple que doit revenir le pouvoir de choisir ou d’exclure qui il veut, à travers les urnes. Désireux d’exclure l’électeur, ils (les auteurs de la proposition de loi) ont l’air de dire au peuple : « Laisse-nous décider à ta place ». Ce faisant, ils excluent aussi la magistrature, puisque la justice a un rôle primordial à jouer à ce propos, déclare-t-il avant d’ajouter : « Tout ça pour se présenter aux prochaines élections dans de meilleures positions ».
M. Béji Caïd Essebsi a par ailleurs rejeté catégoriquement les insinuations de certains qui prêtent à Nida Tounès un rôle dans les récents incidents de Siliana. Il a aussi réitéré sa demande de dissolution des « Comités de protection de la révolution » qui, dit-il, n’ont rien à voir avec la révolution et lui portent même préjudice par leur recours systématique à l’intimidation et à la violence.