Charité bien ordonnée commence par soi-même
Depuis l’indépendance, de gros efforts ont été déployés par les municipalités pour honorer les hommes et les femmes qui ont marqué l’histoire de notre pays et de l’humanité en donnant leur nom à des artères de leurs villes respectives.
Cette action qui participe du travail de mémoire engagé par notre pays depuis l’indépendance , pour louable qu’elle soit, laisse un goût d’inachevé. C’est que de nombreuses artères ont gardé leur nom initial hérité du protectorat dont les critères de choix ne sont pas forcément les nôtres. Par exemple, j’ai beau cherché dans les manuels d’histoire, je n’y ai trouvé nulle trace de l’apport quelconque d’un Jean Jaurès ou d’une Lucie Faure à notre pays. Le premier, était l’un des fondateurs du mouvement ouvrier français et a payé de sa vie son hostilité à l’entrée en guerre de la France dans le premier conflit mondial .Quant à Lucie Faure, il semble que son seul mérite est d’avoir été l’épouse de Président du Conseil français, Edgar Faure.
Trois remarques pour conclure : on se perd en conjectures sur l’absence de réactivité de nos édiles à l’actualité : la Yougoslavie n’existe plus depuis une dizaine d’années alors qu’une importante artère de Tunis porte encore son nom, d’autre part, pourquoi s’évertuer à garder le nom de Lénine alors que toutes les villes et les rues de Russie (sa patrie !) qui portaient son nom ont été débaptisées depuis la chute de l’Union soviétiqueEnfin, une remarque à l’attention des édiles de l’Ariana : la plupart des rues d’Ennasr2 portent des noms puisés dans l’Histoire arabe ancienne qui, pour la plupart, n’évoquent rien pour le Tunisien moyen alors qu’il existe des centaines de savants et de jurisconsultes tunisiens méconnus qui mériteraient d’être honorés. Il ne faut pas aller très loin pour les trouver. Il suffit de consulter le livre du grand historien tunisien, H.H. Abdelwahab, « KITAB EL OMR ».Il contient une liste impressionnante de savants tunisiens qui ont droit à la reconnaissance de leur patrie et dont les noms ne dépareraient pas nos rues.