News - 28.01.2023

En marge de la participation de la Tunisie à la Coupe du monde de football Qatar 2022

En marge de la participation de la Tunisie à la Coupe du monde de football Qatar 2022

Par Boubaker Ben Kraiem - Notre participation à la dernière coupe du monde de football s’est arrêtée au premier tour alors que notre équipe pouvait aller un peu plus loin dans la compétition. Mais pourquoi cet échec cinglant dès le départ ?

Notre élimination est d’autant plus amère et frustrante qu’elle survient dès le démarrage des jeux, c'est-à-dire, dès le premier tour alors que d’autres équipes qui avaient le même niveau que nous et même, pour certaines, beaucoup moins, ont pu assurer leur passage au second tour. Pourquoi  en sommes-nous arrivés là ?

Je pense que cela est dû à plusieurs facteurs dont: l’absence de volonté de vaincre, le choix des formateurs pour ne pas dire entraineurs, la formation technique, la formation morale, l’intérêt des responsables et leur soutien, et les promesses d’encouragement aux joueurs.  

1- Le formateur: il s’agit, bien sûr, de l’entraineur qui s’occupe de l’équipe nationale. Je suis d’avis à ce qu’il soit tunisien pour faciliter la communication avec les joueurs d’une part et d’autre part pour qu’il soit imbu de l’esprit patriotique et nationaliste nécessaire à un cadre de haut niveau en vue de lui faire assumer un certain degré de responsabilité dans l’accomplissement de sa mission. Mais faut-il que nous trouvons la bonne formule pour former nos entraineurs qui doivent, absolument, avoir un niveau d’instruction acceptable et satisfaisant et parler au moins l’anglais en plus du français. L’idéal est que l’Etat prenne en charge, une fois tous les trois ou quatre ans, les frais de séjour d’un ou de deux jeunes entraineurs auprès d’une ou de deux grandes équipes européennes (Angleterre, Espagne, Grande –Bretagne, Italie et France) par exemple en vue d’être, durant une année,  l’assistant de l’entraineur en titre.

Cependant, faut-il reconnaitre que c’est la première fois que nous avons égalé les résultats obtenus, il y a 44 ans, lors de notre première participation au championnat du monde en Argentine en 1978 et que nous étions l’unique représentant de l’Afrique au cours de laquelle nous avons battu le Mexique 3 à 1, fait match nul avec l’Allemagne  (0-0) et perdu contre la Pologne (0-1). En étudiant ces résultats, on peut conclure que nous n’avons pas fait de grand progrès et c’est bien dommage. Aussi, je pense que dans ce domaine, nous sommes encore très loin du niveau des équipes européennes et sud-américaines et nous ne pourrons, les égaler de si tôt. Le football étant devenu un sport collectif très cher, nous sommes entrain de dépenser beaucoup d’argent simplement pour faire plaisir à nos concitoyens férus de foot et ils sont très nombreux.  

2-Les sports individuels à notre portée: Aussi, nous n’avons pas retenu la leçon des expériences du passé : dans les  années soixante et soixante dix du siècle dernier, nous avons misé sur les sports individuels et essentiellement sur le cross et ce choix nous a donné, beaucoup de satisfactions et énormément de médailles. Pour le plaisir du lecteur, qu’il soit sportif ou non, je rappellerai les résultats de notre champion, le premier tunisien à nous offrir des médailles aux trois  olympiades d’été qui ont eu lieu en 1964, en 68 et en 72, l’athlète de légende Mohamed Gammoudi. Sa participation aux divers championnats a été bien longue et laborieuse. En effet, il a fait honneur à notre pays dans plusieurs compétitions dont:

1- Jeux Olympiques d’été de Tokyo en 1964

1-1- Médaille d’argent au 10000 mètres,

2- Jeux Olympiques d’été de Mexico en 1968

2-1- Médaille d’or au 5000 mètres, 22- Médaille de bronze au 10000 mètres,

3- Jeux Olympiques d’été de Munich en 1972

3-1- Médaille d’argent au 5000 mètres.

4- Championnat international des Sports militaires (CISM)

4-1- Médaille d’or aux 5000 et 10000 mètres en 1962,

4-2- Médaille d’argent au 5000 mètres en 1963,

4-3- Médailles d’or au 5000 et  d’argent au 10000 mètres en 1964,

4-4- Médaille  d’or en cross country en 1965,

4-5- Médaille  d’or en cross country en 1967,

4-6- Médaille d’or en cross country en 1968.

5- Championnats internationaux de cross country

5-1- Médaille de bronze en 1965, 52-Médaille d’or en 1968.

6- Les Jeux méditerranéens

6-1- Médailles d’or aux 5000 et 10000 mètres en 1963,

6-2- Médailles d’or aux 5000 et 10000 mètres en 1967,

6-3- Médaille d’argent au 5000 mètres en 1971.

7- Les Jeux de l’Amitié

7-1- Médaille  d’or au 5000 mètres en 1963.

8- Championnats militaires d’Athlétisme

8-1- Médaille d’or aux 5000 et 10000 mètres en 1967,

8-2- Médaille d’or au 5000 mètres en 1968,

8-3- Médailles d’or aux 5000 et 10000 Mètres en 1969,

8-4- Médailles d’or au 5000 mètres en 1970,

8-5- Médailles d’or aux 5000 et 10000 mètres en 1971.

9- Championnat maghrébin de cross-country

9-1- Deux Médailles  d’or  en 1967, 92-Médaille  d’or en 1969.

10- Cross des capitales: Vainqueur en 1964, 1965, 1966 et 1967.

11-Championnat de Tunisie

11-1- Vainqueur  du 1500 mètres en 1962, 1963, 1967 et 1968,

11-2- Vainqueur du 5000 mètres en 1963, 1967, 1968 et 1970,

11-3- Vainqueur du 10000 mètres en 1970 et 1971.

Aussi, est-il normal que dans le pays de Gammoudi, on ne trouve pas encore, un champion de sa trempe ? Cela n’est pas acceptable pour peu qu’il y ait un peu de bonne volonté et de la persévérance. Il va s’en dire, en effet, que bien que le foot soit un sport très populaire parce qu’il est spectaculaire et compte tenu du niveau atteint par certains pays européens, sud-américains et même africains, nous demeurons encore et pour une longue période, loin de l’élite de ce remarquable sport. Aussi, nous n’avons aucune chance de jouer les premiers rôles en football d’ici la décennie à venir alors qu’en athlétisme, nous pouvons continuer le palmarès remarquable de Mohamed Gammoudi dans les toutes prochaines années pour peu qu’on fasse les bons choix des entraineurs et qu’on aie la volonté nécessaire, tout cela en dépensant le dixième du budget  que nous réservons, actuellement, au football. Je n’oublierai jamais le beau spectacle que j’ai vécu, alors que je me trouvais à Alger lorsque Gammoudi a remporté la médaille d’or à Mexico en 1968 quand j’ai assisté à l’explosion de joie de toute la population algéroise qui était sortie dans la rue exprimer sa joie et applaudir la prouesse du représentant maghrébin aux olympiades de Mexico en 1968.

Cependant, faut-il reconnaitre que le secret de la réussite de notre grandissime champion qui a permis à la Tunisie de faire flotter son drapeau, d’être connue et applaudie aux quatre coins du monde, réside dans certains critères qu’il faut maintenir et développer: la volonté, le sérieux, la ténacité, la discipline, le sacrifice, l’hygiène de vie et le suivi régulier. Aussi, faut-il rappeler que nous ne pouvons avoir d’excellents résultats dans n’importe quel domaine sportif qu’en appliquant une discipline de fer, beaucoup de fermeté, d’audace et d’endurance. Cela serait possible si on chargeait la Direction des Sports militaires de la préparation de nos champions en athlétisme, à condition que le champion accepte, au moins pour une certaine durée, la discipline militaire. L’exemple de Gammoudi  en est la meilleure  illustration. Il faudra trouver la bonne formule pour que les jeunes sportifs, tout en s’investissant dans l’athlétisme de haut niveau, puissent poursuivre et d’une manière très sérieuse et régulière leurs études scolaires et universitaires.

Mais ce qui est inquiétant et regrettable, comment se fait-il qu’en cinquante ans, on n’a pas été capable de former un champion de la trempe de Gammoudi ? Est-ce que les responsables des sports, à tous les niveaux ne sont plus concernés par pareil aboutissement? Est-ce que la °grinta° n’est plus de notre époque ? Espérons qu’une grande mobilisation de responsables sportifs en athlétisme férus des sports individuels aie lieu, le plus tôt possible, pour préparer un plan d’action pour la prochaine décennie en vue de nous permettre de former de futurs champions qui continueront l’apothéose de notre grand champion Mohamed Gammoudi qui a eu le mérite de remporter 4 médailles olympiques dans les Jeux de 1964, 68 et 72 et 45 médailles dans les autres championnats nationaux et internationaux. 

Que Dieu veille et protège la Tunisie Eternelle, l’héritière de Carthage et de Kairouan.

Boubaker Ben Kraiem
Ancien Sous Chef d’Etat Major de l’Armée de Terre
Ancien Gouverneur.

 

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1 Commentaire
Les Commentaires
Norey Ben Mahmoud - 28-01-2023 20:48

L'instauration du service militaire obligatoire aurait certainement suscite pas mal de vocations sportives au sein de la jeunesse de notre pays .

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