Opinions - 01.01.2023

L’édito de Taoufik Habaieb: Espérer le meilleur

L’édito de Taoufik Habaieb: Espérer le meilleur

L’année qui commence s’annonce tumultueuse. Subissant de plein fouet l’impact d’une forte récession économique mondiale, la Tunisie se trouve en plus embourbée dans une grave crise politique. Le record mondial de l’abstention enregistré lors des élections législatives du 17 décembre dernier marque un refus politique du scrutin, un rejet de l’architecture institutionnelle proposée et une rupture avec le système. Le déni de ce message si puissant ajoute à la confusion et au blocage institutionnel. Le risque d’isolement international est à craindre. Fin de cycle d’un processus qui a atteint ses limites.

A vouloir tout faire, tout seul, tout le temps, sans parvenir à éradiquer les véritables maux, le président Kaïs Saïed s’enlise dans une situation des plus difficiles. Il n’a trouvé de répondant ni auprès de son gouvernement pour accélérer les réformes et relancer le pays, ni auprès des partenaires de la Tunisie pour venir en aide au pays, ni auprès du FMI et des autres bailleurs de fonds, pour mobiliser les financements salutaires.

Dépités, angoissés quant à l’avenir et inquiets pour le quotidien, les Tunisiens ont fortement exprimé leur ras-le-bol. Le rejet de la classe politique est total. Ne pas comprendre ce message, ne pas y adhérer, ne pas y donner suite immédiatement et judicieusement ne fera que compliquer davantage une crise si redoutable. L’opposition réclame l’annulation des législatives, la formation d’un gouvernement restreint d’urgence économique et la tenue d’une élection présidentielle anticipée. Silence à Carthage. Difficile de croire que Saïed acquiescera.

Un ‘’coup d’éclat’’ est pourtant nécessaire. Pourrait-il venir du président Saïed lui-même ? C’est à lui de déverrouiller ce blocage institutionnel, de prendre avec courage et perspicacité les mesures radicales qui s’imposent. Quitte à changer de cap, changer de mode opératoire, changer d’hommes et de femmes qui n’ont pas fait leurs preuves, changer d’attitude à l’égard des acteurs significatifs du paysage politique et de la société civile. Ne pas agir n’est pas une option.

Quelle est la force centrifuge capable de porter une nouvelle dynamique en Tunisie ? Les partis politiques sont décrédibilisés, l’opposition est désarticulée, seule l’Ugtt garde sa puissance. Rangée désormais dans l’opposition, sans s’aligner sur les uns ou les autres, elle hausse graduellement le ton, mobilise ses structures et n’exclut aucune option. En attendant de sceller des alliances.

La situation actuelle, très pénible, risque de perdurer. Confrontés aux épreuves du quotidien, les Tunisiens cherchent à s’inventer un mode de survie et s’accrocher à un motif d’espoir. Une croissance en repli, des prix en hausse, un pouvoir d’achat érodé, et des augmentations continues des tarifs publics, les plongent dans une profonde sidération.

Impasse totale ou encore une ultime possibilité de sortie de crise ?

Les plus optimistes croient à une solution salutaire. Par un déblocage politique inclusif dont le président Saïed doit saisir l’importance et l’urgence. Par un appui financier international substantiel à la faveur d’une conférence de soutien économique et financier. Par des signes concrets d’une détermination gouvernementale irréductible de remettre le pays sur la bonne voie.

Notre sort est entre nos mains. Il suffit de comprendre les enjeux, de prendre les bonnes décisions, bien que la voie soit jonchée d’embûches.

Prévoir le pire ? Espérons le meilleur !

Bonne et heureuse année 2023 !

Taoufik Habaieb