Partenaires - 12.06.2022

La Banque d'Angleterre reste "dovish" malgré la dépréciation de sa monnaie

La Banque d'Angleterre reste "dovish" malgré la dépréciation de sa monnaie

La grande livre britannique (GBP) a fortement chuté au moment du déclenchement de la pandémie de Covid-19, pour atteindre brièvement un niveau encore inférieur à ceux observés après le référendum sur le Brexit en 2016 (graphique 1). Depuis lors, la GBP s'est redressée pour atteindre un pic de 1,4 par USD au début de 2021, mais elle a récemment connu une nouvelle dépréciation brutale. La principale raison de cette dépréciation est la divergence de communication et d'approche entre la Banque d'Angleterre (BoE) et d'autres grandes banques centrales, comme la Réserve fédérale américaine (Fed). Essentiellement, la BoE se montre plus accommodante ("dovish") en relevant les taux d'intérêt de manière moins agressive que la Fed. Cela incite les investisseurs à déplacer leurs actifs du Royaume-Uni vers les États-Unis à la recherche de rendements ajustés au risque plus élevés, ce qui exerce une pression à la baisse sur la livre sterling.

Graphique 1 : Évolution de la Livre sterling par rapport au dollar américain (2012-22)
(USD par GBP)

Sources: Banque d'Angleterre via Haver Analytics

De nombreuses banques centrales, dont la Fed et la BoE, sont dans une position difficile car elles sont confrontées à des chocs stagflationnistes, qui à la fois augmentent l'inflation et affaiblissent la croissance économique. Cela signifie que les hausses de taux d'intérêt, nécessaires pour contrôler l'inflation, risquent de faire entrer l'économie en récession.

Cette semaine, nous comparons d'abord l'inflation aux États-Unis et au Royaume-Uni, avant de nous pencher sur les perspectives de croissance du PIB dans les deux pays.

La perturbation de l'approvisionnement énergétique due à la guerre en Ukraine est la principale différence entre les États-Unis et le Royaume-Uni. Par exemple, les prix du gaz européen ont augmenté beaucoup plus que les prix du gaz américain. En conséquence, l'inflation globale devrait atteindre un pic d'environ 10 % au Royaume-Uni au quatrième trimestre, ce qui est nettement plus élevé et plus tardif qu'aux États-Unis.

De plus, bien que la croissance des salaires ait atteint environ 5 % au Royaume-Uni et aux États-Unis, le marché du travail britannique restera encore plus tendu que celui des États-Unis car le Brexit empêche le retour des travailleurs qualifiés de l'Union européenne (UE) sur le marché du travail britannique.
Enfin et surtout, la dépréciation de la livre sterling exerce une pression à la hausse sur les prix des biens et services importés au Royaume-Uni. En effet, le Royaume-Uni achète généralement des produits importés des grands marchés des États-Unis, de l'UE et de l'Asie, dont les prix sont souvent exprimés en dollars ou en euros. Les biens et services importés devenant plus chers en sterling, cela ajoute une pression supplémentaire à l'inflation.

En résumé, les perspectives d'inflation au Royaume-Uni sont pires qu'aux États-Unis, ce qui signifie que la BoE est soumise à une pression plus forte que la Fed pour contrôler l'inflation.

Graphique 2 : Perspectives de croissance du PIB des États-Unis et du Royaume-Uni
(% change y-o-y, PIB réel)

Sources: Fonds monétaire international via Haver Analytics

Cependant, les perspectives de croissance du PIB au Royaume-Uni sont beaucoup plus faibles qu'aux États-Unis. Le FMI s'attend à ce que la croissance américaine ralentisse de 3,7 % en 2022 à 2,3 % en 2023, tandis que la croissance britannique devrait ralentir de 3,7 % en 2022 à 1,2 % en 2023. La BoE est donc confrontée à un vent de récession plus sévère que celui des États-Unis. En effet, la BoE a récemment publié ses propres prévisions, qui sont encore plus pessimistes, avec une contraction du PIB de 0,25 % prévue pour 2023.

En résumé, la BoE est actuellement confrontée à une situation encore plus difficile que celle de la Fed. D'une part, les pressions inflationnistes sont pires, avec des anticipations d'inflation, des salaires, des prix de l'énergie et des importations plus élevés au Royaume-Uni qu'aux États-Unis. Cela suggère que la BoE doit être encore plus agressive que la Fed pour freiner l'inflation. Mais, d'un autre côté, des perspectives de croissance plus faibles au Royaume-Uni qu'aux États-Unis suggèrent que la BoE doit être plus accommodante que la Fed pour soutenir l'activité économique et la croissance.

Par conséquent, nous ne pensons pas que la BoE suivra la Fed avec une hausse de 50 points de base (pb) lors de ses deux prochaines réunions en juin et en août. Nous nous attendons plutôt à ce que la BoE s'en tienne à un rythme régulier de 25 points de base à chaque réunion, afin d'éviter un ralentissement plus marqué qui pourrait se transformer en récession vers la fin de cette année.

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