Blogs - 03.02.2022

Kaïs Saïed: qui trop embrasse, mal étreint

Kaïs Saïed: qui trop embrasse, mal étreint

Par Hédi Béhi - Tel est pris qui croyait prendre. Pensant en faire leur obligé, Ennahdha avait soutenu la candidature de Kaïs Saïed à la présidence de la République et lorsqu'il été élu, Ghannouchi avait cru en tirer des dividendes, 'il est des nôtres", clamait-il. Mal lui en a pris.

A peine, le nouveau président s'est-il installé qu'il lança une véritable bombe: l'activation du fameux article 80 de la Constitution le 25 juillet 2021 qui lui permet, en cas de péril imminent, de prendre des mesures nécessitées par cette situation exceptionnelle, notamment "le gel" des travaux de l'Assemblée. Il cachait  bien son jeu. Une véritable gageure que ses prédécesseurs n'avaient pas osée, compte tenu du veto du principal parti. Pour la pemière fois, un président tenait la dragée haute à Ennahdha.

Il y aura un avant et un après 25 juillet. Pourtant, une certaine gauche qui n'a rien appris et rien oublié n'a pas hésité à s'allier à ce parti sous le prétexte fallacieux qu'il s'agissait d'un coup d'Etat. En fait, c'est un coup de Karcher, un acte de salut public exécuté sans effusion de sang comme savent le faire les Tunisiens.

Une ingratitude de la part de Kaïs Saïed ? Que nenni. Camarade, camarade, service après. Exit le copinage, le corporatisme et le népotisme qui ont fait beaucoup de mal à notre pays. Il faut reconnaître qu'il a le sens de l'Etat. Dans la classe politique, il détonne avec sa voix de stentor et son arabe abscons.C'est un président atypique qui succède à Béji Caïd Essebsi. Ses concitoyens le comparent à RoboCop, ce personnage d'un film américain de science-fiction qui mène une campagne brutale contre le crime. Effectivement, il n'en est pas très loin.Son cheval de bataille est la lutte contre la corruption, ce cancer des pays pauvres,ce rocher sur lequel les différents présidents qui se sont succédé ont vu leur carrière se briser très vite. Il était temps de laver les écuries d'Augias qu'était devenu le pays.

La lutte contre la corruption, c'est pour Kais Saied, la mère de toutes les luttes, la priorité des priorités. II s'y engage tête baissée. Pour marquer sa détermination, il a commencé par les intouchables : magistats, députés, hommes d'affaires anciens ministres, hauts fonctionnaires sont déjà sur la sellette.

Mais kais Said a tout intérêt à ne pas disperser ses efforts car, dans cette entreprise qu'il mène, il aura du pain sur la planche et se heurtera à des résistances inimaginables des lobbies, mais aussi du petit peuple qui parfois en profite.Il devra surtout se résoudre à l'idée que les temps de la concentration des pouvoirs et ce que Jean Lacouture "le leadership héroique" des années 50 sont révolus, car l'expérience a montré quand bien même, on est animé des meilleures intentions du monde, aboutissait souvent à l'autocratie puis à la dictature.

Notre président est-il conscient qu'en persévérant dans l'erreur à cause de quelques théories fumeuses dont l'inanité est avérée, il est en train de dilapider le capital sympathie qu'il avait accumulé au lendemain du 25 juillet et fait de lui le président tunisien le plus populaire depuis la chute de Ben Ali ? Se rend-il compte qu'en agissant de la sorte, il risque de donner prise à toutes les suspicions ?

Hédi Béhi
 

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