News - 27.10.2020

Importance des réunions de laboratoire pour le développement des compétences en recherche scientifique

Importance des Réunions de Laboratoire pour le Développement des Compétences en Recherche Scientifique

Par Fredj Tekaia et Abdellatif Boudabous - La publication des résultats d’un travail scientifique est une étape vitale dans le développement du cursus d’un chercheur. Il lui est nécessaire de (i) lire et analyser la littérature scientifique dans les meilleurs journaux, (ii) présenter oralement son propre travail ou les contenus de ses lectures afin d’enrichir les autres et de s’enrichir à travers leurs commentaires et critiques. Ces activités soulignent l’importance du suivi de l’actualité scientifique, la lecture critique des publications et la capacité de synthétiser leurs contenus et de les présenter publiquement. Cette démarche permet de formuler une opinion, de commenter et échanger avec d’autres collègues sur le contenu d’une publication scientifique.

Lire, écrire, publier et présenter publiquement des travaux scientifiques sont des compétences primordiales pour le développement du profil et de la carrière de tout jeune chercheur. Cependant, ces compétences ne font généralement pas partie des enseignements formels délivrés par les Universités. Elles peuvent plutôt faire partie des activités régulières de certains groupes spécialisés : Laboratoires, Instituts et Centres de recherche.

Nous avons pensé, à l’occasion de cette rentrée universitaire particulière marquée par la crise sanitaire et suite à notre récente publication1, attirer l’attention des jeunes chercheurs et enseignants sur l’importance de l’organisation du suivi de l’actualité scientifique, de présentation de travaux et de discussion scientifique régulière au sein des équipes de recherche, Laboratoires et Institutions universitaires.

Nous nous concentrons ici sur nos expériences personnelles antérieures, et sur notre expérience acquise lors des cours de formation de jeunes chercheurs  en « Bioinformatique et Génomique » à l’Institut Pasteur de Tunis2.  Toutefois,  le principe des idées que nous allons exposé est transposable à d’autres domaines de recherche et d’enseignement.

I. Activités des réunions de laboratoire

Les activités des réunions de Laboratoire (Lab meeting) d’un groupe dans un Institut de Recherche, concernent principalement les thèmes scientifiques spécifiques à l’entité de recherche. Un groupe de recherche est généralement constitué de membres seniors et de plusieurs jeunes collaborateurs (Masters, Ingénieurs, Doctorants, Post-Doctorants). Le nombre total des membres est de l’ordre de 10 à 15 personnes au maximum. Pour les ateliers ou cours de formation, le groupe peut être plus important avec 20 à 25 participants.

Les activités des réunions de Laboratoire concernent entre autres le suivi: (i) de la littérature scientifique relative aux thèmes de recherche du groupe, (ii) la préparation des publications des membres du groupe, (iii) la participation des membres aux congrès, conférences ou workshops, (iv) la préparation et l’analyse des projets spécifiques de chaque membre du groupe.

Tous ces points impliquent des compétences avérées des participants à la lecture3, à l’écriture4, 5,6 et à la présentation orale7 de documents scientifiques. Dans ce qui suit nous allons développer quelques idées et concepts qui aideront à l’organisation efficace et à la conduite rigoureuse de ces activités.

II. Entrainement à la lecture de la littérature scientifique

Un des objectifs principaux des activités des réunions de laboratoire est d’encourager les participants (jeunes et seniors) à lire d’une manière critique la littérature scientifique et à écrire des synthèses résumant les contenus de ces articles pour éventuellement les présenter oralement aux collègues et membres de l’équipe.

II.1 Importance du suivi de la littérature scientifique

En prenant en exemple la Bioinformatique et la Génomique qui sont des domaines scientifiques à évolution très rapide, les chercheurs et enseignants impliqués dans ces domaines doivent suivre cette évolution pour être à jour dans leurs connaissances.

Pour les jeunes, il est impératif de suivre régulièrement la littérature scientifique relative à leur domaine de recherche, publiée chaque semaine, tâche aujourd’hui facilitée par l’accessibilité on-line de tous les journaux.

Les journaux prestigieux et de haut-niveau, qui publient une importante littérature scientifique, offrent la possibilité de recevoir régulièrement par e-mail, les TOCs (Table Of Contents, Table des Matières ou des Contenus) du numéro qui est publié dans la semaine ou le mois. Il suffit de se connecter au site Web du journal et d’inscrire son adresse e-mail pour recevoir les TOCs (voir plus bas une liste de ces journaux) permettant ainsi à l’utilisateur de recevoir les titres des articles publiés. En se connectant au journal, l’utilisateur a la possibilité de lire le résumé de chacun des articles du numéro en cours.

Pour l’accès à la totalité de l’article, notons qu’actuellement il y a deux types de journaux : journaux à accès totalement libre et journaux à accès mixte (libre et payant). Pour l’accès libre ce sont les auteurs qui payent les frais de publication sur leur budget de recherche.

Néanmoins, il y a de plus en plus de journaux qui optent pour l’accès libre à toutes leurs publications (« Open Access » total). Les articles publiés dans ces journaux sont donc entièrement accessibles à tout utilisateur. Même les journaux à accès mixte permettent généralement un accès libre à un bon nombre de leurs articles. Le libre accès fait partie de la politique éditoriale d’un nombre de plus en plus important de journaux, encouragés en cela par l’exigence de certaines Institutions d’imposer l’accès libre aux publications relatives aux projets de recherche financés par des fonds publics, afin de permettre la diffusion libre la plus large des résultats de la recherche. Cette initiative est connue sous la dénomination de Plan S. et va devenir, en principe, obligatoire à partir du 1er Janvier, 2021 (voir https://www.coalition-s.org).

Ceci est une opportunité que doivent saisir tous les chercheurs des pays en voie de développement : avoir accès à une publication scientifique en même temps que les chercheurs des pays développés. De plus, les publications innovantes sont généralement précédées d’articles à accès libre de présentation par des pairs qui introduisent l’objet des sujets de recherche en question et mettent en valeur leurs apports spécifiques ; ceci facilite la lecture et la compréhension de ces articles.

Les articles payants peuvent néanmoins être accessibles via les Universités et les  Institutions qui s’abonnent à certains journaux, ou via certains sites qui hébergent les manuscrits soumis à des journaux (comme BiorXiv (https://www.biorxiv.org) à l’International et HAL (https://hal-pasteur.archives-ouvertes.fr) en France, ou le cas échéant en demandant directement à l’auteur une copie de son article. Notez aussi que plusieurs journaux optent, sous certaines conditions, pour le libre accès aux lecteurs basés dans des pays en voie de développement. Ainsi l’accès à l’article entier est immédiatement possible s’il est en accès libre ou peut nécessiter une recherche supplémentaire comme indiqué plus haut via l’auteur lui-même ou un site public de dépôt.

II.2 Choix des journaux pour recevoir les TOCs

Chaque utilisateur fait le choix de s’inscrire pour les TOCs en fonction de ses intérêts et de sa disponibilité. Il suffit de se connecter au site Web du journal et d’insérer son adresse e-mail pour recevoir les TOCs. Dans notre domaine nous proposons une liste restreinte de journaux prestigieux que chacun peut faire évoluer en fonction de ses lectures. Des journaux à accès mixte qui traitent de tous les domaines scientifiques  nature (https://www.nature.com) et Science (https://science.sciencemag.org) ou de différents domaines de la biologie comme indiqué dans le titre du journal:

Nature Reviews Genetics (https://www.nature.com/nrg/), nature Reviews Microbiology (https://www.nature.com/nrmicro/), Genome Research (https://genome.cshlp.org).

Des journaux à accès totalement libre:

Plos Computational Biology (http://journals.plos.org/ploscompbiol/),

Plos Biology (https://journals.plos.org/plosbiology/),

Plos Genetics (https://journals.plos.org/plosgenetics/),

BMC Biology (http://genomebiology.com),

BMC Genomics (https://bmcgenomics.biomedcentral.com),

BMC Evolutionary Biology (https://bmcevolbiol.biomedcentral.com),

BMC Bioinformatics (https://bmcbioinformatics.biomedcentral.com).

Chacun peut allonger ou raccourcir cette liste en fonction de sa disponibilité et de ses intérêts. Nous proposons une inscription à un maximum de journaux quitte à l’adapter ensuite en fonction de ses intérêts personnels.

Notez que les sites Web de ces journaux, particulièrement nature, proposent régulièrement des annonces internationales d’offres de position pour Post Doctorants et de travail ainsi que des conférences. Ces annonces sont très utiles pour les jeunes qui cherchent des sujets de recherche et des laboratoires d’accueil.

Il est aussi possible d’accéder à l’actualité scientifique à travers des newsletters et des blogs. Il suffit de les suivre et/ou de s’y inscrire.

Il existe une multitude de blogs d’intérêt et de contenu divers sur le suivi des publications scientifiques. Par exemple le blog (https://microbiomedigest.com) est maintenu par des scientifiques du monde entier. Il liste et répertorie les références aux meilleures publications scientifiques relatives aux microbiomes. Ce type de blog facilite significativement le travail de recherche relatif à ce domaine de recherche à évolution rapide.

Contrairement aux TOCs qui listent la totalité des publications d’un numéro donné, les newsletters ne considèrent que les articles qu’elles décident de commenter et qui sont généralement publiés dans différents journaux.

Science News (https://www.sciencenews.org) est par exemple une newsletter qui analyse l’actualité scientifique la plus pertinente de la semaine en incluant des liens vers les articles commentés. De même la revue nature offre la possibilité de recevoir hebdomadairement des news et des analyses concernant ses futures publications (en amont des TOCs) : nature Briefing (https://www.nature.com/news).

Ces analyses sont très utiles surtout pour les jeunes, car elles introduisent les objets des articles d’une manière simplifiée de façon à faciliter la lecture des originaux.

Notez que ces newsletters sont aussi très utiles aux journalistes qui veulent commenter rigoureusement l’actualité scientifique, particulièrement pendant cette période pour le suivi de l’évolution de la recherche concernant l’évolution des recherches sur la Covid-19.

II.3 Prendre l’habitude de lire les TOCs et les papiers correspondants

Recevoir les TOCs n’est pas une fin en soi. Il faut parcourir le message reçu et se connecter aux journaux pour lire au moins les résumés de quelques articles. En principe les Chercheurs/Enseignants motivés vont télécharger et lire attentivement en entier au moins un article en rapport avec leurs activités scientifiques. Le but recherché est d’apprendre et de s’enrichir des connaissances rapportées dans cet article, surtout afin de se maintenir au niveau des connaissances actuelles, pour leurs travaux personnels et pour diriger correctement les travaux de leurs étudiants et collaborateurs.

Pour les jeunes chercheurs, lire et synthétiser pour retenir l’essentiel d’un article qui vient d’être publié est primordial mais n’est pas une tâche aisée et nécessite de leur part un investissement volontaire significatif et un entrainement spécifique3. Le cadre idoine pour ce type d’entrainement est la Réunion de Laboratoire où chaque membre présente le contenu d’au moins un papier lu dans la semaine et confronte les discussions et les commentaires qui suivent de telles présentations.

II.4 Préparation et présentation orale de la synthèse d’un article

Il est nécessaire de s’entrainer à la lecture critique des articles et à la présentation orale de la synthèse de leurs contenus. A cet effet nous suggérons :
Pour la lecture critique d’un article de (i) prendre note en marquant les phrases et les idées clés ; (ii) lister les résultats essentiels rapportés et les méthodes utilisées ; (iii) noter tous les points qui nécessitent des éclaircissements plus poussés ; (iv) collecter l’ensemble des notes pour écrire un premier brouillon de la synthèse de l’article ; (v) réécrire, restructurer et repenser ce premier brouillon avec ses propres mots pour améliorer la qualité de la synthèse.

La présentation orale exige la préparation attentive d’une structure logique pour la synthèse écrite en s’assurant que les idées importantes sont reportées dans un ordre logique et sans répétition. Cette présentation suit souvent, un plan structuré contenant (i) une introduction générale expliquant le choix et le contexte de l’objet de l’article, (ii) une récapitulation des résultats importants et des idées traités, (iii) des méthodes introduites dans l’article analysé et (iii) une conclusion incluant les messages à retenir et leurs perspectives. Il est très important d’éviter le plagiat (le couper-coller de paragraphes de texte, de figures et tableaux) et de ne considérer que son  propre texte et illustration.

Notez que la préparation d’un document visuel (PowerPoint par exemple) nécessite un entrainement préalable pour le choix des caractères à utiliser pour le texte, leurs tailles, les couleurs à considérer, la quantité de texte à inclure dans une diapositive, (voir par exemple : https://www.youtube.com/watch?v=1fs_jqXGs8s). Il est primordial de savoir préparer le document visuel et surtout de savoir comment le présenter à une audience donnée sans perdre son attention par des diapositives illisibles ou par une présentation monotone7. Quelques recommandations à respecter : (i) éviter les diapositives surchargées en texte, ou figures invisibles, (ii) éviter les animations inutiles ou fantaisistes, (iii) ne pas prendre les figures de vulgarisation des sites web (iv) l’ordre et le défilement des idées et des diapositives doivent être raisonnables et attractifs, et  (v) limiter le nombre et le temps des diapositives. 

La maitrise de la communication visuelle et le talent pour exposer des informations sont des compétences importantes. Cependant, rares sont les scientifiques qui ont reçu formellement un entrainement pour les maitriser, d’où l’importance de la présentation et de l’analyse critique d’articles lors de l’organisation des réunions de laboratoire et leur bon déroulement.

III. Organisation et supervision des réunions de laboratoire

Les préparations des projets et des présentations orales déclenchent souvent des discussions qui doivent être initiées et coordonnées de préférence par des collègues expérimenté(e)s.

III.1 Développer l’échange scientifique et les compétences d’argumentation

L’argumentation et les discussions scientifiques sont des processus clés dans l’apprentissage et l’évaluation des nouvelles idées et des nouveaux concepts. Les exposés relatifs à un travail personnel ou suite à la lecture d’un article sont l’occasion d’un questionnement, d’un dialogue et de commentaires enrichissants. Il faut encourager et inciter les participants à s’engager pour commenter et poser des questions lors des exposés en réunion de laboratoire ainsi que lors des cours et des travaux pratiques en général. Il faut insister sur l’importance de la prise de parole, de l’écoute des autres et de l’implication dans l’argumentation comme moyen d’apprendre et de développer des compétences analytiques.

Bien qu’une ambiance conviviale prévale lors des réunions de laboratoire, les participants doivent aussi donner des preuves et des raisons de manière organisée, de façon à permettre à chacun d’exprimer son opinion et d’écouter les autres. De même, pour éviter les polémiques stériles,  les critiques et arguments doivent être basés sur des publications scientifiques et des résultats expérimentaux et non sur des croyances.

Toutes ces pratiques ont un impact positif sur l’amélioration de l’écriture et la présentation des synthèses et surtout sur l’assurance et la confiance en soi ainsi que sur le développement des compétences et de l’efficience de l’équipe. 

III.2 Fréquence de l‘organisation des réunions de laboratoire

L’organisation doit être régulière un jour fixé de la semaine, afin de garder l’intérêt et l’attention des participants. Il est hautement recommandé de consacrer au moins une demi-journée par semaine à la réunion de laboratoire, afin de suivre la progression des travaux des membres du groupe et surtout d’assurer le suivi de la littérature selon les TOCs qu’on reçoit chaque semaine. Il est utile de souligner l’importance des réunions régulières de laboratoire pour exposer l’état d’avancement de ses propres travaux et pour échanger rigoureusement avec les autres. C’est aussi une occasion d’apprendre des nouveautés scientifiques à partir des exposés des collègues. La réunion doit être un rendez-vous attractif pour apprendre, s’entrainer et aussi pour communiquer aux autres des informations importantes. Ces activités permettent aux chercheurs d’éviter l’isolement et d’être membre d’une équipe solidaire.

III.3 Animation des activités des réunions de laboratoire

En principe les activités des réunions de laboratoire sont organisées sans contraintes majeures sur le contenu, le timing et les discussions abordées. Mais pour une bonne efficacité, il est nécessaire de diriger ces activités par un(e) Chercheur(e) / Enseignant(e) expérimenté(e). Diriger est décisif dès qu’il y a interventions multiples des participants, pour garder  le caractère amical, courtois, ouvert et flexible de la réunion.

L’animateur de la réunion assure l’aide nécessaire aux participants pour lire et synthétiser efficacement les articles, pour préparer et délivrer les présentations orales et surtout pour encourager les discussions et le partage des idées en s’assurant que chacun participe effectivement aux activités de la réunion, en encourageant si nécessaire, certains à poser des questions ou à faire des commentaires et en limitant les interventions excessives.

L’animateur de la réunion doit guider les participants dans la lecture critique des publications récentes en les éclairant par exemple sur l’évolution graduelle des connaissances et des technologies qui ont amené au contenu de l’article récent. Il doit faire attention au raisonnement logique et rigoureux des participants. Il peut, si nécessaire, proposer la lecture de références complémentaires y compris des articles fondamentaux ou des guides qui permettent de donner le contexte et facilitent la lecture des articles actuels.

L’animateur veillera à ce que les participants se concentrent sur les domaines de leurs études (ici Bioinformatique et Génomique) et évitent les improvisations et les tentatives de dispersion. Il a une responsabilité majeure pour éduquer les participants à respecter les règles d’éthique et l’intégrité scientifique, comme par exemple veillé à la rigueur scientifique et à exclure tout plagiat8, 9.

Il contribuera à la formation des participants pour communiquer des documents écrits et oraux bien structurés et les aider à développer des compétences d’argumentation concernant les concepts et les thèmes développés tout le long des réunions.

De ce point de vue, il est important que les Chercheurs et Enseignants seniors soient à jour dans les connaissances de leurs domaines de recherche, afin d’orienter et de diriger correctement les travaux des jeunes de leurs laboratoires et pour les garder au niveau des connaissances actualisées.

Notez aussi qu’il est souhaitable d’établir une animation tournante des membres du groupe afin d’assurer un enthousiasme et une motivation continue pendant les réunions.

III.4 Organisation des ateliers d’apprentissage à l’écriture scientifique

Ecrire une publication scientifique exige des résultats structurés et un effort de réflexion et de rédaction. Une formation et un entrainement spécifiques sont nécessaires avant de produire un manuscrit. Plusieurs sites Web offrent des guides à l’apprentissage et des tutoriaux sur l’écriture scientifique (voir par exemple : https://www.springernature.com/gp/authors/campaigns/writing-a-manuscript). Ceci suppose de maitriser auparavant la langue anglaise. C’est donc une tâche de longue haleine qui nécessite de la patience et de la persévérance. En principe un séjour prolongé dans une équipe scientifique de haut niveau, lors d’une préparation de thèse ou d’un Post Doctorat, permet une formation adéquate à l’écriture scientifique. C’est le cursus suivi par la majorité des chercheurs seniors actuels. De nos jours l’accès à ces grands laboratoires passe par un processus de sélection qui implique entre autre une présentation orale de son projet et souvent une liste de travaux déjà publiés.

Ainsi pour accélérer cette formation, il est d’une grande utilité d’organiser des ateliers d’apprentissage à l’écriture scientifique au sein des Universités et des Institutions de recherche. On peut faire appel à des enseignants spécialisés dans ces domaines ou aux chercheurs expérimentés qui ont acquis une expérience prouvée à l’écriture surtout parmi ceux qui ont fréquenté les laboratoires internationaux. Dans la compétition actuelle, les universités avancées organisent leurs structures d’édition, formation, préparation, publications scientifiques, protection de la propriété intellectuelle et de diffusion de l’information scientifique. 

III.5 Cas des réunions de laboratoire pendant les cours

L’inclusion des activités type réunion de laboratoire dans le programme d’un cours, requiert le développement des activités déjà présentées ci-dessus, avec en plus la préparation préalable, par l’animateur, de documents scientifiques (type articles publiés, conférences, cours en vidéo) qui intègrent le programme du cours1. Ces documents, utilisés pendant les réunions de Laboratoire, peuvent servir comme point de départ des projets de recherche bibliographique: chaque participant choisit son thème de recherche et produit une revue de ces travaux synthétisant les contenus de publications relatives à ce thème. Les revues finales pourront faire l’objet d’une présentation formelle orale et d’un document écrit à la fin du cours10 et même pour les plus brillants d’une publication dans un journal scientifique.

Comme le nombre de participants à un cours national ou international, est plus élevé que pour un groupe de recherche et afin de permettre à chacun de s’exprimer dans de bonnes conditions, il serait recommandable de réserver dans le programme du cours, une journée entière par semaine aux activités des réunions de laboratoire.

IV. Conclusion

Notre expérience acquise, lors de nos propres réunions de laboratoires et  lors de celles que nous avons incluses dans les programmes des cours de Bioinformatique et Génomique  organisés à l’Institut Pasteur de Tunis, Université de Tunis El Manar1,10, a montré un apport important  dans l’éducation des jeunes doctorants et post-doctorants  pour acquérir des compétences de lecture, d’écriture, de présentation publique de leurs travaux, de l’assurance et de la confiance en soi. Le suivi de l’actualité scientifique et l’analyse critique des articles publiés sont des facteurs utiles pour le développement des compétences des jeunes chercheurs. De même, par le travail en équipe, ils acquièrent une expérience significative de dialogue, de discussion et d’échanges d’argumentation. Les réunions de laboratoire, par les présentations des différentes lectures de l’actualité scientifique via les TOCs, contribuent à un enrichissement collectif des participants.

Ces activités studieuses et informelles se passent dans une ambiance passionnante mais rigoureuse et engendrent forcément une surcharge de travail pour les participants, ceux-ci sont récompensés par l’impact positif qu’elles induisent sur leurs profils personnels et sur les autres activités du Laboratoire ou du cours. Elles conduisent à une attitude d’équipe interactive et solidaire envers une recherche scientifique à la fois spécifique, thématique et de groupe.

Finalement, nous encourageons tous nos collègues de l’Université et des Instituts de Recherche à promouvoir la culture de l’excellence des Réunions de Laboratoire. C’est une activité utile pour la Science, la formation des jeunes Chercheurs et Enseignants et pour l’acquisition des compétences et la motivation à la lecture, l’écriture et la communication. Elle permet aussi d’engager des échanges rigoureux et régulier de l’information et de la culture scientifique permettant une compétition saine entre chercheurs et équipes. La présentation de publications et travaux en réunions régulières permettent aussi aux jeunes chercheurs d’acquérir l’assurance et la confiance en soi.

Ces activités facilitent aussi l’organisation d’ateliers ou workshops de formation, de présentation de travaux et résultats de recherche dans le cadre de journées scientifiques de laboratoire, d’école doctorale et ou de l’institution universitaire.   

Notons, qu’avec l’enseignement à distance et la disponibilité on-line de cours et des présentations faites lors des conférences ou symposiums internationaux, les activités en groupe type réunion de laboratoire peuvent aider à mieux les suivre et à en profiter quand on est entrainé à commenter les exposés et à questionner les présentateurs.

V. Références

1. Boudabous A, Tekaia F. (2020). Enhancing Bioinformatics and Genomics Courses: Building Capacity and Skills via Lab Meeting Activities.
Bioessays. 2020 Oct; 42(10):e2000134. doi: 10.1002/bies.202000134.

2. Guerfali FZ, Laouini D, Boudabous A, Tekaia F.  (2019). Designing and running an advanced Bioinformatics and Genome analyses course in Tunisia.
PLoSComput Biol. 2019 Jan 28;15(1):e1006373. doi: 10.1371/journal.pcbi.1006373.

3. Méndez M. (2018). Ten simple rules for developing good reading habits during graduate school and beyond.
PLoS Comput Biol. 14(10): e1006467.doi: 10.1371/journal.pcbi.1006467.

4. Pautasso M. (2013). Ten simple rules for writing a literature review.
PLoS Comput Biol. 9(7):e1003149. doi: 10.1371/journal.pcbi.1003149.

5. Zhang W. (2014). Ten simple rules for writing research papers.
PLoSComput Biol. 10(1):e1003453. doi: 10.1371/journal.pcbi.1003453.

6. Mensh B, Kording K. (2017). Ten simple rules for structuring papers
PLoS Comput Biol. 13(9):e1005619. doi: 10.1371/journal.pcbi.1005619.

7. Lortie CJ. (2017). Ten simple rules for short and swift presentations.
PLoSComput Biol. 13(3):e1005373. doi: 10.1371/journal.pcbi.1005373

8. Brainard J. (2018). Rethinking retractions.
Science. 362(6413):390-393. doi: 10.1126/science.362.6413.390.

9. Retraction watch database:
http://retractiondatabase.org/RetractionSearch.aspx?

10. Programmes détaillés des cours incluants les activités des réunions de laboratoire : https://webext.pasteur.fr/tekaia/BCGAIPT2017/BCGAIPT2017_Prog.html

Auteurs

Fredj Tekaia
Chercheur invité
Institut Pasteur Paris
25, rue du Dr. Roux
75724 Paris cedex 15    France

https://webext.pasteur.fr/tekaia/BGA_courses.html

Abdellatif Boudabous
Professeur Emérite
Université Tunis El Manar, Faculté des Sciences de Tunis,
Laboratoire Microorganisme et Biomolécules Actives,
Campus Universitaire Farhat Hached, 2092 Tunis, Tunisie
E-mail : Abdellatif.chihi@mes.rnu.tn

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