News - 20.05.2020

Les restaurateurs dans l’incertitude de la date de réouverture et l’angoisse de la faillite

Restaurant

Le gouvernement s’apprête à annoncer avant la fin de la semaine le nouveau calendrier du déconfinement progressif des activités essentielles encore mises sous cloche ainsi que des lieux de culte, et espaces sportifs et culturels. C’est ce qu’apprend Leaders de bonne source à la Kasbah où la commission interdépartementale présidée par la ministre Lobna Jeribi multiplie les réunions et les consultations avec le comité scientifique. La révélation des dates de reprise d’activité est très attendue par de larges franges la population tunisienne et des différentes corporations concernées. En première ligne se trouvent les 600.000 salariés directs employés dans le secteur ''cafés et restaurants'' de différentes catégories. Mardi, des mouvements de protestation s’étaient formés devant le siège de gouvernorats dans les régions, comme à Nabeul, et dans les enceintes régionales de l’UTICA, menaçant de braver l’interdiction d'exercer dès le deuxième jour de l’aïd. A la Kasbah on se veut rassurant, dans l'entourage de Mme Jeribi, promettant une décision imminente qui viendra mettre fin à cette « compréhensible impatience de ce secteur et de biens d’autres. Éclairages.

Les restaurants seront-ils rouverts le lundi prochain, 24 mai, comme annoncé par leurs corporations professionnelles. A quelques jours seulement de cette date tant attendue, aucune confirmation officielle n’a été donnée aux restaurateurs restés sur le qui-vive. Doivent-ils faire leurs courses et se réapprovisionner en produits frais ? Mais, aussi prévenir leurs salariés dont certains étaient partis en confinement dans leurs familles ? Comment en aviser leur clientèle pour ne pas se trouver à vide ? Tant d’incertitudes qui ne font qu’attiser leur angoisse, comme en témoigne le gérant d'un restaurant touristique à Sousse.

"Déjà, les restaurateurs se sont pliés aux exigences sanitaires énoncés, confie-t-il à Leaders : désinfecter régulièrement, réduire de 50% leur capacité d’accueil, espacer les tables, installer des diffuseurs de gel hydro-alcoolique, et autres mesures. Non sans frais.

Déjà aussi, ils ont dû non seulement perdre leur chiffre d’affaires, mais aussi payer leurs salariés durant les trois mois de mars, avril et mai courant. A la veille de l’Aïd, il se devaient de ne pas priver leurs employés de leur rémunération. Complétée par le pourboire, ces rémunérations se trouvent atrophiées.

Déjà surtout, les restaurateurs ont continué à payer les charges fixes (loyer, eau, électricité, assurances, entretien, nettoyage, gardiennage…) et à financer les stocks dormants."

Ceux qui nourrissent les Tunisiens risquent-ils de mourir de faim

Ce qui augmente le désarroi des professionnels de la restauration, c’est que la reprise s’annonce largement compromise. Le télétravail, la séance unique, la fermeture des frontières, la sitaution en Libye, l'épidémie en Algérie et la chute du tourisme n’augurent de rien de bon. L’espoir s’évapore chaque jour davantage. "Ni la fédération tunisienne des restaurants touristiques, ni la chambre syndicale des restaurants, ni les autorités régionales ne parviennent à plaider cette cause dramatique auprès des décisionnaires centraux", déplore vivement à ses dépens un restaurateur du Cap-Bon. "Qu'on commence au moins par l'ouverture, dès ce lundi 24 mai des restaurants touristiques (2 fourchettes ONTT)" clame-t-il de toute sa voix angoissée. Nous sommes bien préparés, engagés à respecter toutes les consignes et servir de référence à nos confrères des autres catégories et formats" poursuit-il.

Aux restaurateurs s’ajoutent dans cette revendication légitime, les clients tunisiens et étrangers, eux aussi pénalisés. Le rituel du déjeuner d’affaires est sacrifié. Et le dîner en famille ou avec des amis devient un lointain souvenir. Alors que ceux qui sont tenus de continuer à aller travailler au bureau, resteront le ventre creux.

« La menace de faillite est sérieuse, met en garde un restaurateur les yeux cerenés, le coeur serré et le vengtre noué. Les derniers mois étaient très mauvais, et on arrivait à peine à survivre. Aucun d’entre-nous ne pourra tenir plus longtemps. On s’achemine vers des fermetures en série, avec leurs trains de licenciements et d’impayés. Comble du malheur, ceux qui nourrissent les Tunisiens risquent de mourir de faim. »